Body Love
Titre original: Amanda by Night
Genre: Porno
Année: 1981
Pays d'origine: Etats-Unis
Réalisateur: Gary Graver (sous le pseudo de Robert Mc Callum)
Casting:
Veronica Hart, Samantha Fox, Lisa De Leeuw, Robert Kerman, Ron Jeremy, Jamie Gillis...
 

Amanda Heather (Veronica Hart) dirige un réseau de call-girls. Ses filles sont triées sur le volet et ont beaucoup de succès au sein d'une clientèle masculine parmi laquelle figure bon nombre de notables. Femme d'affaires efficace et estimée dans le milieu, Amanda doit trouver rapidement deux filles "dominatrices" pour un client influent (conseiller municipal) adepte du S.M. Elle confie cette mission à Gwen (Samantha Fox), une routarde dans le métier, et Beth (Lisa De Leeuw), fraîchement débarquée dans l'univers de la prostitution de luxe mais qui se débrouille à merveille. La soirée se passe plutôt bien, dans une villa luxueuse. Après la "séance", le client congédie Gwen et reste seul avec Beth. Celle-ci continue son rôle de dominatrice, ce que n'apprécie pas le conseiller, pour qui le jeu est terminé. Une dispute éclate, il assène Beth de plusieurs coups violents. La jeune femme perd conscience et meurt noyée dans la piscine.

Son corps est retrouvé le lendemain dans un terrain vague. L'enquête est confiée au détective Ambrose Hart (Robert Kerman), de la police criminelle. Il va devoir agir vite, car l'assassin ne va pas avoir d'autre alternative que d'éliminer les témoins gênants dans cette affaire, parmi lesquels Gwen et Amanda figurent en première ligne.

 


Quand l'esprit du polar noir débarque dans le cinéma rose, la réussite est parfois au rendez-vous. C'est le cas de ce "Amanda by Night", rebaptisé "Body Love" lors de son exploitation française (un titre beaucoup plus "passe-partout" qui n'éclaire pas quant au contenu de l'œuvre). Tout le talent en revient à Gary Graver, qui fera l'essentiel de sa carrière de réalisateur sous le pseudo de Robert Mc Callum. L'homme n'est pas un débutant dans le cinéma. En effet, il a fait ses premières armes dans le métier en tant que cameraman dès les années 60, et travaillera en de nombreuses occasions avec Al Adamson, notamment sur "Satan's Sadists", "Dracula contre Frankenstein", "Docteur Dracula", "Jessi's Girls" et "La Dimension de la Mort". Graver bossera également sur d'autres petites merveilles du cinéma de genre, comme "L'Invasion des Femmes Abeilles" ou encore "La Foreuse Sanglante". Fort de cette expérience, il sera en mesure de mettre en scène des pornos très "classe" à partir de la fin des années 70 jusqu'au milieu des années 80, comme "V the Hot One" avec Annette Haven, par exemple, même si "Amanda Night" reste probablement son meilleur film (et qui obtînt trois récompenses dans le milieu à l'époque).

Amanda, c'est Veronica Hart. Elle n'est certes pas la plus connue des actrices du porno américain, mais elle s'est faite une solide réputation dans le monde du X, un talent qui lui a permis de poursuivre sa carrière en tant que productrice et réalisatrice, et aussi d'actrice dans des séries B, ou à nouveau dans le porno dans des rôles "habillés". Veronica Hart a tourné dans pas mal de classiques du X, parmi lesquels "8 to 4", "Neon Nights", ou encore "Le Miroir de Pandora" de Shaun Costello.

 


L'autre premier rôle du film revient à Robert Kerman, connu aussi sous le pseudo de Richard Bolla. Personnage atypique dans le circuit du X, Kerman s'est offert une parenthèse européenne entre 1979 et 1981, qui lui valut de jouer en Italie et de se spécialiser dans les films de cannibales. L'acteur restera à jamais célèbre pour avoir été la vedette de "Cannibal Holocaust", mais il a aussi tourné dans "La Secte des Cannibales" et "Cannibal Ferox". Les rumeurs prétendent que Ruggero Deodato ignorait, lorsqu'il avait engagé Kerman lors du tournage de "Cannibal Holocaust", que l'acteur était une vedette du porno U.S., avec dans son C.V. quelques incontournables tel "Odyssey" ou "Debbie does Dallas".

Après, en ce qui concerne les seconds rôles, c'est encore du très bon, voire ce qui se fait de mieux dans le genre. Honneur aux dames, avec une Samantha Fox qui n'a rien à voir avec la chanteuse mamelue, et qui s'est illustrée entre autres dans quelques classiques comme "Satin Suite", "October Silk" et "Dracula Exotica". Mais Samantha Fox fut aussi l'héroïne du mémorable "A Night to dismember" de Doris Wishman (eh oui, la fameuse Vicki Kent, voir la chronique de Rosebonbon).

