Parents
Genre: Horreur , Comédie
Année: 1989
Pays d'origine: Canada / Etats-Unis
Réalisateur: Bob Balaban
Casting:
Randy Quaid, Mary Beth Hurt, Bryan Madorsky, Sandy Dennis...
 

Premier long-métrage pour un acteur, Bob Balaban (vu dans Rencontre du Troisième Type et dans 2010) qui n'était alors passé derrière la caméra que pour des épisodes des séries Darkside et Amazing Stories. Et disons le tout de suite : grosse réussite. L'histoire de ce Parents se situe dans les années 50, où Michael Laemle, un gamin introverti, se met en tête via des visions cauchemardesques que ses parents sont en réalité des cannibales.

 


Première belle idée de Balaban : situer son film dans les années 50, une décennie généralement perçue à l'écran comme une époque dorée, entre rock'n'roll, arrivée des objets symboliques de la société de consommation et morale proprette. Balaban reprend tout ce cadre pastel et joyeux pour mieux le détourner et y situer sa sombre histoire de gamin terrorisé par ses parents... Des parents qui mettent déjà mal à l'aise par leur conformisme forcené. Pas un poil qui dépasse : une maison bourgeoise colorée, un père scientifique qui ramène l'argent à la maison, une mère ménagère qui prépare des bons petits repas... Tout ceci vu par les yeux d'un gamin solitaire dont la seule amie est une marginale qui prétend venir de la lune. Mais manque à l'appel toute la frénésie qui accompagne généralement ce décorum. Le gamin est calme, trop calme, trop effrayé. Les parents n'élèvent jamais la voix mais savent se faire menaçants. Le rythme se fait lent, très lent et installe dors et déjà un sentiment de malaise qui tend encore à s'accroître lorsque interviennent les suspicions de cannibalisme...

 

 

Car dès lors, on découvre les coulisses de ce conformisme acharné : les séquences de rêve sont essentiellement situées dans la pénombre, avec un aspect très hallucinatoire rendant toute chose macabre (les parents qui font l'amour, la cave). Et il y a bien entendu les scènes de repas. Là aussi la mise en scène est appliquée, très dérangeante et lourde de non-dit (les plans sur la viande)... Tout ceci s'orne d'un humour très subtile, une parodie de ces années 50 et de leur vie de famille lisse jusqu'à en devenir trouble.
A la vision de ce Parents, on pense immanquablement à du David Lynch façon Blue Velvet, avec cependant un propos un peu moins dramatique. Il faut également saluer la prestation de tous les acteurs : le père (Randy Quaid), figure imposante qui vu des yeux de l'enfant apparaît comme massif et terrifiant, puisque qu'il ne cherche en fait qu'à convaincre le gosse de manger sa viande. Le gosse, justement, est pour une fois impeccable : il reste silencieux tout au long du film, et en lieu et place de l'hystérie généralement imposée par des moutards acteurs, celui-ci se révèle très calme, limite autiste, et parvient même à faire douter au spectateur quant à la véracité de son point de vue. Enfin, la mère, une mère poule trop couveuse, qui possède les mêmes objectifs que le père, mais avec une manière un peu plus subtile. Tout le reste du casting (principalement des allumés aussi douteux que les parents) s'efface pour laisser le gamin seul dans sa tourmente...

 

 

Le film de Balaban est remarquable : sa tonalité inclassable ne permet pas réellement de lui coller une étiquette. Son sérieux est contrebalancé par un sens du visuel (le jeu physique des acteurs, les éclairages, les décors) très maîtrisé, à la fois comique et franchement malsain. La seule chose que l'on pourra éventuellement reprocher à Parents tient au relatif piétinement du scénario (en gros tout le film se concentre sur les indices trouvés par le gamin cherchant à prouver que ses parents sont bien des cannibales), qui pourra faire décrocher le spectateur sur la route des révélations finales. Du tout bon, pour un film étonnamment oublié.

 

Walter Paisley
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