Bien que natif de Colombie, Simon ne s'est jamais senti concerné par ce pays, sentant que ses véritable racines sont celles qu'il a dans son pays d'adoption, la France, plus que dans son pays de naissance. Pourtant, de sa petite amie à ses parents, tout le monde semble vouloir qu'il parte faire un pèlerinage en Amérique du sud, afin qu'il puisse trouver une sorte d'héritage culturel qui ne lui manque pas, mais il se décidera tout de même à y aller afin d'exorciser définitivement son passé.
Une fois sur place, il va se rendre à l'orphelinat où ses parent l'ont adopté, afin de chercher un peu plus ses origines, tout en essayant de découvrir Bogotá et la Colombie, pays qui lui apparaît à la fois moderne et coincé dans certaines traditions. Rapidement, il va découvrir que le jardinier de l'orphelinat, un ancien farc, lui tourne autour. Ce dernier lui avouera finalement connaître son père et pouvoir le présenter à ce dernier.

Avec ce roman, Eric Holstein nous propose un étrange tryptique avec une première partie ou l'on visitera la capitale de la Colombie, une seconde où l'on explorera l'Altiplano en compagnie des troupes de Quesada et enfin une troisième où l'on explorera une Colombie uchronique où les indiens muiscas ont vaincu les espagnols et mis en place une sorte de système communiste. Trois univers différents dans lesquels va pourtant se dessiner un fil conducteur.
Et ce fil conducteur pourrait se nommer choc des cultures. Car tout d'abord, il y aura celui de Simon, jeune français qui va découvrir la Colombie, un pays très différent de ce que les médias ont pu raconter dessus, un pays qui lui apparaitra à la fois dangereux et accueillant, où le contraste entre les coutumes et la modernité ainsi qu'entre la richesse et la pauvreté ne laissera pas notre héros indifférent.
Ensuite, on se retrouve donc à revivre la conquête de l’Amérique du sud avec une armée de Colons, et le choc viendra ici du catholicisme imposé aux païens par les catholiques, armés et conquérants, d'une incompréhension dont on ne sait qui sont les sauvages et qui sont les civilisés, esclavage et domination étant les seuls possibilités pour les peuples conquis.
Puis vient l’Amérique du sud uchronique, un pays que le métissage culturel entre les différentes tribus d'indiens et sa république socialiste semble avoir défini comme une utopie ratée, perdu entre un passé glorieux et un avenir incertain dont la confrontation semble venir entre une jeunesse en recherche de ses  racines et un professeur en quête d'un renouveau.
De tous ces chocs, on peut voir des idées qui se rejoignent et se répondent, les jeunes de la Colombie réelle cherchent à s'émanciper et à vivre alors que ceux de l'uchronie semblent vouloir renouer avec les coutumes de leurs ancêtres, mais les premiers viennent d'un passé plutôt lourd tandis qu'il est glorieux pour les autres. Un paradoxe plutôt intéressant qui finira par transformer cette histoire en un étrange serpent d’Ouroboros.

Le principal soucis est que les trois parties sont loin d'être égales en qualité, la seconde ne prenant finalement tout son sens qu'à sa fin, à moins de bien connaître l'histoire de l’Amérique du sud et de pouvoir repérer le point de divergence. Les deux autres parties qui ouvrent et ferment respectivement ce roman sont eux des textes teintés de fantastique et d'un brin de mysticisme indien où la chaleur de la Colombie semble exacerber la personnalité des protagonistes.
Si la seconde partie ne cassait pas le rythme de ce roman il aurait pu être réellement excellent, mais en l'état, il est seulement très bon. La plume d'Eric Holstein sachant s'adapter à chaque passage, à chaque personnage pour nous faire découvrir une Colombie finalement méconnue, D'Or et d'Emeraude arrive à proposer un voyage littéraire tout de même fort intéressant, aussi dépaysant par ses décors que par son histoire.

Note : 8/10

 

Stegg

 

A propos de ce livre :

 

- Site du livre : http://www.or-et-emeraude.fr/Dor_et_demeraude/Accueil.html

- Site de l'éditeur : http://www.mnemos.com/