Bacchanale
Genre: Porno , Fantastique
Année: 1970
Pays d'origine: Etats-Unis
Réalisateur: John & Lem Amero
Casting:
Uta Erickson, Darcy Brown, Richard Jennings, Lydia Burns, Chuck Federico, Donny Lee, Patricia Kleb, Roberta Scardera, Harry Reems (inserts hard)...
 

Une nuit, alors qu'elle pique un roupillon, l'enveloppe astrale de Ruth (Uta Erickson) se détache de son corps puis erre dans les rues de sa ville. Sur son chemin, après avoir observé au préalable un couple fantomatique tirant un coup dans son appartement, elle sera amenée à rencontrer "L'étranger", un être sans visage, dissimulé derrière un voile noir. Momentanément, "L'étranger" tombe le masque pour laisser place à un éphèbe nu qui besognera Ruth dans un cimetière. On la retrouve ensuite à une party branchée. Préférant s'isoler dans les toilettes de l'établissement où se déroule la fête, elle y découvre un cercueil. A l'intérieur, la dépouille d'un homme qu'elle branle. Puis tout naturellement, la voici propulsée aux enfers où une prêtresse du malin accompagnée de plusieurs disciples lui passe sur le corps. Surgit à ce moment précis le spectre de son frère, mort au Nam, portant encore la panoplie de soldat. L'apparition repart d'où elle était venue. "L'étranger "revient, se dévoile de nouveau mais cette fois-ci, Ruth se retrouve nez à nez avec elle-même. Retour à l'appartement de Ruth. Son âme réinvestit son enveloppe charnelle puis la jeune femme se réveille…

 

 

Vous n'avez pas saisi grand-chose ? Normal. Mes plus plates excuses seulement je ne vois pas comment résumer autrement que par un condensé un poil déstructuré cette bizarrerie conçue par les frères John et Lem Amero qui n'est pas à proprement parler un porno. Il faut plutôt l'envisager comme un trip fantastique agrémenté de plans hard. Une séance expérimentale pionnière en la matière puisque nous ne sommes qu'en 1970. Première particularité et pas des moindres : "Bacchanale" est un film multicolore, tour à tour jauni (à l'idée ?), bleuté, rougeâtre, etc. Ce changement perpétuel de filtres colorés à l'écran transcende le côté hypnotique du métrage, donnant l'impression de voguer dans un rêve éveillé en compagnie de Ruth. La meilleure scène du film à mon sens représente Ruth descendant l'escalier de secours en spirale de son building (symbolisation du début de sa descente infernale ?).Couchée ainsi sur papier, la situation détaillée par mes soins ne présente que peu d'intérêt. A l'écran, cela donne un instant magique, intemporel, filmé au grand angulaire et bercé par une musique d'ambiance en symbiose totale avec les images troublantes qu'elle accompagne. Assez semblable au "Carnival of souls" d'Herk Harvey, "Bacchanale" est une œuvre amenée à diviser son audience.

 

 

Ceux qui, décontenancés par l'impossibilité de se rattacher à un seul point de repère scénaristique cohérent décrocheront très vite. Et les autres, plus perspicaces, amoureux des images insolites et des bandes inclassables qui devraient s'en tirer sans grande peine. Car, si dans la forme, l'enchaînement chaotique des situations a de quoi semer la confusion, dans le fond, il ne s'agit ni plus ni moins que d'un énième périple identitaire, celui d'une âme en perdition submergé par le pêché et la culpabilité, captive de son subconscient entaché par de nombreuses zones d'ombre et à la recherche de réponses à ses multiples questions (appelez-moi Freud). On le découvre au cours de sa quête : le passé de Ruth est gangrené par un tabou : l'inceste. C'est la voix d'outre-tombe de sa mère qui nous révèle le terrible secret, celui d'un amour trop fort entre un frère et une sœur. Ruth est incarnée par Uta Erickson, charmante suédoise régulièrement employée dans des sexploitation New-Yorkaises signées par Doris Wishman ou les amants diaboliques Findlay. A défaut d'une performance oscarisable, elle livre ce qu'il faut de justesse pour qu'illusion s'opère.

 

 

Avant de poser la plume (qui ressemble étrangement à un clavier d'ordinateur), un petit tour d'horizon des scènes hard, bah voui, quand même. En dehors des positions de rigueur, deux plans se distinguent : la branlette nécrophile évoquée plus haut (à croire qu'elle aime foutre en rut Ruth), ainsi qu'une sodomie masculine assez douloureuse exécutée au moyen d'un manche de fouet. D'ailleurs, la séquence suivante introduit un accouplement homo, soft toutefois. Les frangins Amero annoncent la couleur, eux qui franchiront le pas quelques années plus tard en se spécialisant dans le X gay. Qu'on adhère ou pas, peu importe, les Amero bros se sont rendus responsable avec "Bacchanale" d'un objet filmique unique en son genre et c'est bien là le principal.

 

Throma

 

A propos du film :

# Uta Erickson fait place à une doublure lors des plans X.

# A noter également un hommage au "Repulsion" de Polanski lorsque Ruth aperçoit des bras sortir d'un mur.

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