Hexer, The
Titre original: Wiedźmin
Genre: Aventures , Heroic Fantasy , Chambara
Année: 2001
Pays d'origine: Pologne
Réalisateur: Marek Brodzki
Casting:
Michał Żebrowski, Zbigniew Zamachowski, Maciej Kozlowski, Grażyna Wolszczak, Kinga Ilgner, Marta Bitner, Daniel Olbrychski...
Aka: The Witcher
 

Suite à une imprudente promesse faite à un "sorceleur" par son père, le jeune Geralt est enlevé enfant à sa famille pour suivre une formation de sorceleur (tueur de monstres et d'aberrations). Celle-ci comprenant une exposition à divers mutagènes, Geralt en ressort albinos et stérile mais nanti de pouvoisr surnaturels, dont une habileté diabolique au maniement des armes. Lors de cette même formation il dénonce un condisciple plus âgé qui s'adonne au brigandage durant son temps libre ; celui-ci, chassé de l'académie, promet de se venger de Geralt. Le temps passe. Geralt, devenu adulte, est désormais un sorceleur réputé et sauve la princesse héritière de Cintra attaquée par... disons un monstre lors d'une partie de chasse. Il est alors engagé par la mère de cette dernière, la reine douairière de Cintra, pour enquêter sur un mystérieux vassal qui prétend avoir reçu du défunt roi la main de l'héritière du trône...

 

 

The Hexer (Wiedźmin) est l'adaptation pour le grand écran d'une série télévisée polonaise éponyme qui est elle même l'adaptation d'une série romanesque d'Heroïc Fantasy polonaise connue dans nos contrées (soit les territoires partiellement francophones que sont la Suisse, les royaumes de Belgique et de Macronie, et diverses républiques bananières outre la Macronie) comme la saga du Sorceleur (terme que l'on pourrait considérer comme la traduction littérale de Wiedźmin si les deux mots n'étaient pas des néologismes), soit une série de nouvelles et de romans contant les aventures du "Sorceleur" Geralt de Riv. Avant d'aller plus loin, une petite définition de sorceleur s'impose. Bon, comme ce n'est pas très clair ni dans mon esprit ni dans la série (qui n'en est pas vraiment une, mais plutôt une compilation de nouvelles et de romans) je laisse la parole, enfin la plume, à l'auteur Andrzej Sapkowski (superbe prénom) : Un quidam interroge Geralt sur sa profession :
"On m'a raconté des histoires de sorceleurs. Le souvenir que j'en ai, c'est que les sorceleurs enlèvent des enfants tout petits, qu'ils nourrissent ensuite d'herbes magiques. Ceux qui survivent deviennent à leur tour sorceleurs, des sorciers aux pouvoirs extraordinaires. On les forme à tuer, on en extirpe tout sentiment humain. On en fait des monstres destinés à tuer d'autres monstres. J'ai entendu dire qu'il était grand temps de commencer à faire la chasse aux sorceleurs parce qu'il y a de moins en moins de monstres, et qu'eux sont de plus en plus nombreux. [ ] Qu'est-ce qu'il y a de vrai dans tout ce qu'on raconte sur vous ?
— Pour ainsi dire rien."

 

 

Bref, la série, datant des années 90, connaîtra rapidement un énorme succès en Pologne puis dans toute l'Europe centrale et orientale, mais restera quasi inconnue dans le reste du monde jusqu'à (signe des temps) la sortie en 2006 par un studio polonais d'un jeu vidéo se déroulant dans l'univers de la saga. Ce jeu vidéo ("The Witcher") connaîtra comme toutes ses suites (la dernière en 2016) un succès planétaire, entrainant par contrecoup (même si c'est à un degré moindre) celle des romans.
Dans le genre très convenu et encombré de l'heroic fantaisie littéraire, la saga du Sorceleur pourrait paraître a priori peu originale en mettant en scène un personnage tout droit sorti de l'œuvre de Robert Howard (un Conan le Barbare, mais doté d'une libido et albinos) dans un univers à la Tolkien (avec Elfe androgyne et Nabot barbu). Mais en fait on a un héros "tragique" de western, ou plutôt un ronin (avec code d'honneur et éthique professionnelle) de chambara qui s'attire invariablement les ennuis "comme un aimant la limaille" malgré son désir de s'en tenir éloigné ; ceci dans un "environnement" parodiant parfois, mais toujours avec un humour distancié, les contes de fées classiques (la nouvelle sur une blanche neige "trash" et sans nains est une merveille du genre).

