Sous l'empire de la haine
Titre original: Karateci kiz
Genre: Rape and revenge , Action
Année: 1974
Pays d'origine: Turquie
Réalisateur: Orhan Aksoy
Casting:
Filiz Akin, Ediz Hun, Bülent Kayabas...
 

Zénab (Filiz Akin), vendeuse ambulante de légumes, vit paisiblement avec son père jardinier dans une demeure entourée d'un important potager. Les jours s'écoulent lentement jusqu'à l'évasion de cinq détenus sanguinaires du mitard local. Leur fuite les mènera par un hasard total à la maison de Zénab, dont ils dépouilleront et assassineront le père (égorgé au sécateur géant !). Tabassée et (à peine) violée, la jeune femme, ayant recouvré la voix suite à ce choc, en profite pour crier "Vengeance !". Elle trouvera un mentor en la personne de Murat (Ediz Hun), flic au grand coeur dont elle tombe bien sûr amoureuse qui lui enseignera les arts martiaux et le tir. Par Allah, ça va saigner !

 


Pourvoyeurs infatigables dans les années 70 - 80 de bisseries reproduisant parfois à l'identique des grands succès du cinéma international, les Turcs s'attaquent ici au filon "rape and revenge", celui-ci partageant quelques troublantes similitudes avec le surestimé Crime à froid. Dans le film de Orhan Aksoy comme celui de Bo Arne Vibenius, l'héroïne revancharde vit au départ à la campagne, est frappée de mutisme (passager seulement chez Zénab), s'entraîne à l'arme à feu et au karaté et surtout arbore la même tenue : une longue veste cuir à col relevé. Des analogies suffisamment curieuses pour être relevées.
En revanche, là où les chemins divergent radicalement, c'est au niveau du rythme, nettement plus piquant chez les Turcs que chez les Suédois, connus pour leur manie de filmer en plein état léthargique (chez Vibenius justement mais aussi et surtout chez Bo Widerberg et ses assommants thrillers). En clair, on se fait globalement beaucoup moins chier devant Sous l'empire de la haine que devant les errances gavantes (et au ralenti) de Christina Lindberg. Il faut dire qu'avec les oeuvres bis de l'empire ottoman, on sait à l'avance que le spectacle à venir va pas être triste. Quoiqu'un peu moins exubérant que les bandes avec Cüneyt Arkin, le Delon local, Sous l'empire de la haine a néanmoins du potentiel à revendre en matière de comique involontaire.

 


Loin de moi l'idée d'envisager les films de là-bas systématiquement sous l'angle "nanar" (terme que je conchie d'ailleurs par dessus tout) mais bon, difficile de garder son calme quand des énormités émergent rapidement à l'horizon. Comme le romantisme cucu pralinou habitant Zénab et son flicaillon, qui ne s'embrasseront même pas une seule fois, c'est dire le degré érotique qui attend le spectateur, ou l'idéalisme à fleur de peau de Murat. Je le cite pour la peine quand il se projette dans l'avenir : "Une grande maison, une femme jeune et jolie et plein d'enfants qui crient autour (!!?)". Ou une certaine idée du bonheur. Pétard, c'est beau. Presque autant que les chorégraphies de combat de Miss Akin qui, de peur de se casser une patte en la levant trop, préfère passer le relais à des doublures lors des bastonnades. Et les permutations, tout sauf discrètes, font parfois mal, très mal.
Dès lors, il ne faudra pas s'étonner de voir la chevelure blonde de Zénab virer au brun lorsqu'elle est de dos où bien la démarche un peu trop virile pour passer inaperçue qu'elle adopte dans certains plans. Rigolade assurée. Et les cinq moustachus dans la ligne de mire de Zénab, ils sont pas mal non plus, à en délivrer des caisses dans leur rôle de vilain. Ils ne rechignent jamais à faire les gros yeux et à ricaner pour exprimer toute leur méchanceté... méchante.

 

 

Concernant Filiz Akin (joli minois rappelant celui d'Edwige Fenech et déjà aperçue dans "Le ricain" de Jean-Marie Pallardy et "Le petit témoin de L'Orient Express" de Guido Zurli) : son jeu, sans réellement subjuguer, s'avère plutôt correct. Son altération d'adorable Causette (par contre, pour la causette, faudra repasser) en Rambo avec vagin s'opère avec crédibilité. Même traitement de faveur pour Ediz Hun, acceptable à défaut de dégager une véritable présence à l'écran. De même, la réalisation tient assez bien la route, à la photographie joliment colorée. A ce propos, la copie vhs parue chez Open Vidéo reste de toute beauté, presque vingt-cinq ans après sa parution. Et ce genre de bande obscure n'étant pas près de connaître une sortie en dvd, ça fait déjà deux bonnes raisons de conserver (ou bien de se mettre en quête pour ceux et celles qui souhaiteraient le découvrir) sa vhs de cette production turque, agréable comme tout.

 

 

Throma

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