Evictors, The
Genre: Horreur , Thriller
Année: 1979
Pays d'origine: États-Unis
Réalisateur: Charles B. Pierce
Casting:
Michael Parks, Jessica Harper, Vic Morrow, Sue Ane Langdon, Dennis Fimple, Bill Thurman, Jimmy Clem...
 

Été 1928, au Nord de la Louisiane, les habitants d'une maison s'apprêtent à se faire exproprier par les forces de l'ordre. Ceux-ci résistent, une fusillade éclate, impossible pour les hôtes d'en réchapper.

Été 1949, la maison a été revendue et un jeune couple qui vient de l'acquérir y emménage. La femme apprend par l'homme à tout faire qu'ils ont embauché qu'un meurtre, maquillé en accident, a déjà eu lieu ici-même en 1934. Plus tard, par la voisine, elle apprend qu'un autre meurtre a été perpétré sur un jeune couple ayant emménagé dans ces mêmes lieux en 1939. Inutile de dire que l'agent immobilier va en prendre pour son grade. Plus grave cependant, la femme se sent de plus en plus épiée et peu à peu le couple se retrouve lui aussi en danger.

 

 

The Evictors a, sur le papier, tout du projet voué à la réussite. Charles B. Pierce n'est pas un réalisateur manchot et a mis en scène au préalable quelques séries B souvent bien troussées. "The Legend of Boggy Creek" (1972) qui partait sur les traces d'un bigfoot sévissant dans l'Arkansas depuis les années 40, façon reportage et documenteur, demeurait autant singulier que mystérieux. "Bootleggers" (1974) reprenait dès lors la recette du faux reportage et chroniquait d'une manière plus légère dix ans de la vie d'un groupe de bootleggers. Un parti-pris qu'il ne quittera dès lors plus, tournant successivement sur le même mode deux westerns aventuriers, "Le faucon blanc" et "The Winds of Autumn", avant de donner à sa manière une petite lettre de noblesse au slasher avec The Town That Dreaded Sundown en 1976, dans lequel un tueur cagoulé sème la terreur en 1946 dans une paisible communauté du Texas. Pour The Evictors, il est aidé au scénario par un certain Garry Rusoff (qui aurait contribué à l'écriture de "L'humanoïde" d'Aldo Lado) et de Paul Fisk ("The Day It Came to Earth" en 1977).

 

 

Au casting on ne trouve que des noms qui augurent eux aussi le meilleur : Jessica Harper vient d'enchainer deux classiques immédiats, "Phantom of the Paradise" et "Suspiria" avant de retrouver Woody Allen pour lequel elle a déjà tourné ("Guerre et amour") pour "Stardust Memories". À ses côtés, Michael Parks ("Graine sauvage", "The Savage Bees", "La loi de la haine"...), lequel n'a déjà plus rien à prouver, ce bien avant d'échouer dans des films débités en volumes. Quant à Vic Morrow, on ne le présente alors plus ; impeccable second rôle depuis le milieu des années 50, on citera pour nous louer un peu, quelques titres chroniqués ici : Larry le dingue, Mary la garce, La corruption, l'ordre et la violence, La Baby Sitter, Les évadés de l'espace, Les monstres de la mer, La Mort au Large... titres auxquels on peut rajouter l'un de ses passages derrière la caméra avec Un nommé Sledge. Si l'on additionne leur talent à ceux, plus en retrait, de Sue Ane Langdon (Terreur extra-terrestre), de Dennis Fimple ("King Kong De John Guillermin, La Maison des 1000 morts...) et de Bill Thurman (Encounter with the Unknown, Gator Bait, "Sugarland Express", Motel des Sacrifices...), deux acteurs hillbillies qui se donnaient déjà la réplique dans "Creature from Black Lake" de Joy N. Houck Jr., on se dit que jusqu'ici, tout va bien...

 

 

Et puis d'ailleurs, jusqu'ici, tout va bien. La reconstitution d'époque est peaufinée sans pour autant paraître toc, la photographie du méconnu Chuck Bryant capte parfaitement les couleurs automnales et les flashbacks en sépia sont graphiquement inspirés (un procédé repris deux ans après pour le louisianais L'Au-delà). Quant aux scènes de frayeur, elles sont bien troussées. Sauf que l'espèce de redneck croque-mitaine distillant un temps une part de fantastique à The Evictors est, au fil des événements révélés par l'entourage du couple, maladroitement dévoilé pour ne plus ressembler qu'à ce qu'il est : un simple être humain. Du reste, sa façon de déambuler, mi-terrorisante, mi-maladroite, celui-ci claudiquant parfois tel un zombie ou plus encore, comme un bigfoot, fait que l'efficacité de la peur suscitée en début de bobine s'étiole peu à peu pour laisser place à la perplexité. Tant que le couple qui vient de s'installer se sent épié et, graduellement, tombe dans la paranoïa, le film fonctionne. Mais à trop en montrer sans trop en montrer (je me comprends), en gros à trop jouer au chat et à la souris avec le spectateur, le frisson, lui, se dissout peu à peu. Heureusement que la partition de Jaime Mendoza-Nava (The Witchmaker, The Cut-Throats, Bébé vampire, The Brotherhood of Satan, "Creature from Black Lake", Mausoleum...) est là pour doper la tension.

 

 

Le thème de l'expropriation injuste et celui de la dissuasion par d'anciens occupants de laisser les nouveaux habitants vivre en des lieux jadis spoliés aurait pu accoucher du meilleur. Or, The Evictors finit par décevoir. Certes, on ne peut lui faire le reproche de ne pas exploiter au maximum le décor de la Louisiane - du reste nous sommes prévenus au début que cette histoire, inspirée de faits réels, s'est vue changée de lieu tout comme les noms des protagonistes ont été substitués par d'autres - mais si Charles B.Pierce sait torcher ses scènes, la façon dont est segmenté le récit vend la mèche et en ôte une part de suspens. Ce qui fait en majeure partie la particularité de son cinéma devient ici un parti-pris tournant au procédé contestable. Surtout pour, à la fin, et via un ultime rebondissement basé sur une paire de lunettes, se dire "Tout ça pour ça !". Dommage...

 

 

Mallox

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