Don't open the door
Genre: Psycho-Killer
Année: 1975
Pays d'origine: Etats-Unis
Réalisateur: S.F. Brownrigg
Casting:
Susan Bracken, Larry O'Dwyer, Gene Ross, Hugh Feagin, Jim Harrell, Annabelle Weenick...
 

N'ouvrez pas avant Noël, ne refermez pas ma tombe, ne vous retournez pas, ne répondez pas au téléphone, n'allez pas dans les bois, la maison, les chiottes (ouais bon j'avoue, il existe pas celui-là mais quel concept aguicheur avouez-le) le sous-sol ou près du parc mais par-dessus tout, n'ouvrez pas la porte ! En l'occurrence, celle de la propriété de la famille Post, qu'Amanda (Susan Bracken) va pourtant franchir pour s'occuper de sa mère-grand, clouée au lit, gravement malade.
La vieille momie (Rhea MacAdams, version féminine et plus fripée de Michael Gough) est l'unique résidente de la demeure depuis l'assassinat sauvage de la mère d'Amanda par un maniaque entre ces mêmes murs treize années auparavant et le départ de la petite Amanda qui s'en suivit, bouleversée... faut dire aussi que la moutarde est la première à avoir découvert le cadavre poignardé de sa maman et que, comble du traumatisme juvénile, le meurtrier l'a menacé avec son couteau avant de détaler comme un tueur.
Treize ans donc qu'Amanda n'avait pas remis les pieds dans la maison familiale. A peine débarquée, la jeune femme ne tarde pas à y capter des sons étranges : bruits de pas aux étages supérieurs, plancher qui grince... Si bien qu'elle soupçonne la présence d'une autre personne dans la maison, autre que sa grand-mère. Puis c'est au tour du téléphone de faire des siennes; plusieurs coups de fil retentissent; à l'autre bout du combiné, la voix chuchotante d'un détraqué, ordonnant à Amanda d'exécuter diverses manoeuvres scabreuses, comme se caresser le mille-feuilles ou frotter ses cheveux contre le combiné, ce qui excite passablement pépère.

 

 

En cas de refus de sa part, le pervers dézinguera mamie. Ce qu'Amanda ignore, c'est que les appels proviennent de l'intérieur même de la maison (un élément emprunté au magistral Black Christmas achevé l'année précédente et véritable instigateur de cette trouvaille scénaristique, pompée une nouvelle fois dans le très surestimé "Terreur sur la ligne" de Fred Walton en 79 puis dans Scream, la bouffonnade de Craven). Parmi les coupables potentiels, on pense notamment à l'ex-juge Stemple (le patibulaire Gene Ross), qui cherche à s'approprier la propriété des Post depuis fort longtemps; également à Nick (Hugh Feagin), médecin un peu trop entreprenant auprès d'Amanda; mais aussi à Claude Kearn (Larry O'Dwyer), proprio pas très net d'un musée et autrefois proche de la famille Post.
Mais plutôt que de nous laisser mener l'enquête jusqu'au final, Brownrigg préfère nous balancer en plein milieu du film l'identité du névropathe : en fait Kearn, un vrai taré qui parle à des mannequins, fétichiste des poupées et qui se travestit en femme (notamment le temps d'une séquence "clin d'oeil" à "Psychose" particulièrement réussie où Kearn grimé en vieille femme fracasse à coups de marteau le crâne d'un docteur).

Mauvaise initiative ça, de révéler prématurément qui se planque sous les traits du psychopathe de service : le suspense en pâtit sévèrement, surtout lors des "face-à-face" téléphoniques entre Amanda et Kearn, angoissants au départ car Brownrigg ne nous dévoile que partiellement le visage du coupable, caché dans l'obscurité d'une pièce contiguë de quelques mètres seulement de celle où Amanda se situe et épiant d'un regard démentiel sa proie à travers un trou dans le mur. La peur de l'inconnu fonctionne à merveille mais dès lors où l'identité du malade n'a plus de secret pour le spectateur, la trouille s'évapore, au profit d'un certain ennui il faut bien le dire, en particulier à chaque intervention "téléphonée" de Kearn, répétitives à la longue, prévisibles et finalement interminables.
Par ailleurs, les motivations poussant Kearn à harceler la fille Post demeurent sans réponse concrète. S'agit-il d'un simple amoureux transi extrémiste ? Cherche-t-il à la rendre folle pour hériter de la baraque ? On ne sait pas trop.

 

 

On a déjà connu Sherald Fergus Brownrigg moins approximatif, scénaristiquement parlant. Des quatre thrillers horrifiques que le cinéaste naturalisé texan (mais originaire de l'Arkansas) a signé au cours de la décennie 70 ("Don't Look in the Basement" en 73, "Scum of the Earth" en 74, Don't Open the Door en 75, et "Keep my Grave Open" en 78, alias "Ne refermez pas ma tombe" chez nous), celui-ci peut être considéré comme le plus faiblard. Faiblard certes mais loin d'être médiocre. Comme toujours chez son auteur, la mise en scène est soignée, émaillée de très bonnes idées; voir pour s'en convaincre l'excellent générique de début où des poupées grimaçantes traversent l'écran. On pense immanquablement aux Frissons de l'angoisse, d'autant plus que la musique de Bob Farrar partage quelques lignes de basse et notes au clavecin identiques avec la musique des Goblins.
Il y a aussi ce prologue fort loufoque où le Juge Stemple et sa compagne Annie (Annabelle Weenick) circulent à bord d'un wagon dont on entend le moteur en marche vrombir. Tout laisse à supposer que les deux personnages sont à bord d'un train et pourtant, il suffit qu'Annie pousse une porte vers la sortie pour s'apercevoir que le wagon est immobilisé à terre ; pire, réaménagé en lieu d'habitat par Stemple qui passe la plupart de son temps à écouter des cassettes audio reproduisant des bruits de moteur de locomotive. Un sacré boute-en-train le "brownie".
Mais là où le film puise toute sa force, c'est bien dans l'ambiance inquiétante se dégageant des moindres recoins de cette imposante demeure néo-gothique, un bâtiment situé à Jefferson, au Texas que l'on disait volontiers hantée, si l'on en croit les racontars de tournage et dont le point culminant est cette curieuse mansarde aux vitres multicolores où Amanda se trouve à plusieurs reprises.

 

 

Trop inégal, Don't Open the Door est déconseillé aux personnes non initiées à l'univers de S.F. Brownrigg. Mieux vaut débuter sa communion avec "Don't Look in the Basement", son film le plus abordable (et le meilleur au passage). Les habitués eux, s’ils risquent de ressentir une légère déception par rapport à ses autres métrages, seront toutefois ravis de replonger une nouvelle fois dans son oeuvre si particulière.

 

Throma
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