Shaft contre les trafiquants d'hommes
Titre original: Shaft in Africa
Genre: Blaxploitation , Aventures
Année: 1973
Pays d'origine: Etats-Unis
Réalisateur: John Guillermin
Casting:
Richard Roundtree, Franck Finlay, Vonetta McGee, Jacques Marin, Neda Arneric, Cy Grant...
 

Ce Shaft là est un sympathique film d'aventures qui ressemble davantage à un épisode où James Bond et Tintin auraient fusionnés qu'à un Black exploit en bonne et due forme, mais on s'en fiche plutôt pas mal puisque les opus précédents sans être mauvais n'avaient rien de franchement novateurs ni de transcendants ; aussi, je me demande dans quelle mesure, on y gagne pas quelque peu au change. L’atout du film, n'est pas comme on pourrait le croire de prime abord, son metteur en scène, le solide mais fadasse John Guillermin, mais plutôt ses dialogues et surtout son invraisemblable postulat qui voit le détective au "gros bâton" revenir à ses sources et s'y fondre comme s'il ne les avait jamais quittées.
Ici donc, les services de Shaft sont loués par l'émir Ramila (Cy Grant), afin d'infiltrer l'empire criminel du méchant Amafi (Frank Finlay), trafiquant d'esclaves qui enlève en masse de pauvres Africains afin de les embarquer en Europe et notamment en France comme travailleurs au noir, lesquels sont également les jouets d'un trafic de diamants international ; il faut dire que l'émir Ramila pourtant mouillé dans l'histoire, en a quelque peu après Amafi puisque celui-ci vient de tuer son fils qui s'apprêtait à mettre au grand jour cette pratique.
Ce bon Shaft d'entrée, se voit drogué, enlevé puis séquestré nu dans un trou, avec pour seul compagnon, un bâton (qui lui servira), afin de s'y voir "proposer" de force de démanteler le dit cartel. Il faut dire que Shaft n'est jamais aussi à l'aise que nu, et le premier "nègre" venu subira sans état d'âme la loi du bâton, qui on l'aura compris, n'est qu'une extension assez balèze du détective ; on notera aussi que le bâton se verra doté de son petit gadget en passant, puisqu'on y infiltrera une caméra miniature, dont on regrettera au passage l'absence de quelques plans suggestifs, notamment dans les scènes de lit...

 

 

Ses aventures commencent alors à "bâton rompu", avant de traverser en long et en large les continents, on le verra même à dos de chameau traverser la Mauritanie, se faire un revival ancestral en passager clandestin cherchant à rejoindre la civilisation, fera la nique au final, aux français notamment à des flics (Jacques Marin dans le même rôle que "Charade") un peu cons, mais ne se privera évidemment pas de carburant, à savoir, de Sexe, puisque lors de son périple "pélerinesque", il se tapera d’abord la fille de l'émir pour la route, visitera ensuite un bordel éthiopien puis gagnera pour finir les faveurs de la maîtresse d’Amafy, une sacrée, puisque nymphomane avérée (excellente Neda Armeric, qui volerait presque la vedette à tout le monde ici), notamment dans son rapport très direct à Shaft : "Bonjour, quelle est la longueur de votre Phallus ?", puis l’affaire conclue, "Tu es le premier homme qui ait fait l'amour avec moi comme un vrai homme doit le faire" ; bref, pas que l'on aimerai être à sa place, mais on aimerai pour sur être un Noir pour être complimenté de la sorte.
Il est intéressant de noter combien de fois le sieur Guillermin a travaillé en Afrique sans jamais pondre le moindre diamant qui soit ; de Tarzan à Sheena en passant par le Nil et son Hercule Poirot ; d'un côté on ne s'en plaindra pas, car l'exotisme renvoie ici aux aventures de Tintin et "Coke en Stock" par exemple, mais surtout comme je le précisais au début, renvoie le père Shaft à sa mère-Patrie, et il est plutôt amusant de voir le "Sex Machine" arriver dans son milieu d'origine, avec rouflaquettes bien taillées et coupe mode Afro-Américaine, pour finalement se fondre dans le décor comme s'il ne l'avait jamais quitté, voir même se révéler transcendé, avec une érection encore plus raide que d'accoutumée.

 

 

Ailleurs, ça gêne un tant soi peu quand même, et l'on sent bien que le film a été écrit par de "bons blancs", ce qui n'a rien de péjoratif en soi, mais on ne saura voir ici plutôt qu'un film antiraciste ou anticolonialiste, un poil d'opportunisme surfant justement sur cette vague là, afin d'y fournir un prétexte aux aventures les plus exotiques et "invraisemblablissimes", semble t-il dû à la difficulté rencontrée pour renouveler à la fois les aventures de Shaft autant que le genre Black Exploitation alors sur le déclin.
C'est d'ailleurs Stirling Silliphant qui signe ici le scénario, plus habitué à torcher du film catastrophe ("l'Aventure du Poseïdon","La Tour Infernale") que du pamphlet Black Panther ! ceci dit, c'est ce qui fait le charme de cet opus, à l'instar d'un Hergé décrivant le Congo ou l'Egypte, entraînant le spectateur dans un maelström de n'importe quoi, où toute ethnie est renvoyée ici à ses stéréotypes de base, français, comme africains, et l’on traverse sans ennui aucun ce qui reste donc comme le plus Bis des aventures "Shaftiennes".
On regrettera malgré tout une mise en scène un peu mollassonne, à l'inverse de Shaft régénéré pour le coup, ce qui étonne quelque peu venant de John Guillermin, avec facilement un bon quart d'heure de trop. En l'état, le film est à découvrir malgré tout pour ce qu'il est, un agréable divertissement, décalé, exotique et surtout très farfelu.

 

 

Note : 7/10

 

Mallox
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