Acacia, tome 1 - La Guerre du Mein
Titre original: Acacia, The war with The Mein
Genre: Fantasy
Année: 2008
Pays d'origine: Etats-Unis
Editeur: Le Pré aux Clercs
Auteur: David Anthony Durham
Traducteur:
Thierry Arson
 

C'est sans doute une île sur laquelle vous aimeriez passer quelques jours de vacances. Un climat agréable, la mer et les acacias en fleur qui donnent d'ailleurs leur nom à l'île. Des appartements fastueux et pour cause, ils abritent ceux du souverain absolu : Leodan Akaran et toute sa famille. Depuis de nombreuses années, la famille Akaran règne sur toutes les terres connues et le royaume semble prospère et calme. Mais les apparences sont trompeuses et l'œuvre de David Anthony Durham bien plus complexe et dense, peut-être un peu trop même, que ce qu'il y parait au premier abord…


Leodan, roi absolu, est vieillissant et rongé par la Brume, cette drogue dont tout le monde semble accro et qui fait entrer l'or dans les caisses de l'état, mais le souverain est aussi rongé par les remords. Il y a quelques années, quand il a pris la suite de son père, il avait dans la tête plein de beaux idéaux mais on ne gouverne pas avec des idées… Certes la paix règne mais à quel prix ! Leodan lui-même subit la pression d'un étrange peuple qui lui impose l'envoi d'esclaves, il subit la pression de la Ligue des Marchands et partout, sur ces terres trop vastes, l'esclavage n'est pas aboli. Le peuple ne se rend pas compte, il est bien trop absorbé par la Brume mais voilà qu'un jour un mystérieux tueur assassine le roi et tout va changer! Mais en fait pas tant que ça finalement.  Un nouveau pouvoir, un nouveau peuple à la tête du vaste royaume, une nouvelle paix mais rien qui ne change véritablement si ce n'est pour les quatre enfants du défunt roi contraints à l'exil. Cependant les dieux, le destin et les volontés des divers protagonistes, nombreux, très nombreux, vont en décider autrement et bientôt la guerre et le jeu des conspirations et autres complots entre en jeu…

Et dire que là, je n'ai résumé que les 200 premières pages de ce pavé, dense, complexe et ardu qu'est Acacia ! L'œuvre de David Anthony Durham est tout simplement phénoménale, même si elle s'adresse à un public plus amateur d'une fantasy basée sur la politique et les intrigues de cours que sur l'action et l'héroïsme à outrance. Oui, ici il n'y a pas de véritable héros, si ce n'est tous les personnages et ces personnages eux même ne sont pas ce genre de héros auquel on peut s'attendre, ils ont tous leurs zones d'ombre et même les méchants sont pardonnables dans leurs actions, c'est-à-dire dans leur volonté de s'émanciper du joug d'un roi et d'une famille depuis trop longtemps au pouvoir. Mais une révolution ne sert toujours que quelques hommes et ne change rien aux problèmes, du moins c'est ce que semble vouloir nous dire l'auteur...

Alors cet auteur est plus connu des lecteurs pour ses romans historiques et c'est d'ailleurs plus comme cela qu'est traité l'intrigue de son volumineux roman. C'est-à-dire pas de trolls, d'Elfes ou autres, seulement un peu de magie qui participe d'ailleurs de l'action politique et quelques créatures de-ci de-là. La force du roman tient surtout dans la complexité du monde mis en place par Durham, un monde très vaste qui tantôt s'inspire des peuples africains, tantôt océaniens et donc place son roman dans un contexte plus ou moins concret. L'histoire est découpée en fonction des nombreux personnages, c'est-à-dire les enfants du roi qui l'un devient pirate (ce qui nous vaut les plus beaux passages du livre à mon avis), l'autre prophétesse d'un culte sanglant et aussi d'autres personnages plutôt méchants mais traité à l'égale des bons, ces mêmes bons, rappelons-le, qui ont cautionné pendant des années l'esclavages et l'utilisation de drogues…

En un mot, David Anthony Durham se joue du manichéisme, des codes d'habitude mis en place dans ce genre d'œuvres et il nous propose alors un livre à la forte teneur philosophique et encore une fois politique, comme une vaste réflexion sur la révolution et les conditions du pouvoir. Ce qui fait d'Acacia une œuvre riche, dense, qui se permet aussi des purs passages d'action entre autres un final somptueux, une bataille terrible, avec des rebondissements et des mystères qui laissent présager un bon second tome.

Mais, car il faut bien un mais, Acacia a aussi les défauts de ses qualités. A éclater l'histoire en multiples personnages, on a du mal à s'attacher vraiment à un protagoniste en particulier, même si un effort de caractérisation énorme est fait par l'auteur. Et surtout l'œuvre peut dérouter certains lecteurs tant elle peut paraître "mastoque". Acacia, c'est un bloc avec ses aventures, ses histoires d'amour terribles (surtout une mais je ne peux pas vous en parler) ses trahisons, ses jalousies et aussi ses temps un peu morts, ses chapitres un peu longs et son côté encore une fois ardu. Mais rien d'insurmontable rassurez-vous, d'autant plus que la plume de Durham, au style un brin particulier, réserve bien des surprises! A ce niveau d'ailleurs le début du roman est absolument fantastique, avec cette ombre de la mort, de la perte d'un proche, traitée presque sur le ton du vécu. C'est d'ailleurs une constante de l'écriture de l'auteur, on sent un investissement tout particulier et rappelons, comme l'écrit l'éditeur, que Durham est issu d'une famille afro-américaine et je crois que c'est de cela que parle ici l'auteur… Il y dénonce l'esclavage, l'abêtissement des masses, de la drogue qui tue, des familles meurtries et de la politique qui ne change rien aux choses… Bref, un roman d'actualité malheureusement.


Acacia est loin, très loin, de ce que j'aime d'habitude en matière de fantasy et pourtant, malgré les longueurs, le roman m'a subjugué par cette plume si proche du réel et du vrai. Dans ma chronique je n'ai malheureusement pas pu parler de tout, car il est tout d'abord impossible de parler de tout devant une telle œuvre, mais aussi car certaines situations sont développées sur une centaine de pages donc si je vous dit telle ou telle chose la lecture risque d'être ennuyeuse. Mais là, vous êtes maintenant prévenus, Acacia est une œuvre particulière qui séduira les amateurs d'une fantasy complexe et très philosophique, passionnante et que je vous conseille plus que vivement… Pour ma part, j'attends le tome 2, toujours chez le Pré aux Clercs. Ce dernier devrait s'annoncer passionnant vu tous les mystères et les étrangetés qui n'ont pas encore été résolus par tous les personnages. Et il y en a croyez-moi! Un régal!

 

Note : 8/10

Le Cimmerien

 

A propos de ce livre : 

 

- Site de l'éditeur : Le Pré aux Clercs

- Site de l'auteur : http://www.davidanthonydurham.com/

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