Bien connue des amateurs de cinéma d'horreur, Barbara Crampton peut être considérée comme l'une des scream queens majeures des années 80. Elle se fit connaître grâce bien entendu au "Re-Animator" de Stuart Gordon en 1985, avant d'entretenir sa réputation dans d'autres séries B, pour la plupart produites sous la bannière de Empire ou de Full Moon, les firmes de Charles Band. Mais revenons sur la carrière de la belle blonde, aujourd'hui avouons-le assez absente du cinéma qui a fait sa réputation.
Née le 27 décembre 1962 près de New York, elle fut très tôt intéressée par le cinéma, et par des actrices telles que Miriam Hopkins (qui, rayon fantastique, apparut dans des films tels que le "Dr. Jeckyll and Mister Hide" de Rouben Mamulian en 1931, ou encore dans un épisode de la série "Au-Delà du Réel" dans les années 60) ou, plus connue, Bette Davis. Elle reconnaît également l'influence de son propre père, un forain, personnage selon elle très fantasque et très charismatique. Agée d'une douzaine d'années, Barbara Crampton commença donc à faire du théâtre avec son école. Puis plus tard elle persévéra dans cette voix jusqu'à obtenir un diplôme d'arts théâtraux.
Ainsi pourvue, elle obtint ses premiers (petits) rôles à l'âge de 20 ans, dans des séries télévisées ou telles que "Les Amants du Capricorne" (dérivée d'une pièce adaptée au cinéma par Alfred Hitchcock en 1949), mais aussi des soaps comme "Days of our Lives" ou "Santa Barbara". Sans compter un obscur téléfilm nommé "Love Thy Neighbour"... Les choses sérieuses commencèrent véritablement en 1984 avec sa première apparition au cinéma, et chez Brian De Palma s'il vous plaît, dans "Body Double".
Certes, Barbara n'y apparaît que le temps d'une séquence, mais une séquence de sexe où la plastique de l'actrice sera dévoilée. Un rôle finalement pas si inutile, puisque dès l'année suivante, après un autre film sans véritable importance et une apparition dans une autre série télé, elle décrocha le rôle féminin principal et très sexy du "Re-Animator" de Stuart Gordon, adapté de H.P. Lovecraft. Sans se douter qu'elle obtiendrait là le rôle le plus marquant de sa carrière, pas plus que Gordon ou le producteur Brian Yuzna ne pensaient que leur série B gore deviendrait un classique, elle s'amusa surtout lors d'un tournage plutôt serré (comprenant des répétitions dans le salon de l'actrice).

L'immense succès du film lui permit de décrocher des têtes d'affiche ("Kidnapped", en 1986, en compagnie du David Naughton du "Loup-Garou de Londres"), ainsi, bien entendu que de recueillir les sollicitations du cinéma d'horreur. Elle répondit à ces dernières dès 1986 avec un rôle (plus ou moins de potiche) dans le "Chopping Mall" de Jim Wynorski, produit par Julie Corman (la femme de Roger), et dans le "From Beyond" de Stuart Gordon produit quant à lui et tout comme "Re-Animator" par l'Empire de Charles Band. S'appuyant une nouvelle fois sur une nouvelle de H.P. Lovecraft, toujours avec Jeffrey Combs, ce dernier film donne à Barbara l'occasion d'être plus que la victime en puissance, en la transformant en dominatrice sadomasochiste, ce qui bien entendu renforça encore son image de scream queen.
Elle y trouva aussi son compte au niveau thématique, elle qui est intéressée par tout ce qui est psychologique et qui donc effectua des recherches personnelles pour mieux cerner son rôle. Ce qui ne lui fit pourtant pas oublier de mettre en valeur son propre corps en posant dans un Playboy histoire de bien finir cette même année 1986.
Après "From Beyond", en 1987, elle donna pourtant à sa carrière une direction totalement opposée, en se consacrant de nouveau à la télévision, et à un soap qui allait marquer sa carrière : "Les Feux de l'Amour". Y ayant obtenu un rôle régulier, elle n'allait plus jamais quitter la série, qui allait empiéter sérieusement sur ses apparitions au cinéma. Il fallut attendre 1989 pour la voir de nouveau, dans le "Puppet Master" produit par Charles Band. Un rôle secondaire, malheureusement. Même chose en 1991 dans "Future Cop 2", pour lequel Charles Band s'occupa cette fois directement de la réalisation.
C'est toujours en compagnie d'un Band, mais cette fois Albert, le regretté père de Charles, qu'elle retrouva le haut de l'affiche avec l'ambitieux "Robot Wars" de 1993. Deux ans et une participation récurrente à "Amour, Gloire et Beauté" plus tard, elle retrouva cette fois Stuart Gordon pour une nouvelle adaptation de H.P. Lovecraft : "Castle Freak". Jeffrey Combs, le re-animateur en personne la rejoignit, pour une production Full Moon assez décevante, si l'on considère qu'il s'agissait de la réunion de l'équipe de "Re-Animator".
1996 vit sa dernière collaboration en date avec son réalisateur fétiche : il s'agit de "Space Truckers", une comédie science-fictionnelle dans laquelle sa participation est minime. A partir de là, ses interventions dans le cinéma de genre furent assez épisodiques, tant l'actrice était accaparée par la télévision. Citons juste le post-apocalyptique "Cold Harvest" en 2000, le policier "Poison" de la vieille connaissance Jim Wynorski en 2001 et le "Sisterhood" du très bis David DeCoteau en 2004. Certainement pas des films inoubliables, mais qui en tout cas donnent le haut de l'affiche à l'actrice qui nous intéresse ici.

Barbara Crampton reste donc essentiellement connue et appréciée des amateurs de fantastique pour ses finalement peu nombreux mais très plaisants films des années 80. Pourtant, menant une sorte de double vie artistique, elle s'est aussi fait connaître auprès d'un certain public pour ses apparitions fréquentes dans les pires soaps imaginables. Son rôle dans "Les Feux de l'Amour" est ainsi le rôle qu'elle apprécie le plus dans sa carrière.
Malgré cela, malgré le temps qui passe (et ses deux enfants qui poussent) et qui nous éloigne de sa période dorée, elle continue toujours à aimer et à occasionnellement apparaître dans des films fantastiques. C'est bien grâce à cela que nous lui pardonnons, et qu'elle sera toujours perçue comme la principale égérie des productions Charles Band. En espérant aussi la revoir bientôt dans un film signé de son ami Stuart Gordon...

Filmographie :

- 2004 : The Sisterhood (David DeCoteau)
- 2001 : Poison (Jim Wynorski)
- 1996 : Space Truckers (Stuart Gordon)
- 1995 : Castle Freak (Stuart Gordon)
- 1993 : Robot Wars (Albert Band)
- 1991 : Future Cop 2 (Charles Band)
- 1989 : Puppet Master (David Schmoeller)
- 1986 : From Beyond (Stuart Gordon)
- 1986 : Chopping Mall (Jim Wynorski)
- 1985 : Re-Animator (Stuart Gordon)
- 1984 : Body Double (Brian De Palma)