Gringo joue et gagne
Titre original: Tutto per tutto
Genre: Western spaghetti
Année: 1968
Pays d'origine: Italie / Espagne
Réalisateur: Umberto Lenzi
Casting:
John Ireland, Mark Damon, Mónica Randall, Spartaco Conversi, Armando Calvo, Eduardo Fajardo, Raf Baldassarre, Fernando Sancho, Miguel Del Castillo, José Torres...
Aka: La hora del coraje (Espagne) / Go for Broke (Canada-USA-RFA) / All Out (USA) / Copperface (USA) / Copper Face (RFA) / One for All (Royaume-Uni) / Guns of Courage (Hong-Kong - titre anglais)
 

En se rendant à El Paso, Johnny Sweet, seul sans monture en plein désert, voit un étrange cavalier, par ailleurs surnommé "Le Hibou", croiser son chemin puis s'arrêter pour l'aider. Johnny n'a pas de scrupule et se sauve avec le cheval du "Hibou" qui se dirigeait à l'opposé, venant lui-même d'El Paso...
Plus tard, leurs chemins se croisent à nouveau alors que Johnny a de sérieux problèmes dans un bar, à une table de poker où il est accusé d'avoir triché. "Le Hibou" semble être un vieux briscard aguerri, c'est en tout cas sur ces bases qu'il fait alors de Johnny son protégé et l'accompagne. Lorsqu'ils arrivent au ranch à El Paso, ils se retrouvent à prendre la défense de deux Mexicains, Paco et Gomez, menacés par le shérif local ainsi que par un dénommé Morton. Une querelle puis une fusillade s'ensuivent. Johnny tue Morton et se voit contraint à fuir. Néanmoins, il retrouve Paco et Gomez et décide de partir avec eux, à la recherche d'un Indien que l'on surnomme "Face de cuivre" et qui aurait caché de l'or dans la montagne. Peu après avoir interrogé une femme, Maria, qui connaît l'Indien, ils retrouvent "Le Hibou" dans une taverne que squatte également un groupe de Mexicains dont le chef est Carranza...

 

 

Les westerns à base de recherche de trésor sont tellement légion qu'ils tiennent quasiment du cliché. Pas seulement du western européen mais déjà, au préalable, de la mythologie du western américain. "Le Trésor de la Sierra Madre" et ses losers magnifiques avaient lancé la mode. D'autres, parfois plus modestes, suivirent (La Caverne des hors-la-loi, "Le Trésor de la vallée perdue", ...) jusqu'au fameux "Trésor du pendu" de John Sturges. Dans ce dernier, un ancien hors-la-loi devenu shérif affrontait son ancien complice souhaitant récupérer le butin de l'attaque d'une banque, caché dans une ville fantôme. Pour cela, il kidnappait un homme et sa fiancée afin qu'ils lui montrent où se trouve l'argent. C'est à ce dernier que Tutto per tutto ressemble le plus quand bien même l'un des archétypes du western européen consiste assez régulièrement en une chasse au trésor post-Guerre de Sécession (et ce dès "Le Bon, la Brute, le Truand"), avec parfois des alliances entre les ex-soldats de l'Union et des Confédérés (7 Winchester pour un massacre de Castellari, mais aussi, par exemple Le Moment de tuer, Les 4 de l'Ave Maria, Roy Colt et Winchester Jack, Une raison pour vivre, une raison pour mourir, etc. La liste est longue, très longue, trop longue pour tous les énumérer !).

 

 

