Soucoupes Volantes Attaquent, Les
Titre original: Earth Vs. The Flying Saucers
Genre: Science fiction
Année: 1956
Pays d'origine: Etats-Unis
Réalisateur: Fred F. Sears
Casting:
Hugh Marlowe, Joan Taylor, Donald Curtis, Morris Ankrum...
 

1956. Un an avant le lancement du Sputnik. Les Etats-Unis et l'Union Soviétique sont engagés dans la course à l'espace. L'intérêt scientifique relatif aux mystères stellaires va de pair avec les enjeux de la guerre froide. C'est dans ce contexte que Les Soucoupes Volantes Attaquent voit le jour, se basant sur le livre d'un ancien marine, le major Donald Keyhoe, un spécialiste militaire de la question des OVNI. Après une introduction sous forme d'avertissement, le film se proposera donc d'extrapoler sur l'existence des extraterrestres, ici a priori guère assimilables aux agresseurs communistes, puisque ceux-ci sont également menacés, tout comme l'ensemble de la planète, comme nous le montrent les scènes se déroulant partout dans le monde (gros stéréotypes à prévoir, d'ailleurs) lors du message adressé par les aliens aux terriens.
L'histoire est fort simple, et fait très "Guerre des Mondes" : à la recherche d'une planète susceptible de les abriter, ces vilains aliens technologiquement avancés menacent de s'emparer de la Terre (mais des Etats-Unis d'abord), que ça soit de gré ou de force. Ca sera de force, puisque le gouvernement américain ne souhaite pas se laisser faire. A charge pour les militaires et pour les scientifiques de trouver un moyen de défense convenable avant l'échéance de l'ultimatum lancé par les envahisseurs.

 

 

A priori, rien de transcendant. Si le film n'est pas ouvertement anti-communiste, en revanche voir le gouvernement américain lutter bravement pour défendre ses idéaux et ses symboles face à une force ennemie ne fait tout de même pas uniquement référence à une éventuelle invasion extraterrestre, et on ne peut éviter de rapprocher les événements à la situation conflictuelle de la guerre froide. Mais le principal objectif du film n'est pas là. Ou tout du moins, cette guerre constitue la dernière partie d'une construction scénaristique en trois temps : tout d'abord l'exposition, puis les débats diplomatico-militaro-scientifiques, et enfin l'action à proprement parler.
Si la première partie se révèle assez intéressante, puisque les intentions belliqueuses des extraterrestres sont au départ assez incertaines (les négociations à l'amiable sont tout d'abord de mise), la seconde patine par contre quelque peu. Les discussions militaires sont assez convenues et manquent clairement d'ampleur : la situation d'urgence à laquelle nous étions en droit d'attendre fait place à un minimalisme imputable à des dialogues techniques plutôt hasardeux ainsi qu'à un manque de budget certain (trois ou quatre militaires sans grand charisme, à peu près la même chose pour les scientifiques : c'est peu, pour illustrer une crise majeure).
Les rares méfaits commis par les extra-terrestres durant cette partie du film, comme par exemple la détérioration de la météo, se résument principalement à des paroles, non suivies par des représentations à l'écran. Frustrant, même si compte tenu de l'époque du film, il aurait été difficile de faire davantage... Encore que. Car le préposé aux effets spéciaux de ces Soucoupes Volantes Attaquent n'est nul autre que le prestigieux Ray Harryhausen, dans sa période science-fictionnelle incluant également The Beast From 20000 Fathoms (1953) et Le Monstre Vient de la Mer (1955). Un grand nom qui n'était alors pas encore le génie qu'il deviendra dans les années 60, et qui partageait ici officiellement la tâche avec un certain Russ Kelley (dont il s'agit de la première et dernière implication dans un film). Ses effets spéciaux sont ici certes bien supérieurs à la moyenne de ce qui se faisait, mais ne resteront pas non plus inoubliables.

 

 

Beaucoup d'incrustations, de maquettes, de stock-shots allant en outre de pair avec un aspect des extraterrestres beaucoup trop caoutchouteux (en gros, des bonshommes dans des "armures" en caoutchouc, raides comme des piquets, voire avec un balai dans le cul). Malgré tout, les SFX seront pleinement utilisés dans une troisième partie dont le concept sera beaucoup plus tard repris par des films comme Mars Attacks ! ou Independence Day : la destruction des symboles américains, comme le Capitole ou le Washington Monument...
Il s'agit là du point fort du film, malheureusement contrebalancé par un scénario encore une fois desservi par un manque de moyens certain : toujours les mêmes scientifiques et militaires cités au-dessus en guise de derniers remparts contre l'invasion, avec une arme assez douteuse (guère éloignée dans l'esprit de la conclusion du Mars Attacks ! de Tim Burton). Mais enfin les effets de Harryhausen commencent ici à sortir de l'ordinaire, et les destructions sont montrées telles quelles, ce qui était assez rare à l'époque. Si les techniques employées ici ne permettent pas instantanément de reconnaître la patte du grand homme (ce qui est aussi probablement dû au fait que le film soit en noir et blanc), elles marquent en tous cas une évolution prochaine dans le domaine des effets spéciaux.

 

 

Précurseur aux films d'invasions extraterrestres modernes, Les Soucoupes Volantes Attaquent est donc avant tout intéressant pour ses effets spéciaux, bien plus que pour son histoire sans grande originalité, en dépit d'un appel à l'unité mondiale lancé par le sous-titre de l'affiche d'origine mais qui n'est pas appliqué dans le film. Toujours ça de pris.

 

Note : 5/10

 

Walter Paisley
 
A propos du film :
 
# Dans sa biographie, Ray Harryhausen affirme que des films auxquels il a participé, Les Soucoupes Volantes Attaquent est celui dont il est le moins fier.
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