C'est sous le titre "Samson contre Hercule" que j'avais magnétoscopé la chose. Me voici donc contraint d'entrée de jeu d'admettre que de Samson, je ne verrai point puisque il s'agit du fameux -mais pas bien fameux- Hercule se déchaîne du sympathique Gianfranco Parolini alias Frank Kramer à qui l'on devra les estimables Sabata une dizaine d'années plus tard. La confusion entre les deux films étant compréhensible : même réalisateur, même équipe technique, même casting dans des rôles équivalents, enfin pas tout à fait pour Siergio Ciani / Alan Steel pas encore teint en blond, qui a dans Samson contre Hercule un rôle très important d'alter ego du héros, alors qu'il est simple comparse dans Hercule se déchaîne. Plus une sortie italienne a 6 mois d'intervalle, ce qui fait penser à un tournage commun ou à la chaine des 2 métrages, chose assez courante dans le bis européen. Et enfin pour arranger le tout les deux Péplums sont sortis en vidéo sous le même titre de "Samson" aux États Unis (possible que les deux y aient été mixés pour accoucher d'une version compilée). Difficile alors de s'y retrouver, au gré de diffusions sous des titres différents et farfelus, de ces deux films.
Soit, mais que vaut le film ? Et bien n'étant pas fan du genre, et excepté quelques réussites aperçues au fil des ans comme "Les légions de Cléopâtre" de Cottafavi ou d'autres plus dégénérés comme "Maciste aux enfers" - qui ne vaut que pas sa séquence de descente aux enfers justement - je n'ai pas adhéré énormément à cette aventure bien trop bavarde et statique à mon goût. Les aventures se font ici bien trop rares pour que l'aventure à plein titre ne prenne vie, même par éclairs, comme elle se doit d'être, à savoir trépidante, et s'il y a bien à mi-parcours un challenge que Hercule se décide à affronter afin de sauver une pseudo traîtresse du bûcher où elle n'a pas sa place hormis d'être l'instrument d'un complot fomenté par l'ignoble tyran Mevisto (Warkalla dans la version originale) - campé par un Serge Gainsbourg en bonne forme mais en manque de nicotine pour remporter au final la partie - sinon donc, que tout ceci reste plat !
Alors si, Hercule le demi-dieu se bat bien contre un lion neurasthénique, un gorille (ou un homme singe - pas bien compris, mais faut voir la bête toute droit sortie d'un "frissons africains"), qu'il portera à bout de bras en vainqueur, puis un autre duel sur un tapis de pals qui se déglinguera d'ailleurs de lui-même comme du polystyrène (mais ce devait tout bêtement être du polystyrène) sous le poids des deux combattants, puis au final une chute dans la "trappe de la mort" avant qu'il en remonte à la force des bras, bref entre cela, il ne se passe pas grand-chose et finalement les qualités que j'ai pu retenir demeurent d'avantage du côté de l'accessoire et du second degré (ce qui fut regrettable pour moi, étant parti à l'opposé).
Voici donc Hercule (ou Samson ou Maciste) voyageant tranquillement de par le royaume de Sulom (Arpad dans la version française), admirant les paysages carton-pâte alentours, avant de se voir arrêté et jeté en prison, ce sans intention de nuire. Et pourquoi donc ? Tout simplement parce que la reine ne tient plus les rennes, et malgré ses sentiments pour le noble Hercule, est en douce supplantée par le juda Mevisto, qui en seigneur de la guerre ivre de pouvoir, emprisonne et exécute à tour de bras, à l'aide de son armée de mercenaires, afin d'y faire régner sa propre justice. Hercule saura redonner noblesse à la populace paysanne spoliée dans sa liberté, et il n'est pas étonnant de retrouver un Sollima au scénario dans ce qui s'avère être un péplum antique de gauche. M'enfin, les bonnes causes ou les idées humanistes ne faisant pas les bons films et qu'au niveau scénar, c'est convenu, mal fichu, très terne, mais parfois heureusement incongru...
Ce qui m'amène au petit plaisir procuré par ces dialogues en français - excellemment doublés du reste - aux accents titi parigot du meilleur aloi. Quand dans un péplum les femmes causent comme les lessiveuses de "Gervaise", que voulez-vous ? Le charme finit par opérer là où on ne l'attend pas et le plaisir se fait parallèle, un brin égoïste même. Bon quoi d'autre encore ? Ah oui ! Un Brad Harris assez convaincant, ce qui n'est pas négligeable, déjà parce qu'un héros pas trop mal vaut mieux qu'un pur culturiste sorti de la piste aux étoiles, qui plus est parce qu'ils ne sont pas légions dans le genre antique à s'en sortir honorablement. Alors pour une fois que le type passe correctement, on va quand même pas lui jeter la pierre au Maciste (Samson, euh Hercule... on n'attend plus qu'Ulysse !). Ailleurs les acteurs se défendent mais se sont les femmes à ce niveau qui font et sauvent le film. Autant la reine, la princesse que la traîtresse servante de Mevisto font forte impression (respectivement Irena prosen, Mara Berni et Luisella Boni). Elles prennent ici l'ascendant sur Hercule et les mâles en général et chacune d'elle en plus d'être jolie, possède plus de charisme que Maciste, Samsom et Hercule réunis. C'est peut-être pour leur présence, voire leur performance qu'il faut voir le film.
Ensuite et pour finir, seule la photographie se fait par moment somptueuse, par rapport à un ensemble bien trop conventionnel et pas assez délirant pour être vraiment convaincant. C'est un peu dommage, il semblait y avoir un peu de place pour mieux faire.
Mallox