Après le cyberpunk et sa peur de l'informatique, il semble qu'une nouvelle menace se présente, celle de la manipulation génétique comme l'a montré "la Fille automate" de Paolo Bacigalupi, même si on peut trouver des oeuvres plus anciennes touchant à ce sujet comme "L'Ile du Docteur Moreau" de HG Wells ou encore "Le Meilleur des mondes" d'Aldous Huxley. Aujourd'hui, c'est Nicolas Debandt qui reprend ce thème.Il ne fera pas bon vivre dans le Paris de 2184, sauf à avoir la carte génétique qui fera de nous un Auréus ou, au minimum, un Nexilis. Car dans ce futur, c'est le patrimoine génétique qui décide de la caste à laquelle on appartient, ceux n'ayant pas les bons gènes étant condamné à vivre dans la pauvreté tandis que la richesse et le pouvoir permettront aux autres de contrôler la société au nom du bien commun.Pourtant, on trouve quelques hackers permettant à des futurs parents de manipuler l'ADN de leur progéniture et leur offrir ainsi un meilleur avenir ou même de s'offrir quelques capacités supplémentaires, leur permettant par exemple d'être déconnecté du réseau, gigantesque site où chacun est connecté en permanence, surveillé également et où la moindre erreur peut vous porter préjudice, vous faisant descendre dans la hiérarchie.On a donc affaire à un véritable univers cyberpunk où la génétique a remplacé l'informatique. On y trouve une énorme la société ayant le contrôle du monde via des brevets exclusifs sur les gènes et l'ADN, des pirates qui s'y attaquent en tout illégalité ainsi qu'un réseau de résistants luttant contre ce monde. On y trouve même une sorte de Rollerball où des équipes s'affrontent dans un stade devant des supporters oubliant leur soucis.L'histoire est donc un thriller avec un homme se réveillant anonyme et amnésique dans un monde où tout est sous contrôle, qui va se retrouver poursuivi pour un vol d'oeuvre aux Louvre et va rencontrer une jeune femme, résistante, qui est également à la recherche d'un échantillon. Si rien ne semble réunir les personnages et intrigues de cette histoire, ils vont forcément se retrouver emportés dans la même aventure, poursuivis par un policier totalement attaché au système.Les intrigues sont rondement menés, quoique jouant parfois un peu trop avec les stéréotypes du cyberpunk et de la dystopie, mais sachant toujours relancer son intrigue en les utilisant à bonne escient. Le récit initiatique que va vivre Yann, le personnage amnésique, étant particulièrement intéressant dans ce qu'il ajoute aux thématiques de ce livre sur le libre-arbitre, se retrouvant même à l'incarnerLe roman souffre tout de même de quelques défauts, notamment un final un brin abrupte et quelques facilités sur la fin où les événements semblent parfois un peu précipité. Ce qui gâche un roman qui frôlait pratiquement le sans-faute auparavant, du moins un récit maîtrisé, faute d'être totalement original. En tout cas, il n'est pas dur derrière l'aspect futuriste de ne pas voir dans cet univers une satyre du monde actuel.Une scène, à la fois effrayante et un brin ridicule, me semble résumer ce roman : le policier ayant choisi une mère pour son futur fils décide d'officialiser cela via une sorte de coït virtuel qui sera entendu sur le réseau, offrant à tout le monde la carte génétique du futur enfant. Cette scène montre l'air de rien les dérives que l'eugénisme et la surveillance informatique, voir l'exhibition, pourrait entraîner dans un monde pas si lointain.Note : 8/10