La terre est de plus en plus polluée, pratiquement tous les animaux sauvages ont disparu et la flore ne se porte pas vraiment mieux. La nourriture est devenue une denrée rare et il est impossible de sortir de chez soi sans son masque à gaz. En plus les plaguers, des humains doués de pouvoirs psychiques, sont apparus et l'humanité qui n'a pas supporté ces êtres différents à décidé de les enfermer dans des centres spéciaux.
Illya, une jeune femme produisant des plantes et que ses parent ont essayé de faire changer de sexe afin que sa plaie disparaisse, et Quentin, un jeune homme produisant de l'eau à volonté et même au delà, vont rentrer en même temps dans l'une de ces prisons où ils vivront avec des personnes comme eux. Il va donc leur falloir s'acclimater à leur nouvelle vie, s'intégrer à une communauté et apprendre à maîtriser leur don.
Mais Illya va avoir autant de mal à se faire à sa nouvelle vie qu'à son nouveau sexe malgré l'aide de son compagnon d'infortune qui s'est beaucoup mieux adapté qu'elle à leur situation. Bien décidé à l'aider à accepter sa nouvelle condition, Quentin va tenter d'aider sa nouvelle amie malgré les difficultés qui vont se présenter, surtout que le jeune homme n'est pas totalement insensible à la personnalité d'Illya.
Si l'on peut penser au début de ce roman à des oeuvres comme A la poursuite des Slans de A.E. Van Vogt ou même aux X-men avec ces adolescents traqués par l'humanité qui les considère comme aussi monstrueux que dangereux à cause de leurs pouvoirs, autant don que malédiction, Jeanne-A Debats s'éloigne assez rapidement de ces deux références pour nous raconter une histoire bien différente et esquisser le portrait d'un monde qui semble devenu fou.
Ce monde on le verra à travers les yeux de deux adolescents écœurés par ce qu'il leur a fait, ce que la société leur a fait subir et par le destin que leur parents l'ont eux réservés. Sans compter que cette société enferme ceux qui pourraient peut-être la sauver de sa destruction, car elle a peur de leurs différences et qu'elle ne les accepte pas. L'humanité apparaît alors à Illya et Quentin comme complètement absurde.
Paradoxalement, c'est donc parmi les autres plaguers, dans leur prison, qu'ils vont trouver un havre de paix, presque le paradis sur terre, mais le bonheur ne dure jamais vraiment et le mauvais caractère de la jeune femme va vite devenir insupportable pour le pauvre Quentin, qui va être alors aussi à fleur de peau que sa jeune amie, puisque c'est autant leur relation que celle avec les autres plaguers qui va s'envenimer...
Et loin de se concentrer uniquement sur les relations entre les plaguers, l'intrigue va aussi confronter nos personnages à une menace qu'il n'avait pas prévue, qui pourrait aussi bien signifier la fin des plaguers que de l'humanité mais contre laquelle aucune des deux parties ne semble rien pouvoir et qui pourrait donc entraîner l'apocalypse plus tôt que prévu, encore que dans la description de ce Paris futuriste, on a l'impression qu'elle a déjà eu lieu.
Le roman de Jeanne-A Debats s'amuse donc avec beaucoup de concepts SF qu'il mélange avec des histoires conflictuelles d'adolescents, le tout écrit avec une plume qui semble parfois aussi à vif que les personnages, comme si elle connaissait et subissait également toutes ses souffrances. Ça n'en devient alors que plus poignant, plus fort, et fait donc subir toute une palette d'émotions aux lecteurs qui se seront aventurés en ces pages.
Mélangeant science et poésie, Jeanne-A débats livre donc là un roman surprenant et dont il est difficile de parler sans trop en révéler. A la fois court et intense, Plagguers est un livre qui cache ses ambitions pour finalement mieux nous les envoyer à la figure lors d'un final intense, plein d'émotions et sensible où la forme brillera autant que le fond et où les destins se dessineront alors dans les larmes...
Note : 8/10
Stegg
A propos de ce livre :
- Blog de l'auteur : http://jeanne-a-debats.fantasyblog.fr/
- Site de l'éditeur : http://www.l-atalante.com/