 

 

Après ce très long préambule, passons au film lui-même. Sorti quelques semaines avant le premier volet du Seigneur des anneaux de Peter Jackson, Wiedźmin n'est en fait que la version condensée en deux heures d'une série télévisée de treize fois cinquante minutes qui sera diffusée quelques mois plus tard, et il faut bien le dire, cela se ressent. Avec son récit elliptique, ses décors spartiates, sa figuration éparse, ses effets spéciaux désastreux et hors d'âge, The Hexer sera renié non seulement par Andrzej Sapkowski qui ne fit qu'en céder les droits, mais aussi par son scénariste adaptateur qui obtint d'ailleurs que son nom soit retiré du générique (chose qui, dans toute l'histoire du cinéma polonais, n'est arrivée que deux fois). Étrillé par la critique locale et détesté par les fans de l'oeuvre littéraire, le film est incontestablement un ratage mais tout n'est pas à jeter, si on évite de le comparer aux nouvelles de Sapkowski (dont il est très maladroitement tiré) pour le scénario, et aux films contemporains de Peter Jackson pour l'esthétique. Si, par contre, on le compare aux zèderies d'Heroic Fantasy des années 80 au budget comparable, le résultat est "convenable".

 

 

Dans le rôle-titre Michał Żebrowski (le jeune premier athlétique du cinéma épique polonais des années 1990/2000, With Fire and Sword entre autres) fait un Sorceleur plutôt crédible (exception faite de sa perpétuelle barbe naissante dont la noirceur sied mal à un albinos), ayant la stature et l'autorité naturelle et l'habileté au katana (oui au katana, j'y reviendrai) nécessaire . Le reste de la distribution frôle souvent l'erreur de casting, non pas qu'il s'agisse de mauvais acteurs (du solide second rôle chez Kieślowski, Zanussi ou sur les planches) mais souvent à contre emploi ou un peu trop âgés pour le rôle. Ainsi Yenefer, l'alter ego féminin de Geralt et son exact contraire, magicienne maintenant artificiellement l'apparence d'une éternelle jeunesse, est jouée par une actrice quadragénaire au moment du tournage (Grażyna Wolszczak certes très bien conservée au niveau "poitrinaire").

 

 

Bon, je passerai rapidement sur les effets spéciaux, enfin plutôt les trucages, assez catastrophiques. On verra d'ailleurs très peu de monstres (heureusement), et lors de ses combats contre eux, le sorceleur ("tératochtone" par vocation) est le plus souvent montré agitant son épée dans les airs face à un ennemi hors champ. Résultat de la confrontation, le cadavre de la "chose" (en caoutchouc véritable) est ensuite subrepticement montré en arrière-plan. Les combats entre humains sont eux, par contre, abondamment détaillés, et se font au katana dans une chorégraphie extrême-orientale qui ne déparerait pas dans un chambara classique. Bon, fait par des acteurs en tenue centre-européenne du 15e siècle, ça fait un peu tiquer, mais comme à la base l'Heroïc Fantasy c'est du grand n'importe quoi et que c'est l'une des rares choses esthétiquement réussies dans ce métrage, on ne s'en plaindra pas. La série télé est paraît-il meilleure, ou au moins plus cohérente que le film, mais comme sur deux heures le temps m'a semblé long je ne retenterai pas l'expérience sur onze.

 

 

Sigtuna

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