Une voix qui s'élève, qui pénètre votre cerveau, votre corps tout entier, une voix qui ne vous quittera plus, gravée à jamais sur les parois de votre esprit, qui glisse sur votre épiderme à vous donner la chair de poule pour une éternité. Il est de la littérature comme de la musique. Vous avez des chanteuses qui s'essoufflent, s'époumonent, ventilent pour pas grand-chose, pour quelques chansonnettes ridicules. Puis il y a les grandes chanteuses, celles qui placent les notes justes, celles à qui l'on offre des grands rôles. A n'en pas douter Mélanie Fazi fait partie de celles-ci et j'en suis sûr, elle jouera un grand rôle dans la littérature fantastique francophone. Impossible de définir ce livre, ce choc que j'ai eu en lisant les dix nouvelles de ce recueil. Impossible de dire exactement cette fascination que j'ai encore pour certaines de ces nouvelles qui sont pour moi des chef-d'oeuvres, des pépites, des mondes dans lesquels j'ai plaisir à m'engouffrer et qui donnent à la vie un goût amer et en même temps sucré. Il y a des livres qui vivent et qui vous aident à vivre, qui vous font grandir et qui vous dilatent les pupilles comme pour mieux vous faire voir le monde et l'au-delà . Serpentine fait partie de ceux là . Oh je sais, dans ce monde de suffisance dans lequel nous vivons on crie peut-être un peu trop vite au chef-d'oeuvre. Dans ce monde où il suffit de mettre trois hobbits, un magicien et quelques méchant orcs pour qu'un lectorat décolle en pleine extase, le livre de Mélanie Fazi pourrait ne pas peser bien lourd. Mais c'est une plume légère et en même temps grave qui défie les lois du temps et de l'espace, c'est une plume maîtrisée et sacrément bourrée d'émotion qu'utilise l'auteure. Donc c'est un chef-d'oeuvre, de la grande littérature, une nouvelliste hors paire et je n'ai plus d'adjectif, ni de mots assez forts pour crier combien ce livre est bouleversant. Dans ces dix nouvelles, il est souvent question de fantômes, de lieux hantés par des créatures trop vite parties, victimes de la méchanceté ou de la dureté de la vie, des fantômes sur une aire d'autoroute, estropiés de la route, des fantômes dans un métro pareils à ces SDF qu'on laisse crever en ces saisons où d'autres souffrent d'indigestion, tout écrasés qu'ils sont de dinde aux marrons. Mélanie Fazi, c'est un chant, c'est un cri. C'est l'observation attentive de lieux, d'endroits sales que la plume de l'auteure transcendante en des histoires fantastiques. Ce sont des gestes quotidiens qui vous font passer dans un ailleurs sombre et sensationnel. Se sont aussi des femmes, comme Mathilda cette chanteuse qui va jusqu'à porter sur scène les traces d'un crime dont elle a été victime et que chaque soir un public fait revivre, comme cette autre femme qui a perdu ses enfants enlevés par une force étrange, une histoire pleine de mystère et de féminité. Mathilda, pour en revenir quelques instants à ce récit, est à l'image des écrits de ce recueil, il montre à la lumière du fantastique les blessures du quotidien, les émotions qui vous blessent sans que vous puissiez le dire à quiconque, ces petits mots vexants qui s'échangent comme ça et qui vous laissent pourtant sur le coeur et sur la peau des cicatrices indélébiles. Les personnages de Mélanie Fazi sont des mutilés, souvent jeunes, voire des enfants, comme dans Rêve de cendre où une jeune fille aime le feu d'une passion dévorante, portant sur elle les stigmates de brûlure que lui impose un phoenix tout de flamme et d'or. Les personnages de Mélanie Fazi, nous les croisons tous les jours, à la télé, dans la rue sans peut-être nous y attarder, trop pressés que nous sommes de courir à nos activités quotidiennes. Il faut alors qu'une auteure de génie nous les rappelle, leur donne une seconde vie en nous entraînant alors dans ce monde, celui des malheureux, des morts, des âmes errantes, le tout trempé dans un fantastique inégalable et hors du commun, profondément original. Chez Mélanie Fazi, c'est le monde de l'enfance qui redevient une réalité, se sont les enfants qui voient, se sont les enfants qui savent et se sont les enfants qui sauvent, qui guident. C'est beau à pleurer comme on pleure devant certaines oeuvres qui vous ramènent à vous-même, à ce que vous étiez. Le fantôme de l'enfance comme dans Le faiseur de pluie, où pendant des vacances pluvieuses vous partez à la chasse aux fantômes. Et encore une fois dans cette nouvelle c'est l'enfant