Liane fille sauvage
Titre original: Lana Königin der Amazonen
Genre: Aventures , Exotisme
Année: 1964
Pays d'origine: Allemagne (RFA) / Brésil
Réalisateur: Géza von Cziffra
Casting:
Catherine Schell (crédité Catherina von Schell), Anton Diffring, Christian Wolff, Dieter Eppler, Michael Hinz, Yara Lex, Átila Iório...
Aka: Lana, déesse de la jungle / Lana, reine des amazones / Lana, déesse blonde de la jungle
 

Le professeur Van Vries, ethnologue distingué, et son neveu Peter, jeune reporter, remontent le cours de l'Amazone sur une pirogue manœuvrée par des porteurs indigènes. Van Vries espère retrouver des indices sur la légende des guerrières amazones dans cette partie de la jungle brésilienne encore largement inexplorée, alors que Peter cherche le dépaysement pour oublier une rupture amoureuse. Ils croisent une pirogue d'indiens en fuite, puis sauvent un blanc attaqué par des caïmans. Ils sont alors pris à partie par les membres de l'expédition de l'homme qu'ils viennent de sauver, qui, sous la menace de leurs armes, les contraignent à leur céder pirogue et porteurs (les leurs ont pris la fuite dans l'embarcation qu'ils ont précédemment croisée) et à les accompagner. Leurs agresseurs sont eux aussi à la recherche des amazones, dans le but moins noble de s'emparer de leur légendaire trésor, et l'un d'entre eux (celui qu'ils ont sauvé des caïmans) prétend avoir été leur prisonnier. Mais le territoire des amazones, où ils se rendent, se trouve être aussi celui de la très belliqueuse tribu des Chavantes...

 

 

Lana Königin der Amazonen est un petit (et court, moins d'une heure vingt) film d'aventures exotiques qui vaut surtout par ses décors naturels authentiques et sa figuration pulmonée d'accortes indigènes. Concernant les extérieurs, ce métrage a été entièrement tourné au Brésil sur le bassin même de l'Amazone, co-production avec le pays de la samba oblige, ce qui est appréciable comparé à la plupart des autres séries B européennes de l'époque tournées en studio, avec caviardage de stock-shots de documentaires animaliers pour faire bonne mesure.

Concernant la figuration, quelques esprits chagrins pourraient objecter que certaines des accortes indigènes sont plus typées africaines qu'amérindiennes, mais du moment qu'elles se baladent topless et se baignent à oilpé on ne se montrera pas trop exigeant sur leur pédigrée. Paradoxalement, s'il n'y avait pas cette figuration très légèrement vêtue, quoi que pas moins que les véritables tribus amazoniennes (certes moins bien pourvues en jolies filles en général), nous serions devant un film d'aventures familiales à la violence bien inoffensive et dépourvu de toute allusion érotique. Bref, on est loin des films de cannibales crapoteux des années 80.

 

 

Lana, déesse de la jungle n'en sera pas moins interdit aux moins de 18 ans à sa sortie au Brésil et, plus logiquement, aux moins de 12 ans en Allemagne. La love story entre la reine / déesse des amazones et le jeune explorateur tudesque est particulièrement chaste, la blonde Lana étant la seule membre du casting féminin à ne pas dévoiler sa poitrine toujours hypocritement dissimulée sous divers colliers de fleurs (et d'autant plus efficacement cachée qu'il n'y a semble-t-il pas grand-chose à cacher), sauf dans une scène de baignade nue (de dos et à suffisamment longue distance pour ne pas risquer la censure) manifestement tournée par une doublure. La caractérisation des amazones est l'une des rares originalités et bonnes idées du scénario (signé sous pseudonyme par le réalisateur, Géza von Cziffra, lui-même) : elles sont l’élément féminin dominateur d'une tribu indienne abandonnant les tâches ménagères aux hommes et pratiquant une ségrégation sexuelle, sauf lors des fêtes "orgiaques". Pour le reste, c'est du vu et revu dans toutes les tarzaneries (l'enfant occidental, seul survivant d'un crash aérien et élevé comme un demi-dieu venu du ciel) ou films d'aventures exotiques (les méchants explorateurs avides d'or et les gentils scientifiques).

 

 

Notons que (autre différence avec les "tarzanides" classiques) l'héroïne éponyme est assez effacée et bien peu héroïque ; à aucun moment, contrairement à ce que laissent penser les affiches françaises et allemandes (tirées d'une photo d'exploitation), elle ne tire à l'arc ni ne porte d'ailleurs la moindre arme, laissant toutes les scènes d'action à son alter ego indienne, la mignonne Tahira (incarnée par la quasi-inconnue Yara Lex, selon toute apparence une chanteuse carioca), beaucoup mieux pourvue pour la maternité. Notons encore que cette coproduction germano-brésilienne des années 60 n'est pas un cas unique puisque la "Atlântida Cinematográfica", maison de prod' de Rio, s'était après vingt ans d'activité et une soixantaine de comédies à petit budget entre 1942 et 1962, reconvertie dans ce genre de coproduction entre 1963 et 1965 (dont une coprod' germano-franco-hispano-brésilienne avec Pierre Brice en vedette, "Les aventuriers de la jungle") avant de fermer provisoirement ses portes. L'acteur brésilien Cyl Farney, parfois crédité comme coréalisateur sur le net (voire comme réalisateur unique sur les encyclopédies brésiliennes), n'a en fait œuvré que comme traducteur et assistant pour la direction des figurants autochtones auprès de Géza von Cziffra.

 

 

Quelques mots sur le casting. J'ai l'air de me moquer dans les paragraphes précédents de Catherine Schell et de son physique androgyne, mais je dois reconnaître que c'est (enfin c'était) une très jolie fille qui débutait alors, à tous juste vingt ans, dans le présent film et dans un Krimi germano-britannique : "Das Verrätertor / The Traitor's Gate". Ce seront d'ailleurs ses deux seuls films allemands car, malgré son patronyme germanique (Catherina von Schell), c'est une citoyenne britannique née à Budapest. La suite de sa carrière sera essentiellement anglaise. Et "au diable les varices" comme dirait Brigitte Macron, en bonus (suivant en cela l'autre phare de la pensée Macronienne, l'immense Stephane Bern) un extrait de la généalogie aristocratique d'icelle (Catherine Schell, pas le sosie d'Iggy Pop), qui descend par son père d'un bâtard de Franz Stephan von Lothringen, époux de l'impératrice Marie-Thérèse et arrière petit-fils de Louis XIII. Dans le casting, je citerai aussi, malgré l'absence de bâtards dans leurs généalogies, Dieter Eppler, pilier du cinéma germanique des années 1950, 60, 70, et Anton Diffring, le véritable héros de ce métrage, qui fut un habitué des rôles de méchant officier nazi dans de nombreuses productions anglophones.
Finissons par le réalisateur Géza von Cziffra, Hongrois naturalisé Autrichien, scénariste dès les années 20 puis réalisateur à partir des années 40. À son crédit (ou à son passif), il est considéré comme ayant fait renaitre la comédie allemande après la Seconde Guerre mondiale.

 

 

Sigtuna

 

 

 

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