Pour son premier roman, Mélanie Fazi nous démontre une fois encore son talent et la profonde sensibilité et humanité qui l'habite. Trois pépins du Fruit des Morts va en effet nous parler une nouvelle fois de l'enfance et de ses troubles, mais aussi de la féminité, de l'amour, de la vengeance et du flux sacré des sentiments, ces sentiments qui nous font vivre et survivre, que l'on soit humains ou immortels... Annabelle Stavrakis est une toute jeune fille de douze ans, fille d'émigrés grecs et de Maria-Dimitra Stravakis, sa mère, celle qui a tronqué son nom en un simple Maria. Annabelle, c'est pour faire plus simple, plus coulant dans la bouche, plus original, et peut-être même plus couleur locale, allez savoir. Mais pour Annabelle, ce nom qui ne sonne pas grec résonne à ses oreilles comme un blasphème, un sacrilège, elle l'enfant passionnée de mythologie grecque. Annabelle est une enfant mal dans sa peau, une enfant en conflit avec sa famille mais surtout en conflit avec son corps qui change jours après jour, envers cette puberté maudite qui pointe le bout de son nez et qui la dégoûte. Annabelle, banale petite fille passionnée par ses livres et sa mythologie voit les portes de l'enfance se refermer chaque jour un peu plus derrière elle et un gouffre d'incompréhension s'ouvrir un peu plus à chaque pas. Alors Annabelle va fuir. Elle va disparaître pendant quinze jours, le jour des premières neiges, et reviendra un peu plus maigre, un peu plus grande, et surtout intérieurement très changée. Tellement transformée que sa mère Maria se demandera si c'est bien sa véritable fille qu'on lui a rendue. Mais Annabelle se refusera toujours à révéler à sa famille ce qui s'est réellement passé durant ces deux semaines et d'interrogations en incompréhension, l'enfant va peu à peu s'engager sur une voie bien dangereuse... On apprend plus tard qu'Annabelle a fait la connaissance de Kyra, la déesse Perséphone en personne, fille de Déméter déesse des moissons et épouse d'Hadès qui l'a un jour enlevée pour faire d'elle la déesse des Enfers. Un enlèvement dans la violence et la possession brutale pour la jeune Corée devenue Perséphone. Alors la tristesse qui a envahi le Coeur de Déméter a fait plonger l'hiver sur le monde des hommes. Six mois de gel durant lesquels Perséphone est aux enfers et six mois d'été lorsque Perséphone retrouve sa mère et remonte à la surface. Une éternité de passivité, un monde de mort, d'insensibilité et de froid immuable. Mais les Dieux de l'Olympe sont désormais affaiblis et en exil et Kyra est venue emporter un beau jour Annabelle pour lui apporter l'immortalité et lui faire goûter à son tour les Trois Pépins de grenade qui lui feront enfin cesser de grandir et de vieillir et exauceront son voeux le plus cher. Mais la promesse de Kyra à une enfant naïve sera-t-elle vraiment ce que l'enfant croit qu'elle est ? Qui est vraiment la déesse, pourquoi est-elle venue vers Annabelle ? Et surtout quel sera le fruit de la rencontre entre la jeune humaine pleine de ferveur envers les dieux passés et la déesse déchue pleine de rancoeur, de douleur et de secrets inavoués ? Laquelle des deux a réellement le plus besoin de l'autre dans ce monde qui fuit et se délite peu à peu ? Beaucoup de questions fascinantes que Mélanie Fazi nous offre dans ce somptueux roman à la fois cruel et profondément humain, une merveille de sensibilité et une voix de femme qui s'élève, extrêmement lucide et évocatrice. Trois Pépins du fruit des morts est vraiment un roman de l'intériorité, un roman du questionnement et de la féminité. Les troubles de l'enfance prépubère sont magistralement rendus et cette fillette qui refuse de grandir et de vieillir, c'est l'écho d'une petite voix qui résonne en chacun de nous. Sur le roman plane constamment le voile de l'anorexie et du suicide de l'enfant, que vient sublimer un fantastique inspiré des contes et de la mythologie. Mélanie Fazi ressuscite les grandes figures de l'Olympe pour nous parler de la douleur de l'enfance et Le conte la reine des neiges vient nous parler de la douleur de la séparation, la douleur d'une mère qui a perdu son enfant. Beaucoup de cruauté et de souffrance à la fois sublimées et renforcées par les références et par la puissance évocatrice