Station 3 : Ultra Secret
Titre original: The Satan Bug
Genre: Science fiction , Espionnage , Policier
Année: 1965
Pays d'origine: États-Unis
Réalisateur: John Sturges
Casting:
George Maharis, Richard Basehart, Anne Francis, Dana Andrews, John Larkin, Richard Bull, Frank Sutton, Ed Asner, Simon Oakland, John Anderson...
Aka: Stazione 3 : top secret / Estación 3 ultrasecreto / Geheimagent Barrett greift ein / Virusul satanic / O Veneno do Diabo
 

Deux individus se sont introduits dans une installation top secret appelée Station 3. Ils ont dérobé un virus nouvellement découvert, connu sous le nom de "Satan Bug", et plusieurs flacons d'organisme botulique. Lee Barrett, enquêteur spécial du gouvernement, est envoyé sur place pour travailler avec le personnel de sécurité afin de déterminer qui a volé les substances mortelles, et pourquoi. Le Dr Hoffman, co-auteur de la formule virale, lui apprend que "Satan Bug" est si virulent que s'il était libéré dans l'atmosphère, il déclencherait une réaction en chaîne qui finirait par détruire toute vie sur Terre. Lee découvre bientôt l'identité des deux voleurs, Veretti et Donald, qui travaillent pour un certain Ainsley, un millionnaire dépravé qui prévoit d'utiliser le virus pour acquérir le pouvoir.

 

 

Une base secrète, un dangereux virus qui peut exterminer le monde et un compte à rebours mortel qui est lancé... à la lecture de ces quelques lignes la plupart reconnaîtront le canevas de plusieurs films, serials ou séries d'espionnage et d'aventure, mais aussi de pas mal de films récents comme "Resident Evil", "Doom", "Helix", 28 Jours plus tard. Peu de gens se rappellent que le sujet fut déjà abordé il y a près de cinquante ans.
En effet, on oublie souvent un film que l'on pourrait considérer comme la référence du genre : Satan's Bug / Station 3 : Ultra Secret, réalisé par John Sturges en 1965. Le cinéaste est surtout connu pour ses westerns, dont certains sont devenus des classiques ("Les sept mercenaires", "Règlements de comptes à OK Corral", "Le dernier train de Gun Hill", "Sept secondes en enfer", "Joe Kidd", Chino...). C'est un peu réducteur car le réalisateur s'est illustré dans de nombreux genres comme l'aventure ("Destination Zebra: station polaire"), la guerre ("La Proie des vautours", "La Grande évasion", "L'Aigle s'est envolé"), le polar ("Un Silencieux au bout du canon") ou la science-fiction ("Les Naufragés de l'espace"). D'ailleurs, son chef-d’œuvre n'est pas un vrai western mais "Un homme est passé", réalisé en 1954, avec Spencer Tracy, qui utilise toutes les archétypes du genre : une ville sous la coupe d'un homme, un mystérieux inconnu qui débarque, un secret jalousement gardé par la populace locale et un règlement de comptes. Sauf que tout ceci se passe en 1945 ; les jeeps remplacent les chevaux et quelques prises de judo bien senties se substituent au pistolet !

 

 

"Sur la piste de la grande caravane / The Hallelujah Trail", le film précédent de Sturges, fut un échec commercial. Aussi le metteur en scène chercha un sujet porteur pour se renflouer. C'est ainsi qu'il découvrit "The Satan Bug", le livre d' Alister Mc Clean ("Les Canons de Navarone"), écrit sous le pseudo de Ian Stuart. Le réalisateur pensait que le thème serait dans l'air du temps. On sait que, dès 1928, l'Union soviétique s'est lancée dans la recherche d'armes chimiques et biologiques. Les États-Unis, l'Irak, l'Afrique du Sud et d'autres pays ont aussi effectué, durant la guerre froide, de telles recherches. Un sujet qui était d'une brûlante actualité aux U.S.A. car, de 1961 à 1975, près de 80 millions de litres d’Agent Orange sont déversés dans le centre du Vietnam. Sturges décide d'abandonner le côté science-fiction pour le thriller. Mais ce parti pris ne l'empêche pas de décrire le centre de recherches sur la guerre bactériologique avec crédibilité (avec chambres isolées, double barrière de sécurité et scaphandres de protection) et de manière quasi documentaire. Cet aspect austère, associé à une absence de "stars" facilement identifiables, ont sûrement joué en défaveur du film. Il est clair que la présence d'un Kirk Douglas ou d'un Burt Lancaster auraient sûrement joué en faveur du film, mais respect pour le réalisateur qui leur a préféré des acteurs de télévision, même si la plupart avaient déjà tourné pour le cinéma.

