Le monde connaît une explosion de super-héros sans précédent. Shûto Katsuragi rêve d'en devenir un, même si tous ses camarades se moquent de sa petite taille.
Sa vie bascule le jour où il est enlevé par une mystérieuse organisation criminelle. Trompé par ces malfaiteurs, Shûto se voit contraint de rejoindre leurs rangs. Caché sous le masque de Ratman, il va devoir accomplir les pires forfaits en leur nom !
Et le Petit Prince dit : "monsieur Inui, dessine-moi un manga, mais avec un vrai scénario et pas juste des types qui se tapent dessus sur 130 pages !".
Et Mr Inui, avec simplicité et bonne humeur, créa ce petit bijou qui vient tout juste de sortir : Ratman.
Une idée de départ originale et cocasse qui prouve que l'on n'a pas encore tout exploité de la mythologie des super-héros en jouant avec ses codes, des personnages qui attirent d'emblée la sympathie, une intrigue rythmée et inventive et surtout (ce qui est pour moi la meilleure surprise de ce tome 1) une absence de manichéisme assez étonnant vu le sujet. Car on baigne en permanence ici dans des nuances de gris où beaucoup de personnages ne sont pas ce qu'ils paraissent ou doivent composer avec une situation non désirée à cause des circonstances : un adolescent rêvant de devenir un super-héros intègre et se retrouvant malgré lui dans la peau d'un super-vilain, des super-héros "officialisés", eux, mais qui se révèlent surtout préoccupés par leur image médiatique et l'argent, une jeune fille appartenant à la famille de l'organisation criminelle, mais qui ne semble pas partager ses ambitions, des hommes de main tellement ridicules et maladroits qu'ils en deviennent attachants... la frontière entre Bien et Mal, la Justice et le Crime, est ici plutôt floue et c'est tant mieux.
"Il ne faut pas se fier aux apparences" est une phrase qui revient souvent dans le volume, leitmotiv qu'illustrent bien les personnages (et la couverture de ce tome !), notamment en reprenant le principe duplice propre à toute histoire de super-héros et qui rend les rapports entre les personnages très intéressants et fertiles en quiproquos pour la suite : pour ne parler que de Shûto, celui-ci se retrouve ainsi dans la position délicate de nouer une amitié sincère avec... la fille du président de l'association des super-héros sans évidemment pouvoir lui avouer qu'il n'est autre que le vilain Ratman devenu la cible de l'association. Pourtant Shûto, sous le costume noir de ce Ratman qui a un peu des allures de Spawn à la sauce japonaise (en moins glauque évidemment), n'en a pas perdu pour autant son humanité et ses idéaux héroïques contrairement aux super-héros qui se pavanent dans les médias. Quand je vous disais que le gris règne en maître dans ce manga...
Néanmoins, Ratman est avant tout un manga loufoque, facétieux, rafraîchissant, léger et s'amusant à brouiller les frontières de l'éthique plutôt qu'à prendre le sujet trop au sérieux. Une oeuvrette très prometteuse, dont l'esprit pourrait se situer quelque part entre Kick-Ass (pour le super-héros à côté de ses pompes) et Freak's squeele (pour les trompeuses apparences), et qui jouit au demeurant d'un graphisme classiquement shonen mais de bonne facture.
Et, en espérant que les autres tomes soient aussi enthousiasmants, je place déjà ce tome 1 de Ratman parmi mon petit panthéon manga personnel.
Incontournable pour les amateurs de manga, chaudement recommandé pour les autres.
Note : 9/10
Vorpalin
A propos de ce manga :
- Site de l'éditeur : http://www.kana.fr/