Ensuite, c'est toujours un plaisir de retrouver Lisa De Leeuw, la flamboyante rousse incendiaire qui illumina quantité de films X, avec sa peau laiteuse, sa lourde poitrine source de bien des fantasmes, et ses tâches de rousseur ("sur son joli postérieur", comme dirait Gérard Blanchard). Un plaisir malheureusement mêlé de tristesse, vu que Lisa De Leeuw mourut en 1993 du SIDA. Non pas à la suite de rapports sexuels avec un partenaire atteint du mal, mais à cause d'une seringue infectée : l'actrice était hélas accroc aux drogues dures. Ironiquement, une scène de "Body Love" montre Samantha Fox en train de se faire un fixe, sous l'œil surpris de Lisa visiblement choquée. Hélas, la réalité sera bien différente, et la rouquine demeurera officiellement comme la seule actrice du porno américain morte du SIDA. Elle a laissé derrière elle une flopée de films de très bonne facture : citons "Plato's the movie", "Ultra Flesh" ou encore "A Fleur de Peau". Elle fut aussi la première star de la société Vivid, et joua souvent les dominatrices (dans une scène du très bon "Las Vegas Maniacs" on la voit même uriner sur un partenaire soumis).

 


Les hommes à présent. Le moins connu du circuit est probablement John Alderman, doublé dans les scènes pornos l'impliquant. En fait, Alderman est issu du cinéma d'exploitation. On a pu le voir dans "Trader Hornee" ("Le Livre érotique de la Jungle"), ainsi que dans des films de Lee Frost ("L'Eperon brûlant", "Love Camp 7"). A ses côtés, on retrouve deux piliers du porno, deux véritables légendes : Ron Jeremy et Jamie Gillis. L'histoire de Ron Jeremy mériterait une encyclopédie. Il a débuté dans la comédie avec le "Saturday Night Live", puis s'est retrouvé dans le X un peu par hasard. Son physique en totale opposition avec les codes du genre (et son énorme sexe) font de lui une star cultissime. Doté d'un humour et d'un esprit remarquables, il se lie d'amitié avec des gens n'ayant rien à voir avec le milieu du porno : Christian Slater, Richard Pryor ou Jim Carrey par exemple. Un succès incroyable qui lui vaut d'avoir joué dans environ 1100 films en 35 ans de carrière, dont quelques seconds rôles notables dans "Capitaine Orgazmo" et "Toxic Avenger IV".

Jamie Gillis, quant à lui, s'est fait une réputation de personnage trouble, ambigu et pervers, qui lui vaudra de figurer dans la plupart des chefs d'œuvre du X américain : "Waterpower" , "Through the looking glass", "The private afternoons of Pamela Mann", "Defiance", "The story of Joanna" ou encore "The opening of Misty Beethoven". Mais on pourrait en citer bien d'autres de la part de cet acteur fabuleux qui interpréta même Dracula en deux occasions.

 


Evidemment, un tel casting associé à un réalisateur doué ne pouvait aboutir qu'à un très bon film. "Body Love" bénéficie d'une habile structure narrative, intégrant les scènes de sexe et l'intrigue en parfaite harmonie. Les scènes pornos en question présentent l'avantage d'être variées et assez courtes, ce qui permet au film de garder une dynamique certaine.

De surcroît, les dialogues sont pertinents, souvent drôles, avec des répliques cinglantes du style "Couvre-toi, tu vas attraper un rhume des fesses !"

Lorsqu'Ambrose dit à Amanda : "Je veux un assassin", celle-ci lui rétorque : "Je n'en ai pas sur moi". Les scènes cocasses ne manquent pas dans tout le film. On retiendra notamment Ambrose débarquant dans un salon de massage et menaçant de son arme Rosario (Ron Jeremy), un flic des mœurs qui abuse de son pouvoir, et est justement en train de besogner une pauvre masseuse qui n'avait rien demandé. A ne pas louper également, le passage où Ambrose déboule dans la chambre d'Amanda, revolver au poing, après avoir entendu des cris, pour s'apercevoir qu'il s'agit en fait de cris de plaisir, non de souffrance. Et pour cause, Amanda était en train de se livrer à un plaisir solitaire avec un godemiché…

Bien filmé, avec des scènes en extérieur, "Body Love" se conclut avec une "happy-end" que Robert Kerman dut apprécier en son temps, puisqu'après avoir fait de la surveillance rapprochée sur la personne d'Amanda, il pourra conclure en beauté sa "besogne", sur un bateau de croisière.

 

Note : 7,5/10

 

Flint
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