 

 

George Maharis, acteur d'origine grecque, était à l'époque célèbre pour son rôle dans la série télévision "Route 66" durant les années 70 et 80. Maharis apparut dans de nombreuses séries comme "Mission : Impossible", "Fantasy Island", "Kojak", "McMillan & Wife", "Barnaby Jones", "Police Story", "Switch", "Cannon", "Night Gallery" et "The Bionic Woman". Il fit aussi quelques détours par les salles obscures, notamment dans "Exodus", "L’Épée sauvage", "Doppelganger"...
Pour beaucoup, Richard Basehart restera l'amiral Harriman Nelson dans la mythique série télé "Voyage au fond des mers" (1964-68). Arrivé au cinéma par Broadway en 1947, il se fait remarquer dans le film "He Walked by Night" (1948). Il est également apparu dans "Moby Dick" et "Decision Before Dawn". Il prouve sa polyvalence dans plusieurs productions internationales, notamment dans le chef-d'œuvre de Federico Fellini : "La Strada" (1954).
Anne Francis a traumatisé plusieurs générations d'adolescents avec ses tenues sexy dans "Planète interdite". On a pu la voir également dans "Un Homme est passé", "Funny Girl", "Pancho Villa", "Les Monstres du labyrinthe", "La Vérité cachée". Elle fut aussi l'interprète du personnage de Honey West dans la série télé éponyme (30 épisodes entre 1965 et 1966).
Dana Andrews... ce nom ne dit peut-être pas grand-chose, et pourtant, engagé dès 1938 par la MGM, il tournera avec John Ford, Howard Hawks et Jean Renoir. En 1952, son contrat prend fin à la MGM ; il se tourne alors vers le théâtre et choisit ses films un peu au hasard des propositions. En 1956, on le retrouve dans les deux derniers films tournés par Fritz Lang aux États-Unis : "La Cinquième victime" et "L'Invraisemblable vérité". L'année suivante, il tourne dans Rendez-vous avec la peur (Night of the Demon) de Jacques Tourneur. De 1957 à 1965, il apparaît dans un nombre important de dramatiques télévisées, et à partir de 1965 il se manifeste dans quelques bandes allemandes ou italiennes. On a pu l'apercevoir dans le film d'Elia Kazan, "Le Dernier Nabab", et le voir percuter un 747 dans "Airport 75".

 

 

Pas de chance, en définitive, pour Sturges qui signe son deuxième échec commercial de suite, le public semblant s'être totalement désintéressé de ce sujet qui semblait sortir d'une mauvaise série B. C'est dommage car le film est un excellent thriller, certes caviardé par l'interprétation de Maharis, mais il reste peut-être le meilleur film (en tout cas techniquement) de son réalisateur. Un paradoxe cruel pour un réalisateur qui fut souvent jugé pour sa mise en scène passive et sa direction d'acteurs permissive. Cette fois, son film est expurgé de grandes stars, et Sturges fait preuve d'un étonnant sens de la mise en scène, entre l'utilisation optimale des décors exigus en cinémascope et quelques extravagance visuelles, parfois ratées mais toujours intéressantes (comme la façon de reproduire la trajectoire d'une fiole lancée dans une cabane !). C'est peut-être là que se trouve l'explication de l'échec du film, qui ressemble fort à une démonstration de mise en scène. Ce n'est pas pour rien que Steve Mc Queen avait choisi Sturges pour réaliser "Le Mans", les films de courses étant ce qu'il y a de plus difficile à tourner ; mais après divergences entre les deux hommes, Sturges avait dû quitter le plateau !
Les années ayant passé, Station 3 : Ultra Secret reste une œuvre maudite (toujours inédite chez nous en DVD et BR) mais néanmoins intéressante et glaçante, qui anticipe la nouvelle vague virale de notre époque.

 

 

The Omega Man

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