Planète Rouge, La
Titre original: The Angry Red Planet
Genre: Science fiction
Année: 1960
Pays d'origine: Etats-Unis
Réalisateur: Ib Melchior
Casting:
Naura Hayden, Gerald Mohr, Les Tremayne, Jack Kruschen...
 

En ces temps où l'homme commence à préparer une future expédition sur Mars, il est de bon ton de faire revivre les quelques oeuvres de science-fiction à propos de la planète rouge, et ce pour prévoir un peu ce que l'on risque bien d'y trouver : des communistes !
C'est ce que semble du moins nous suggérer le vénérable Ib Melchior, qui ne réalisa pas grand chose de mémorable, mais qui su s'illustrer en temps que scénariste pour faire vivre un "Godzilla" dans son pays natal, le Danemark ("Reptilicus") et pour traduire en anglais le script de la "Planète des Vampires" de Mario Bava. Egalement romancier, on lui doit aussi la nouvelle à l'origine de l'excellente "Course à la mort de l'an 2000" du regretté Paul Bartel. Mais à la fin des années 50, il suit le mouvement à la mode dans le milieu de la science-fiction à petit budget, celle qui fut tant plébiscitée par les respectables Samuel Arkoff et James H. Nicholson de l'American International Pictures. Faisant d'une pierre deux coups, il reprend avec "La Planète Rouge" deux des thèmes incontournables de la guerre froide : la peur de l'Union Soviétique ainsi que celle, plus ouverte à l'imagination, de la conquête spatiale. Avec un titre aussi subtil que celui du film qui nous intéresse (et si l'on en croit Roger Corman dans son autobiographie, les scénarios chez AIP étaient parfois écrits en fonction des titres ou des affiches !), le père Melchior ne pouvait pas faire autrement.

 

 

Nous voilà donc sur Terre, où le retour imminent de la première navette spatiale destinée à l'exploration de Mars créé sa petite émulation dans le milieu de la NASA. C'est qu'on la croyait perdue, cette navette. A son bord, deux survivants sur les quatre scientifiques engagés dans l'expédition : une femme en état de choc et un homme en triste état, son corps étant partiellement recouvert d'une substance inconnue. Les deux derniers membres d'équipage sont respectivement mort et disparu. La femme racontera donc à ses employeurs ce qui s'est déroulé sur Mars. Un long flash-back s'ensuit, qui ne sera entrecoupé de retours au temps présent que lors de brèves scènes qui montreront au moment opportun à quel point le récit de ses aventures est difficile pour notre rouquine survivante.
Pourtant, elle et ses amis n'ont pas passé beaucoup de temps sur Mars. Tout le début du film (et même plus) se concentre ainsi pendant le voyage entre la Terre et sa voisine la planète rouge. Les caractères des quatre personnages sont facilement identifiables au physique des acteurs et répondent aux normes en vigueur. Il y a donc l'héroïne, charmante et insouciante. Il y a aussi le capitaine, qui avec son attitude délicatement machiste et avec sa capacité à raisonner philosophiquement sur la découverte d'un autre monde peine à dissimuler la cour effrénée à laquelle il s'adonne sur sa jeune collègue. Enfin, un acteur avec une barbichette taillée en pointe et un autre, rondouillard et souriant, tiendront respectivement le rôle du scientifique sérieux et du blagueur de service. Tout le monde cohabite ainsi pacifiquement, et c'est tout juste s'ils ne regrettent pas que le voyage se déroule aussi bien.
Mais arrivés sur Mars, c'est une autre paire de manches. La planète rouge mérite amplement son nom : Melchior a recours à un filtre rouge vif (c'est simple : on se croirait à un Congrès du PCF à l'époque de Maurice Thorez) d'autant plus exotique que les choses se trouvant à l'écran prennent une allure très étrange, donnant l'impression au spectateur de voir des négatifs. Du moins quand il ne s'agit pas de dessins purs, simples et évidents, utilisés pour les éléments de décors (végétation, montagnes, etc...). Ces dessins côtoient donc des choses naturelles vues en rouge et en négatif, ainsi qu'une poignée de monstres en mousse assez impressionnants. La première rencontre avec l'un d'eux, sorte de mélange entre l'araignée, la chauve souris et le crabe, sera l'un des moments forts du film. Mais il ne sera pas le seul, et plusieurs spécimens de la faune ou de la flore marxienne n'hésiteront pas à pourrir l'exploration de nos courageux astronautes, les décourageant de se rendre jusqu'à la métropole qu'ils ont aperçu le temps d'une croisière en mer (une mer que l'héroïne, probablement bouleversée, comparera à de "l'huile, plus lourde que l'eau"... pas de bol, c'est l'inverse !).
Ainsi, bien que réduite à une portion congrue du film, la visite de cette planète sera en tout point remarquable et donnera à "La Planète Rouge" un cachet assez unique. Bien plus en tout cas que l'habituelle diatribe anticommuniste, avec cette histoire de "cerveau commun" régulant tout sur le territoire martien ou que cet avertissement des autorités martiennes interdisant formellement aux terriens de revenir sur Mars, sous peine de représailles.

 

 

En fin amateur de science-fiction qu'il était, Nikita Khrouchtchev, alors à la tête de l'Union Soviétique, pris fait et cause pour les martiens et fit construire dès l'année suivante le Mur de Berlin. Chacun de son côté, et les vaches seront bien gardées. Depuis, si on sait ce qu'il est advenu de l'URSS, on ne sait pas trop ce qu'il s'est passé sur Mars. Le film d'Ib Melchior est donc à conseiller aux futurs explorateurs de notre planète voisine. Ils risquent d'y rencontrer de vilains collectivistes à trois yeux fleurant la naphtaline.

 

Note : 6/10

 

Walter Paisley
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