de l'auteure. Ce roman est d'une incroyable dureté et le trio de voix qui s'unissent pour conter le mal être et leur douleurs réciproques est fascinant et d'une rare beauté : Maria la mère éplorée et dans l'incompréhension la plus totale, Annabelle l'enfant qui rêve d'immortalité et d'innocence éternelle (mais est-elle si innocente que cela ?) et Kyra la déesse qui veut reprendre prise sur son destin. Trois existences, trois destins de femme dans leur confusion, leurs doutes, leurs errances et leurs convictions profondes. Trois vies irrémédiablement bouleversées par la venue de l'hiver qui s'abat sur le monde et sur le coeur des hommes, ce froid qui engourdit et qui rend peu à peu insensible au monde et la vie réelle. Splendide. Un Prix Merlin amplement mérité pour une oeuvre magnifique qui sait parler au coeur et à l'âme. L'auteure nous guide dans les méandres des références pour toucher directement notre inconscient et notre part d'enfance qui sommeille. Les contes et la mythologie nous touchent dans ce qu'il y a de plus primordial en nous, dans notre humanité et notre inconscient collectifs. Trois Pépins du Fruit des Morts parlera peut-être plus aisément aux femmes et aux jeunes filles car il évoque avec nuances et subtilité tous les âges et les incidents de la féminité : l'enfance, la puberté, la naissance, la défloration, l'amour, la maternité et l'amour parental ainsi que le temps qui passe et qui use. Une ode à la vie qui se clôt par un renversement inattendu et éminemment symbolique. Une fin ouverte qui nous plonge dans une réflexion sur la vie et la mort, le bien et le mal ainsi que la cruauté de l'enfance. La destinée d'Annabelle soulève encore beaucoup de questions et ce roman laisse vraiment un étrange goût dans la bouche. Mélanie Fazi sait parler des hommes et surtout des enfants et un talent comme cela mérite vraiment d'être salué bien bas... Chez Mélanie Fazi tout est bon, du style à l'intrigue et je vous supplie de ne pas passer à côté, vous manqueriez vraiment quelque chose... Note : 9/10 Chaperon Rouge A propos de ce livre : - Site de l'éditeur : http://www.nestiveqnen.com/
Pour son premier roman, Mélanie Fazi nous démontre une fois encore son talent et la profonde sensibilité et humanité qui l'habite. Trois pépins du Fruit des Morts va en effet nous parler une nouvelle fois de l'enfance et de ses troubles, mais aussi de la féminité, de l'amour, de la vengeance et du flux sacré des sentiments, ces sentiments qui nous font vivre et survivre, que l'on soit humains ou immortels... Annabelle Stavrakis est une toute jeune fille de douze ans, fille d'émigrés grecs et de Maria-Dimitra Stravakis, sa mère, celle qui a tronqué son nom en un simple Maria. Annabelle, c'est pour faire plus simple, plus coulant dans la bouche, plus original, et peut-être même plus couleur locale, allez savoir. Mais pour Annabelle, ce nom qui ne sonne pas grec résonne à ses oreilles comme un blasphème, un sacrilège, elle l'enfant passionnée de mythologie grecque. Annabelle est une enfant mal dans sa peau, une enfant en conflit avec sa famille mais surtout en conflit avec son corps qui change jours après jour, envers cette puberté maudite qui pointe le bout de son nez et qui la dégoûte. Annabelle, banale petite fille passionnée par ses livres et sa mythologie voit les portes de l'enfance se refermer chaque jour un peu plus derrière elle et un gouffre d'incompréhension s'ouvrir un peu plus à chaque pas. Alors Annabelle va fuir. Elle va disparaître pendant quinze jours, le jour des premières neiges, et reviendra un peu plus maigre, un peu plus grande, et surtout intérieurement très changée. Tellement transformée que sa mère Maria se demandera si c'est bien sa véritable fille qu'on lui a rendue. Mais Annabelle se refusera toujours à révéler à sa famille ce qui s'est réellement passé durant ces deux semaines et d'interrogations en incompréhension, l'enfant va peu à peu s'engager sur une voie bien dangereuse... On apprend plus tard qu'Annabelle a fait la connaissance de Kyra, la déesse Perséphone en personne, fille de Déméter déesse des moissons et épouse d'Hadès qui l'a un jour enlevée pour faire d'elle la déesse des Enfers. Un enlèvement dans la violence et la possession brutale pour la jeune