Habituellement, lorsque l'envie irrésistible nous saisit à la gorge d'énumérer des films introduisant des cavaliers morts-vivants chevauchant en "slow-motion" leurs montures toutes aussi décomposées, la tétralogie du père Ossorio vient en tête presque instantanément. Ce serait occulter indûment le "Rome contre Rome" de Giuseppe Vari, péplum fort curieux baignant dans le surnaturel qui partage en effet une similarité flagrante avec les films de revenants d'Ossorio lors de son étrange final dont je parlerais un peu plus loin.
Au préalable, il faudra se farcir une intrigue guère passionnante, riche en dialogues, avare en action (très peu de duels au glaive ou à mains nues ici) et placée sous le signe de la politique. Le centurion Gayo (Ettore Manni) escorté de ses soldats est dépêché par Rome en mission diplomatique (dans un premier temps seulement) en Arménie pour tenter de stopper le règne du sorcier Adherbal (John Drew Barrymore) et de ses sbires.
La vieille carne ne l'entend pas de cet orteil, songeant sans doute qu'il n'y aurait pas de film sans une révolte de sa part. Il est pas con le Adherbal des pompiers. Parallèlement au conflit se tramant à l'horizon se greffe une histoire d'amour tout à fait dispensable entre Gayo et Rhama (une toute jeune Ida Galli encore brune à l'époque), la servante de la garce de Reine Tullia (Susy Andersen).
Fort heureusement, les superbes décors baroques et la photographie somptueuse de Gàbor Pogàny sont là pour empêcher un ennui trop profond de s'installer définitivement. Certains plans de toute beauté frôlent l'onirique (la première rencontre entre Gayo et Rhama dans la forêt près d'un arbre disproportionné ; le camp romain dévasté envahi par le brouillard).
Mais le principal attrait du film a figure humaine : il s'agit d'Adherbal le sorcier despotique, celui par qui le fantastique arrive. Ses terribles pouvoirs lui permettent de contrôler les intempéries, métamorphoser les hommes et surtout, de réveiller les morts. En atteste cette séquence troublante, magique, intemporelle où des spectres de soldats s'extirpent de leurs tombeaux sur des chants sépulcraux déformés à faire frémir.
Là où la ressemblance avec les films d'Ossorio devient évidente, c'est lorsque les mêmes spectres, constamment enrobés dans une brume bleuâtre obtenue à l'écran grâce à différents filtres de couleurs, s'emparent de montures fantomatiques puis descendent la lande au ralenti à la rencontre de l'armée romaine. Bien entendu, Gayo terrassera Adherbal dans son antre, en crevant l'oeil magique de la déesse maléfique que vénère le sorcier, ce qui aura pour effet de le tuer et de faire évaporer dans l'air son armée de morts translucides.
Bref, peut-être n'avons-nous pas affaire à un chef d'oeuvre du genre comme peuvent l'être "Le géant de Metropolis" d'Umberto Scarpelli ou "Hercule à la conquête de l'Atlantide" de Vittorio Cottafavi, mais "Rome contre Rome" n'en demeure pas moins un peplum fantastique surprenant qui conviendra aux amateurs de curiosités cinématographiques.
Throma