"Les gentils vampires, ça n'existe pas" nous disait Morgane Caussarieu sur le quatrième de couv de "Dans les veines" chez Mnémos. Les gentils loups-garous non plus nous rappelle le même éditeur, mais avec un auteur différent : Adrien Tomas qui quitte ici la fantasy pour un farwest sauvage et violent ! Une région que les lycanthropes ont déjà parcouru comme dans "La Danse de la lune" de SP Somtow ou "Nadya" de Pat Murphy, mais qui ne nous racontaient pas l'histoire de la vénerie, l'histoire des chasseurs de Rejs.
La vénerie est ce groupe hétéroclite qui chasse les loups-garous, constitué d'une ancienne esclave , dresseuse de chiens, d'un allemand, ancien acteur et financier, d'un jeune cowboy et d'un colon irlandais et enfin de Jack, le maître de chasse, celui qui dirige ce groupe d'une main de fer, une brûte épaisse qui semble pourtant avoir les moyens de les amener à la Dame, une créature mythique, mère de tous les loups. Une traque longue et violente en plein milieu de forêts enneigé où il n'y a donc pas que la nature qui soit hostile.
Si ce n'est la Dame des Loups, le mythe du lycanthropes reste ici très classique, il s'agit hommes mordus ou infectés qui se transforme en loups à la nuit tombée et que les héros doivent plomber d'argent sous peine d'être blessé et plombé à leur tour par un autre membre de la vénerie. Autant dire qu'il n'y a pas beaucoup d'amour ou d'amitié dans ce groupe, ils sont ensemble par nécessité, voir par obligation puisque découvrir les rejs ne laisse pas beaucoup d'opportunité aux rare témoins, mourir ou se lancer dans une aventure souvent mortelle !
Une aventure qui se déroule donc dans les immenses forêts de l'Amérique du nord en plein hiver, décor idéal pour une histoire de loup-garou justement, bien plus que le désert, puisqu'on y trouvait déjà des meutes de vrais loups. Du western, l'auteur en a donc retenu la violence, celle des hommes et des territoires, tandis que du fantastique, il en a gardé les monstres assoiffés de chair, des créatures qui semblent sans humanité, si ce n'est durand une scène où c'est celle des chasseurs qui est mise en cause. La monstruosité ne se montre pas qu'à la pleine lune.
De ses romans de fantasy, Adrien Tomas a gardé le découpage et le fait que chaque chapitre prenne donc le point de vue d'un protagoniste différent, chaque membre de la vénerie prenant la parole l'un après l'autre, nous faisant découvrir leur intimité, leur peur, leur crainte dans ce monde inhospitalier. Le tout étant concentré dans un récit court, mais intense, sans pitié et très violent, mais décevant dans son final, bourré de facilité. Ce dernier point étant très regrettable au vu de ce qui précède, de cette traque hors norme.
Quitte à chercher des comparaisons, c'est plutôt du côté de "Bloodsilver", western également publié par Mnémos, qui lui s'attaquait au mythe du vampire et dont on retrouve par moment la violence réaliste et la sécheresse, prouvant que ces deux créatures s'adaptent très bien à l'ouest sauvage et ses légendes. Loup-garou et vampire semblent donc très bien s'adapter à un genre, le western, qui n'a pourtant pas été créer pour eux, mais avec lequel ils ont pourtant des affinités, ne serait-ce que par la violence qu'on y trouve.
Notre-Dame-Des-Loups, c'est un peu la rencontre entre La Horde Sauvage et la lycanthropie, un roman bref et intense, une aventure survitaminée où les flingues parlent plus souvent que les hommes et les femmes, pas vraiment affables ou loquaces, il faut dire. Notre-Dame-Des-Loup est une quête brutale écrite dans un style sec, sans fioriture. Adrien Tomas change ainsi totalement de registre et se révèle aussi convaincant dans le western qu'il a été dans la fantasy, donnant même l'impression de découvrir un nouvel auteur dont ce serait le premier roman.
Note : 8/10
Stegg
A propos de ce livre :
- Site de l'éditeur : http://www.mnemos.com/