qui libère l'âme égarée et qui comprend le monde. Tout comme dans Nous reprendre à la route, où c'est une jeune fille qui vous guide dans le labyrinthe de la mort. L'écriture de Mélanie Fazi est organique, c'est sur la peau, sur le corps que l'on voit ce qui se passe, le tatouage comme dans la nouvelle qui donne son nom au recueil, un tatouage qui peut vous offrir une seconde vie grâce à une encre magique, des brûlures, des plaies béantes et un monde de tristesse. L'auteure dérange et secoue les corps et l'âme du lecteur d'une façon que je n'avais encore à ce jour que rarement rencontré. Mélanie Fazi n'est comparable à aucun autre auteur, mais peut-être, si je m'y risquais un peu, j'oserais comparer Serpentine à Loin à l'intérieur d'Armand Cabasson pour des thématiques communes... Mais se serait trop facile tant ces deux auteurs, qui sont certainement à l'heure actuelle les nouvellistes que j'admire le plus, ont su à leur façon créer une oeuvre originale et donc incomparable. Pour en revenir à Serpentine, je ne saurais que vous conseiller cet ouvrage. Achetez-le, volez-le, faîtes ce que vous voulez mais lisez-le ! Les nouvelles sont passionnantes, et à chaque fois il y a cette structure qui vous conduit sur une piste puis d'un seul coup, sans que vous y preniez garde, elle vous conduit ailleurs un peu comme dans le film Sixième Sens. Mélanie Fazi ose tout, même le western fantastique dans cette nouvelle qui clôt Serpentine, Ghost town blues, où une partie de poker peut vous coûter bien plus cher que quelques pence. Serpentine est un ouvrage remplit d'émotion, de courage et de plaisir d'écrire, on sent tout l'amour que Mélanie Fazi porte à chacun de ces personnages, on s'y attache, elle nous surprend, nous fait trembler et surtout elle nous émeut. Mélanie Fazi, en peignant avec brio les blessures de la vie quotidienne, crée ici l'un des meilleurs recueils de nouvelles fantastiques que j'ai lu à ce jour. Je conclurais donc par un grand merci à l'attention de Mélanie Fazi et je vous invite à vous jeter dans cet univers où serpente un chemin qui vous fera croiser une grande plume de la littérature fantastique. Un chef-d'oeuvre. Note : 10/10Le Cimmerien
Une voix qui s'élève, qui pénètre votre cerveau, votre corps tout entier, une voix qui ne vous quittera plus, gravée à jamais sur les parois de votre esprit, qui glisse sur votre épiderme à vous donner la chair de poule pour une éternité. Il est de la littérature comme de la musique. Vous avez des chanteuses qui s'essoufflent, s'époumonent, ventilent pour pas grand-chose, pour quelques chansonnettes ridicules. Puis il y a les grandes chanteuses, celles qui placent les notes justes, celles à qui l'on offre des grands rôles. A n'en pas douter Mélanie Fazi fait partie de celles-ci et j'en suis sûr, elle jouera un grand rôle dans la littérature fantastique francophone. Impossible de définir ce livre, ce choc que j'ai eu en lisant les dix nouvelles de ce recueil. Impossible de dire exactement cette fascination que j'ai encore pour certaines de ces nouvelles qui sont pour moi des chef-d'oeuvres, des pépites, des mondes dans lesquels j'ai plaisir à m'engouffrer et qui donnent à la vie un goût amer et en même temps sucré. Il y a des livres qui vivent et qui vous aident à vivre, qui vous font grandir et qui vous dilatent les pupilles comme pour mieux vous faire voir le monde et l'au-delà . Serpentine fait partie de ceux là . Oh je sais, dans ce monde de suffisance dans lequel nous vivons on crie peut-être un peu trop vite au chef-d'oeuvre. Dans ce monde où il suffit de mettre trois hobbits, un magicien et quelques méchant orcs pour qu'un lectorat décolle en pleine extase, le livre de Mélanie Fazi pourrait ne pas peser bien lourd. Mais c'est une plume légère et en même temps grave qui défie les lois du temps et de l'espace, c'est une plume maîtrisée et sacrément bourrée d'émotion qu'utilise l'auteure. Donc c'est un chef-d'oeuvre, de la grande littérature, une nouvelliste hors paire et je n'ai plus d'adjectif, ni de mots assez forts pour crier combien ce livre est bouleversant. Dans ces dix nouvelles, il est souvent question de fantômes, de lieux hantés par des créatures trop vite parties, victimes de la méchanceté ou de la dureté de la vie, des fantômes sur une aire d'autoroute, estropiés de la route, des fantômes dans un métro pareils à ces SDF qu'on laisse crever en ces saisons où d'autres souffrent d'indigestion, tout