Top secret !
Genre: Espionnage , Parodie
Année: 1984
Pays d'origine: Etats-Unis
Réalisateur: David Zucker, Jim Abrahams, Jerry Zucker
Casting:
Val Kilmer, Lucy Gutteridge, Omar Sharif, Peter Cushing, Christopher Villiers, Jim Carter...
 

En 1984, l'Allemagne est encore divisée en 2, la République fédérale d'un côté, la République démocratique de l'autre. Démocratique, précisons-le, était employé de façon pour le moins abusif puisque la dictature battait son plein et qu'il valait mieux ne pas la contredire si l'on n'y habitait, à moins de vouloir moisir dans ses geôles.

Berlin elle-même était scindée en deux parties séparées par le "mur de la honte" et les tentatives d'évasion d'Allemands de Berlin Est vers Berlin Ouest se soldaient régulièrement par la mort. Bref, c'était pas la joie, c'était même la guerre, froide pour être précis, entre les pays de l'ouest, USA en tête, et les pays de l'Est, menés par l'URSS et ses cacochymes apparatchiks.

Cette scission du monde en deux blocs, si elle fut douloureuse pour beaucoup de monde et génératrice de tensions et de conflits par substitution, fit le bonheur du monde du cinéma qui trouva là une source d'inspiration féconde à la production de moult films d'espionnage plus ou moins réussis, à base de coups tordus, de trahisons et de combats dans l'ombre. James Bond lui-même se prit au jeu dans plusieurs de ses épisodes en combattant les Rouges au service de sa Majesté.

 


Par ricochet, cette profusion filmique attira trois larrons dont les intentions véritables n'ont jamais été cachées : faire rire. Les Zaz, puisque c'est d'eux qu'il s'agit, après leur parodie réussie de film catastrophe (Y a-t-il un pilote dans l'avion ?) et bien avant leur série pour le cinéma des Y a-t-il un flic ? avec Leslie Nielsen, s'attaquèrent au genre avec la ferme intention de le pousser dans ses retranchements les plus absurdes.

Et c'est ainsi que commença le voyage en Allemagne de l'Est de Nick Rivers (Val Kilmer), jeune rocker américain choisi au pied levé pour remplacer Léonard Berstein, indisponible, au festival international de musique. Un festival destiné à servir d'écran de fumée aux intentions véritables des dirigeants militaires du pays, à savoir détruire la flotte sous-marine de l'Otan à l'aide d'une nouvelle arme suprême, la mine Polaris, développée contre son gré par le Professeur Flammond, un scientifique détenu dans la prison de Flurgendorf.

 


Nick Rivers se retrouve donc embringué dans une histoire abracadabrantesque le plongeant au cœur du système carcéral de cette Allemagne de l'est militarisée avant de rejoindre la Résistance et ses personnages hauts en couleurs, à commencer par son chef, la Torche, bellâtre blondinet au torse imberbe tout droit sorti du "Lagon Bleu" (un film qui, faut-il le rappeler, connut un certain succès au début des années 80 et qui mettait en scène un couple de jeunes naufragés sur une île déserte qui apprenaient à s'aimer en grandissant...)

Car si les ZAZ se jouent du film d'espionnage, ils élargissent dès le début leurs horizons en faisant de leur vedette une star façon Beach Boys basant sa musique sur les thèmes simples et commercialement porteurs ( ?) du surf et… du ball-trap ! Outre le "Lagon Bleu", les références sont d'ailleurs multiples et touchent aussi bien le film de guerre ("La grande évasion" par exemple) que le western, lors de cette hallucinante séquence de bagarre dans un saloon sous-marin, sur fond musical de Bonanza.

 


Si l'intrigue est relativement légère, les gags, eux, s'accumulent au fil des minutes dans un style parfois décousu mais le plus souvent percutant, tant ils rivalisent d'absurdité et de non-sens. A commencer par l'espion incarné par Omar Sharif, rescapé du broyage d'une voiture, venu donner des directives, à Hillary, la fille du Professeur Flammond. En passant par cette séquence cartoonesque de Val Kilmer tentant de s'échapper de sa cellule par des voies d'aération qui l'y ramènent toujours. Ou par cette autre séquence hautement improbable où Peter Cushing, vieux libraire suédois, donne des précisions au couple Nick-Hillary, dans un sabir étrange, avant que l'on ne réalise que toute cette scène a été filmée en commençant par sa fin avant d'être projetée à l'envers (je ne suis d'ailleurs pas sûr de me faire comprendre, là…)

Visuelles et multiples, les séquences gaguesques, souvent difficilement racontables, sont portées par les acteurs, depuis Kilmer qui interprète lui-même les chansons du film jusqu'aux représentants de la Résistance, affublés de noms français: Soufflé, Croissant, Déjà-vu, ... L'Allemagne de l'est, elle, est représentée comme un mélange oppressant des grands totalitarismes du 20ème siècle puisque ses dirigeants ne semblent être que des militaires aux tendances nazillones fortement prononcées.

 


La géniale folie qui préside à Top Secret !, de son début sur un train lancé à toute allure vers son final à la vache bottée, génère un plaisir sain et libérateur : des grands éclats de rire réguliers et des yeux ébahis devant un tel flot d'absurdités. Revoir le film apporte, en plus, la possibilité de découvrir les nombreux détails d'arrière-plan qui fourmillent et avaient le plus souvent échappé à une première vision de la chose.

 

Bigbonn
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