Dans Tutto per tutto ("Le Tout pour le tout"), les hommes se battent non seulement pour trouver en premier un trésor mais vu que les femmes y sont elles aussi des denrées rares, on s'y bat aussi pour elles quand ce n'est pas pour y jouer les "Zorro" et empêcher un viol. À ce sujet, il faut bien admettre que Mónica Randall y campe un objet du désir loin d'être obscur...
L'une des choses les plus amusantes de cette petite chose globalement agréable mais qui ne défonce pas pour autant le trou de balle, est le nombre assez étonnant de personnes dont le groupe de base finit par être constitué : pas moins de 8 ! Il est de fait assez facile de supposer, voire d'en déduire avec raison, que le partage ne se fera pas dans une ambiance bienveillante envers son prochain. On trouve même cette phrase, issue d'un classique fondateur que je ne vous ferai pas l'offense de citer : "Tu sais, Paco, les hommes se divisent en deux catégories... ceux qui profitent de l'or et ceux qui le portent !". Parmi les détails destinés à faire sourire le spectateur, encore qu'on a le droit de nourrir des doutes sur le fait que ce soit volontaire, Mark Damon tente de dérober l'argent se trouvant dans le coffre à demi-défoncé d'une banque avant d'y découvrir, en sursautant... une souris ! Fait comme un rat ? Pas encore, mais la suite nous le dira...
D'une manière générale encore, Gringo joue et gagne possède son petit leitmotiv qui fait que les protagonistes s'y disent "Adios !" toutes les 10 minutes pour se retrouver systématiquement une ou deux séquences plus tard ! Ajoutons à son crédit de "western de groupe", les bandoleros, alléchés par l'odeur de l'or et qui viennent s'en mêler à mi-bobine, transformant le film en un sacré foutoir pétaradant, ladite bande étant menée par Fernando Sancho, en parfait bandit mexicain d'opérette ! (comme souvent, diront les langues de gringos).

 

 

Gringo joue et gagne n'a que peu d'atouts dans sa manche au niveau originalité mais il peut a contrario se targuer de reposer sur un scénario ayant déjà fait ses preuves (scénario signé par ce vieux briscard d'Eduardo Manzanos, également producteur du pétard en question et très prolifique dans le genre : Django le proscrit, ¡Mátalo!, "Apocalypse Joe", etc.), d'avancer à bon rythme, soutenu par une musique relativement entêtante et d'être défendu par de très bons acteurs ! Voilà en tout cas un casting qui se montre on ne peut plus efficace et complémentaire ! Son plus grand mérite est de donner au vétéran John Ireland l'un des deux rôles principaux. Quand on sait l'immense carrière comme second couteau de ce dernier, notamment dans ce même genre, avec à son actif, le fait d'avoir joué dans des classiques tels que "La Poursuite infernale" de Ford, "La Rivière rouge" de Hawks, "J'ai tué Jesse James" de Fuller ou "Règlement de comptes à O.K. Corral" de Sturges, il est difficile de ne pas ne pas louer l'hommage qui lui est fait avec ce Tutto per tutto. On le reverra d'ailleurs la même année dans Saludos hombre, "Pour un dollar je tire", "Avec Django ça va saigner" et La Malle de San Antonio (aka "Pistolets pour un massacre") du même Lenzi, avec peu ou prou les mêmes acteurs. Il parviendrait presque à éclipser, niveau charisme, Mark Damon, pas toujours convaincant mais qui a ici comme mérite de faire preuve d'autodérision.

 

 

Avec des valeurs sûres et des visages coutumiers de l'Ouest sauvage ou du Mexique dictatorial et/ou révolutionnaire comme Eduardo Fajardo (ici non pas en général despotique mais en brigand mal rasé), Raf Baldassarre, Armando Calvo, José Torres, Frank Braña, etc., Tutto per tutto est un spectacle assez enlevé bien que croquignolesque par endroits, mais qui reste une assez bonne surprise et, en tout cas, une bobine bien moins ennuyeuse que le déjà cité La Malle de San Antonio, second et dernier western tourné par Umberto Lenzi qui, hélas, surexploitera les clichés spaghetti jusqu'à l'usure...


Mallox




À propos du film (et de cette chronique) :

# À noter que la version italienne voit Marcello Giombini crédité pour sa musique (au lieu de Luis Bacalov) ainsi que Nino Stresa comme coscénariste !
À regarder les deux versions, elles paraissent semblables (musique comprise - D'après Matteo Mancini dans le volume 3 de "spaghetti western", Marcello Giombini serait l'auteur de la musique, qu'il trouve médiocre...), hormis le plan final où dans la version italienne, Mark Damon, après avoir dit "Adios" à son pote John Ireland, part à cheval, au loin. Dans la version espagnole ces 10 secondes sont remplacées par "The End" avec les bruits du galop en off, même si on comprend la même chose...

 






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