écrasés qu'ils sont de dinde aux marrons. Mélanie Fazi, c'est un chant, c'est un cri. C'est l'observation attentive de lieux, d'endroits sales que la plume de l'auteure transcendante en des histoires fantastiques. Ce sont des gestes quotidiens qui vous font passer dans un ailleurs sombre et sensationnel. Se sont aussi des femmes, comme Mathilda cette chanteuse qui va jusqu'à porter sur scène les traces d'un crime dont elle a été victime et que chaque soir un public fait revivre, comme cette autre femme qui a perdu ses enfants enlevés par une force étrange, une histoire pleine de mystère et de féminité. Mathilda, pour en revenir quelques instants à ce récit, est à l'image des écrits de ce recueil, il montre à la lumière du fantastique les blessures du quotidien, les émotions qui vous blessent sans que vous puissiez le dire à quiconque, ces petits mots vexants qui s'échangent comme ça et qui vous laissent pourtant sur le coeur et sur la peau des cicatrices indélébiles. Les personnages de Mélanie Fazi sont des mutilés, souvent jeunes, voire des enfants, comme dans Rêve de cendre où une jeune fille aime le feu d'une passion dévorante, portant sur elle les stigmates de brûlure que lui impose un phoenix tout de flamme et d'or. Les personnages de Mélanie Fazi, nous les croisons tous les jours, à la télé, dans la rue sans peut-être nous y attarder, trop pressés que nous sommes de courir à nos activités quotidiennes. Il faut alors qu'une auteure de génie nous les rappelle, leur donne une seconde vie en nous entraînant alors dans ce monde, celui des malheureux, des morts, des âmes errantes, le tout trempé dans un fantastique inégalable et hors du commun, profondément original. Chez Mélanie Fazi, c'est le monde de l'enfance qui redevient une réalité, se sont les enfants qui voient, se sont les enfants qui savent et se sont les enfants qui sauvent, qui guident. C'est beau à pleurer comme on pleure devant certaines oeuvres qui vous ramènent à vous-même, à ce que vous étiez. Le fantôme de l'enfance comme dans Le faiseur de pluie, où pendant des vacances pluvieuses vous partez à la chasse aux fantômes. Et encore une fois dans cette nouvelle c'est l'enfant qui libère l'âme égarée et qui comprend le monde. Tout comme dans Nous reprendre à la route, où c'est une jeune fille qui vous guide dans le labyrinthe de la mort. L'écriture de Mélanie Fazi est organique, c'est sur la peau, sur le corps que l'on voit ce qui se passe, le tatouage comme dans la nouvelle qui donne son nom au recueil, un tatouage qui peut vous offrir une seconde vie grâce à une encre magique, des brûlures, des plaies béantes et un monde de tristesse. L'auteure dérange et secoue les corps et l'âme du lecteur d'une façon que je n'avais encore à ce jour que rarement rencontré. Mélanie Fazi n'est comparable à aucun autre auteur, mais peut-être, si je m'y risquais un peu, j'oserais comparer Serpentine à Loin à l'intérieur d'Armand Cabasson pour des thématiques communes... Mais se serait trop facile tant ces deux auteurs, qui sont certainement à l'heure actuelle les nouvellistes que j'admire le plus, ont su à leur façon créer une oeuvre originale et donc incomparable. Pour en revenir à Serpentine, je ne saurais que vous conseiller cet ouvrage. Achetez-le, volez-le, faîtes ce que vous voulez mais lisez-le ! Les nouvelles sont passionnantes, et à chaque fois il y a cette structure qui vous conduit sur une piste puis d'un seul coup, sans que vous y preniez garde, elle vous conduit ailleurs un peu comme dans le film Sixième Sens. Mélanie Fazi ose tout, même le western fantastique dans cette nouvelle qui clôt Serpentine, Ghost town blues, où une partie de poker peut vous coûter bien plus cher que quelques pence. Serpentine est un ouvrage remplit d'émotion, de courage et de plaisir d'écrire, on sent tout l'amour que Mélanie Fazi porte à chacun de ces personnages, on s'y attache, elle nous surprend, nous fait trembler et surtout elle nous émeut. Mélanie Fazi, en peignant avec brio les blessures de la vie quotidienne, crée ici l'un des meilleurs recueils de nouvelles fantastiques que j'ai lu à ce jour. Je conclurais donc par un grand merci à l'attention de Mélanie Fazi et je vous invite à vous jeter dans cet univers où serpente un chemin qui vous fera croiser une grande plume de la littérature fantastique. Un chef-d'oeuvre. Note : 10/10
Le Cimmerien
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