La planète Ester, où l'humanité s'est réfugiée, voit sa fin arriver. Son soleil Aloboam est en effet devenu instable... Les mentalistes et les moncles ont donc fabriqué un gigantesque vaisseau, l'Esterion, afin de partir coloniser une lointaine planète. A son bord, on trouvera deux groupes, chacun composé de 5000 personnes qui ignorent la présence de l'autre. D'un coté, les kroptes, un peuple dont la religion prône la non violence, et de l'autre coté, les deks, d'anciens détenus de la prison de Doeq et pratiquement tous des tueurs.

On trouve donc au centre de ce récit deux religions totalement différentes qui dominent Ester et surtout le pire fanatisme que peut engendrer la croyance. Ainsi, les deks, dont la religion tourne autours du clonage, sont des tueurs dont le principal plaisir semble être l'extermination de tous ceux qui ne croient pas en leur religion et qui ne sont pas des clones comme eux, et qui se montrent impitoyables et assoiffés autant de pouvoir que de sang. De l'autre coté, on a les kroptes, une religion pacifique prônant la non-violence, persuadés que leurs adversaires n'oseront pas troubler l'ordre cosmique et que même s'ils le faisaient, ce dernier leur viendrait en aide. Cette religion a pourtant sa propre violence, beaucoup plus insidieuse, et ainsi les femmes qui n'ont pas trouvé de mari à l'âge de dix-huit ans sont bannies de leur maison et deviennent des ventres-sec, des proscrites obligées de mendier de ferme en ferme pour survivre. Et le sort fait aux femmes adultères et aux blasphémateurs ne semblent pas plus enviable ! Ces deux religions opposées finissent donc par se rejoindre dans une certaines forme de fanatisme...

Mais même les idéaux religieux peuvent voler en éclat. Ainsi, à bord de l'Esterion, ce sera les kroptes qui déclencheront une guerre. En effet, les deks y verront une opportunité de réhabilitation et de rédemption, la chance de démarrer une nouvelle vie. Mais les kroptes ne verront en eux que des assassins et des violeurs, qui veulent leur prendre leurs femmes, et certains décideront de se défendre fasse à ces envahisseurs. La cohabitation va donc bien mal commencer et elle est supposée durer 120 ans...

Cependant, il y a aussi deux personnages principaux au centre de cette histoire, un homme et une femme, un couple assez improbable : Elle, Ellula, est une jeune et jolie kropte mariée contre son grès à un riche fermier et qui va se rebeller contre sa condition. De l'autre coté, on a Abzalon qui est l'antithèse d'Ellula, un homme violent, voyant dans les femmes des monstres à supprimer, un tueur sans pitié, mais leur rencontre va le changer. C'est la Belle et la Bête en quelques sorte. Ce couple n'est pas s'en en rappeler d'autres dans l'œuvre de Bordage, que ce soit celui des "guerriers du silence", des "Derniers hommes" ou de "l'Ange de l'Abîme" mais avec ses propres particularités également. Ainsi, sur la forme, le tueur Abzalon entretient peu de rapport avec les  jeunes hommes des romans cités plus haut et bien qu'elle soit aussi belle, Ellula ne semble pas provoquer la même fascination que les autres héroïnes, elle a même un petit coté émouvant que les autres n'avaient pas.

Voilà a peu près tout ce qu'on peut dire sur "Abzalon", un long voyage dans l'espace assez prévisible, où il est un peu difficile de s'y retrouver au début et qui devient un peu redondant vers la fin. Une épopée assez longue, parfois violente, mais qui arrive quand même à être captivante. Le traitement de la religion et du fanatisme est assez classique aussi et les conclusions de l'auteur manquent également d'originalité. Ce n'est donc pas le meilleur Bordage, même si ce roman réserve quand même de bien bonnes surprises.

Note : 8/10

Stegg