House
Titre original: Hausu
Genre: Horreur , Comédie
Année: 1977
Pays d'origine: Japon
Réalisateur: Nobuhiko Obayashi
Casting:
Kimiko Ikegami, Kumiko Ôba, Yôko Minamida, Miki Jinbo, Ai Matsubara, Masayo Miyako, Eriko Tanaka, Asei Kobayashi...
 

Le semestre de printemps s'achève ; ça sent déjà les vacances au collège. Oshare (= "élégante") met au point ses projets d'été avec son groupe d'amies et le jeune prof sur lequel elles bavent. Mais l'irruption d'une nouvelle belle-mère non désirée et d'un mystérieux chat blanc angora la pousse à opter pour un retour aux racines dans la maison de sa non moins mystérieuse tante, entraînant avec elle la joyeuse troupe juvénile vers la demeure fort reculée dans la campagne nippone. Evidemment la bâtisse, trop isolée pour être honnête, ne pouvait être que le siège de forces démoniaques. Au fur et à mesure que les demoiselles se font boulotter d'étranges façons par la maison / tante nostalgique / minou au regard clignotant, le séjour bucolique se transforme en cauchemar grotesque sanguinolent... et délicieusement acidulé...

 

 

Sacrebleu ! S'il n'est pas chose aisé que de définir ce qu'est une "psychovision", là je peux vous garantir que j'en ai eu une belle !
Bizarre. Le mot est faible pour qualifier la manière dont a été fabriqué ce truc. C'est un théâtre d'expérimentations sans relâche. Quand ce n'est pas l'image qui est bidouillée, c'est le son, et souvent tout à la fois. Il y règne une ambiance indescriptible, une sorte de sensation d'artifice omniprésente, maintenue par des paysages en trompe-l'oeil (qu'Obayashi se plaît à mettre en abîme pour encore compliquer les choses), les décors ostensiblement factices, de sur-jeu extrême (certains figurants agissent comme des automates), d'idées saugrenues et même carrément à côté de la plaque (notamment toutes les scènes où le prof Tôgô apparaît). Ca ressemble à une maison hantée de fête foraine faite pour effrayer gentiment les petits et amuser les grands, mais dotée des capacités du cinéma et d'une créativité enfumée pour emmener vers d'autres sphères sa fonction de distraction horrifique.

 

 

Arrivé dans la dite maison, la comédie romantique du départ laisse place à l'horreur rigolote. Certes l'humour ne vole pas bien haut et lorgne du côté du naïf ou "pue du slip" (au sens propre comme figuré), cependant il est bien présent. La plupart des blagues tournent d'ailleurs autour de jeux de mots vaseux, de réflexions décalées ou de l'appétit de la gourmande du groupe (les blagues sur les gros, c'est une valeur refuge). Ce qui se déroule est légèrement bordélique : la tante rentre dans le frigo, réapparaît sur une poutre, danse avec le squelette borgne du salon, mange une main humaine et un poisson rouge vivant, le chat joue du piano... Cela pourrait être une version plus bariolée et orientale de la famille Addams, mais non. Beaucoup trop gore, beaucoup trop excessif, beaucoup trop délirant, House va partir progressivement en vrille jusqu'au dénouement. Il est difficile d'énumérer tous les moments forts du film, mais la scène du piano carnivore ou celle du combat opposant "Kung-Fu" au salon et leurs visions psychédéliques gores sont inoubliables.
Avec autant d'arômes artificiels, le trip ne peut être que complètement chimique. Le montage se fait parfois épileptique, chargé de superpositions, d'incrustations quasi-subliminales, de variations de vitesse... et cela s'applique aussi bien au visuel qu'au sonore. Dans les mêmes cinq secondes on peut avoir droit à un cri, un lustre qui scintille et se décroche, un coup de pied sauté, un jingle d'action, un chat qui vole, un lézard empalé, un téléphone embroché, le chat qui boulotte le lézard et un chapeau qui retombe sur le crâne d'une jeune fille rassurée et reconnaissante envers sa sauveuse... et on n'en est alors qu'à une toute petite mise en bouche ! Tout un ensemble d'écriture et d'effets déroutants qui ne mènent qu'à la sempiternelle question "mais qu'est-ce qui vient de traverser mon cerveau à l'instant ?".

 

 

L'apothéose est atteinte avec le final cataclysmique qui n'a pour limites que celle de l'imagination aussi siphonnée que fertile du réalisateur. On regrettera peut-être l'épilogue bien gentillet et mollasson en comparaison à la déferlante précédente.
Pour finir qu'est-ce que ce House ? Un manga grand guignol sous acide ? Une comédie "shôjo manga" qui dérape dans le "pink eiga" ? Ou, plus synthétiquement, un film d'horreur comique fait par des toxicomanes pervers pour des jeunes filles niaises ? A vrai dire il y a un peu de tout ça et sûrement plus encore. On peut y retrouver d'une certaine façon l'onirisme sanglant à l'italienne, le kitsch saturé du Magicien d'Oz, les excès cartoonesques fauchés du jeune Raimi, les trips psychédéliques des 60's, le tout saupoudré de "lolita complex" et baignant dans la mythologie populaire japonaise. Il faut vraiment le voir (et l'entendre !) pour le croire.

 

 

Note : 9/10

 

Princesse Rosebonbon
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