Originaire du Nebraska, Stephen R. Lawhead est connu internationalement pour son Cycle de Pendragon, une relecture mystique des légendes arthuriennes façon Atlantide. Passionné par l'histoire anglo-saxonne, ses légendes et ses prémices celtiques, il n'a jamais vraiment quitté Oxford : après Pendragon, il revisite tour à tour les croisades (La lance de fer) et la pieuse vie de l'irlandais Saint Patrick (Son of Ireland). On pourrait comparer son processus d'écriture à celui d'un Christian Jacq, mais la ressemblance s'arrête là : Lawhead a compris que la fiction historique ne devait pas nécessairement partager le côté poussiéreux et ronflant des cours d'histoire style fac, mais pouvait aussi donner à une bonne histoire de (presque) medieval fantasy des saveurs nouvelles et exotiques. Dernière en date, celle de Robin des Bois...
Bran ap Brychan est destiné à devenir le roi d'Elfael, mais n'est guère pressé... Or, le poids des responsabilités va lui tomber dessus plus vite qu'il ne l'imaginait après la mort brutale de son père dans une embuscade des Ffreincs. C'est en plein dans ces temps sombres pour le Pays de Galles, l'ère des campagnes de William le Rouge, que Stephen R. Lawhead situe la genèse d'un personnage dont on ne sait guère encore aujourd'hui s'il a réellement existé ou s'il s'agit d'un mythe : Robin des Bois. Si le lecteur habitué n'en fera pas cas, le néophyte pourra être rebuté par le style de Lawhead, alternant des dépictions et des descriptions à l'énoncé très moderne et des dialogues volontairement surannés. Passé cet écueil, le roman se lit bien entendu d'une traite : Lawhead, comme les meilleurs vins, s'est peaufiné, affermi, bonifié avec le temps. On y retrouve tous les thèmes de prédilection de l'auteur de Pendragon, du folklore médiéval et pré-médiéval chrétien aux imageries païennes, celtiques il va de soi.
Le schéma narratif ne réserve pas de surprises notables avant le milieu du roman environ, il suit un déroulement relativement linéaire à mi-chemin entre la quête initiatique et l'aventure classique, avant de prendre un tournant délicieux vers les vingtièmes chapitres... On n'en dira pas plus, sinon que les aficionados de Lawhead y trouveront leur compte et que les non initiés apprécieront ce qui a toujours fait la grande force de cet auteur : son intarissable puits de connaissances historiques. Il s'agit, comme avec Empyrion, de ne pas se laisser distraire ou perdre par la toponymie et les patronymes des nombreux personnages... La lecture d'un Lawhead demande une concentration de tous les instants ! Quand enfin le calme retombe sur le royaume d'Elfael, après près de quatre cent pages au rythme soutenu (oui, Lawhead est un de ces auteurs qui considèrent qu'une histoire terminée est terminée, par Taranis, et qu'elle ne mérite pas une seule ligne inutile pour la forme), le lecteur se verra gratifié d'une petite leçon d'histoire... L'occasion (merci le dessin animé de Disney) de se débarrasser de quelques clichés sur Robin des Bois et de pardonner à l'auteur son incursion en Pays de Galles. Certes, pour nous français, un anglois reste un anglois, mais nos voisins sont très susceptibles sur le sujet...
Notez qu'une œuvre musicale basée sur le livre a été composée, vous la trouverez sur iTunes (King Raven) et voudrez sans doute tenter l'expérience mixte livre-musique... Je ne peux que trop vous le recommander ! Robin est à savourer sans modération donc, avec un tout petit bémol : quelques longueurs dont on se passerait volontiers, d'autant qu'en parallèle certaines scènes d'action se produisent un peu trop vite, dans un flou gaussien d'épées qui s'entrechoquent... Et puis entre nous, on savait les anglais pudiques mais on attendrait d'un américain (fusse-t-il expatrié) qu'il nous épargne les périphrases dès qu'il est question de sexe : Stephen, nous sommes grands, tout de même !
Note : 8/10
Julienmorgan
A propos de ce livre :
- Site de l'auteur : http://www.stephenlawhead.com/
- Site de l'éditeur : http://www.orbitbooks.fr/