Corée devenue Perséphone. Alors la tristesse qui a envahi le Coeur de Déméter a fait plonger l'hiver sur le monde des hommes. Six mois de gel durant lesquels Perséphone est aux enfers et six mois d'été lorsque Perséphone retrouve sa mère et remonte à la surface. Une éternité de passivité, un monde de mort, d'insensibilité et de froid immuable. Mais les Dieux de l'Olympe sont désormais affaiblis et en exil et Kyra est venue emporter un beau jour Annabelle pour lui apporter l'immortalité et lui faire goûter à son tour les Trois Pépins de grenade qui lui feront enfin cesser de grandir et de vieillir et exauceront son voeux le plus cher. Mais la promesse de Kyra à une enfant naïve sera-t-elle vraiment ce que l'enfant croit qu'elle est ? Qui est vraiment la déesse, pourquoi est-elle venue vers Annabelle ? Et surtout quel sera le fruit de la rencontre entre la jeune humaine pleine de ferveur envers les dieux passés et la déesse déchue pleine de rancoeur, de douleur et de secrets inavoués ? Laquelle des deux a réellement le plus besoin de l'autre dans ce monde qui fuit et se délite peu à peu ? Beaucoup de questions fascinantes que Mélanie Fazi nous offre dans ce somptueux roman à la fois cruel et profondément humain, une merveille de sensibilité et une voix de femme qui s'élève, extrêmement lucide et évocatrice. Trois Pépins du fruit des morts est vraiment un roman de l'intériorité, un roman du questionnement et de la féminité. Les troubles de l'enfance prépubère sont magistralement rendus et cette fillette qui refuse de grandir et de vieillir, c'est l'écho d'une petite voix qui résonne en chacun de nous. Sur le roman plane constamment le voile de l'anorexie et du suicide de l'enfant, que vient sublimer un fantastique inspiré des contes et de la mythologie. Mélanie Fazi ressuscite les grandes figures de l'Olympe pour nous parler de la douleur de l'enfance et Le conte la reine des neiges vient nous parler de la douleur de la séparation, la douleur d'une mère qui a perdu son enfant. Beaucoup de cruauté et de souffrance à la fois sublimées et renforcées par les références et par la puissance évocatrice de l'auteure. Ce roman est d'une incroyable dureté et le trio de voix qui s'unissent pour conter le mal être et leur douleurs réciproques est fascinant et d'une rare beauté : Maria la mère éplorée et dans l'incompréhension la plus totale, Annabelle l'enfant qui rêve d'immortalité et d'innocence éternelle (mais est-elle si innocente que cela ?) et Kyra la déesse qui veut reprendre prise sur son destin. Trois existences, trois destins de femme dans leur confusion, leurs doutes, leurs errances et leurs convictions profondes. Trois vies irrémédiablement bouleversées par la venue de l'hiver qui s'abat sur le monde et sur le coeur des hommes, ce froid qui engourdit et qui rend peu à peu insensible au monde et la vie réelle. Splendide. Un Prix Merlin amplement mérité pour une oeuvre magnifique qui sait parler au coeur et à l'âme. L'auteure nous guide dans les méandres des références pour toucher directement notre inconscient et notre part d'enfance qui sommeille. Les contes et la mythologie nous touchent dans ce qu'il y a de plus primordial en nous, dans notre humanité et notre inconscient collectifs. Trois Pépins du Fruit des Morts parlera peut-être plus aisément aux femmes et aux jeunes filles car il évoque avec nuances et subtilité tous les âges et les incidents de la féminité : l'enfance, la puberté, la naissance, la défloration, l'amour, la maternité et l'amour parental ainsi que le temps qui passe et qui use. Une ode à la vie qui se clôt par un renversement inattendu et éminemment symbolique. Une fin ouverte qui nous plonge dans une réflexion sur la vie et la mort, le bien et le mal ainsi que la cruauté de l'enfance. La destinée d'Annabelle soulève encore beaucoup de questions et ce roman laisse vraiment un étrange goût dans la bouche. Mélanie Fazi sait parler des hommes et surtout des enfants et un talent comme cela mérite vraiment d'être salué bien bas... Chez Mélanie Fazi tout est bon, du style à l'intrigue et je vous supplie de ne pas passer à côté, vous manqueriez vraiment quelque chose... Note : 9/10
Chaperon Rouge
A propos de ce livre :
- Site de l'éditeur : http://www.nestiveqnen.com/