John Reilly se rend en Italie où il vient d'hériter d'un château appartenant à sa duchesse de tante (marrant, c'est le genre de chose qui ne m'arrivera jamais !). Celui-ci est un ancien alcoolique repenti qui a sur la conscience un tragique accident de voiture, dans lequel il a perdu son fils, et où sa fille est devenue aveugle. Le couple bat de l'aile et l'épouse a bien du mal à pardonner au mari.
Dès leur première nuit John entend d'étranges bruits lorsque ce n'est pas ce qui ressemble à des gémissements dans l'antre du château. Ailleurs, sa fille aveugle et aux sens exacerbés ressent une forte présence au sein de la forteresse. Ceux-ci apprennent aussi que la défunte duchesse avait également un fils, Giogio, décédé prématurément. Ce qu'ils ne savent pas en revanche, c'est que ledit fiston n'est pas mort et vit enchaîné dans un des cachots du sous-sol. Jadis caché et violenté par sa mère, ce dernier n'a de cesse de briser ses chaînes pour prendre un peu l'air, voire même un peu plus en fait...

"Castle Freak" est un film assez pauvre. Tout comme "Re-animator" il s'agit là d'une adaptation de Lovecraft ("Je suis d'ailleurs") et on sera donc tenté de le comparer. Comparaison qui ne sera du reste pas à l'avantage du dernier en date puisque l'on ne trouvera finalement pas grand chose de ce qui fit la renommée de Stuart Gordon, à savoir un mélange assez échevelé de gore et d'humour. On retrouve également les acteurs fétiches du réalisateur, à savoir l'ineffable Jeffrey Combs, ici dans un rôle bien trop "normal" et discret à mon goût, et la jolie Barbara Crampton, ici pas très utilisée, et notamment pas très dénudée - on n'en a jamais eu davantage dans "Les feux de l'amour" ceci dit - (notons qu'on retrouvera ce beau monde prochainement dans "House of Re-animator" qu'on espère réussi, même si je n'en attends pas grand chose à titre personnel et que le projet sent de loin le renflouement de caisse).
Bref, tout ceci ne casserait pas des briques à un Castle (on pense un peu au William du même nom durant le film) si ce n'était deux choses : et d'une, une atmosphère assez glauque, brute de décoffrage, et à cet égard, le décor unique est plutôt bien utilisé et l'on retrouve ici les qualités théâtrales de Mister Gordon, habitué à jouer sur l'unicité du cadre, qu'il exploite ici jusqu'à en faire péter les contours. D'autre part, l'absence de second degré et d'humour présent dans "Re-animator", pour accéder même à un morceau d'anthologie gore, digne des meilleures productions des années 70-80, à savoir un passage "bezef cradoque" où la monstrueuse créature recluse dans son cachot jusqu'alors viendra faire quelques petits bisous croquants à la dame de compagnie venue justement tenir compagnie à John Reilly, qui, après s'être engueulé avec sa femme, se sentira légèrement mal compris et surtout très seul, mais heureusement pour lui donc, pas pour très longtemps.
On a alors donc droit à l'une des meilleures scènes du film, où une prostituée se fait déchiqueter un sein, en plus de se prendre un cunnilingus très saignant, inutile de dire que la dame n'en redemande pas, et c'est à même le ciment qu'elle se videra de son sang par des extrémités qu'on ne nommera pas. Il faut admettre que sans cette scène là, "Castle Freak" n'offrirait somme toute pas grand chose, en plus de faire des économies de monstre.
Il est vrai aussi que la créature se fait bien trop rare, et après un prologue évitable, le film met pas mal de temps à démarrer, tant et si bien qu'on pourrait l'abandonner sans trop de cas de conscience. Jeffrey Combs, comme je l'ai dit ci-dessus est, contrairement aux autres acteurs du film (mais personne n'a grand chose de conséquent à jouer, il faut bien le dire), assez fadasse. J'avoue que je préfère le bonhomme lorsqu'il est doté d'une blouse blanche, à savoir presque un film sur deux, et donc une moitié de carrière, ce qui n'est pas banal. Ici, l'acteur semble emprunté et n'est absolument pas crédible une seconde en mari volage et incompris. De même les séquences - notamment du début - en extérieurs sont assez laides, et ressemblent plus au téléfilm à deux balles du samedi soir qu'au film que je qualifierai de "à personnalité", pour éviter le mot "auteur" tant galvaudé, qu'on est pourtant en droit d'attendre au préalable de son metteur en scène que l'on sait pas manchot.
Soit, il s'agit là d'une "Full Moon" production du père Charles Band, lui-même fils de feu Albert, et l'on sait qu'on évolue dans l'économie la plus large possible, ce qui n'est pas forcément un handicap, vu l'effort d'imagination auquel cela contraint parfois pour le meilleur, mais il faut bien être honnête, "Castle Freak" est un film avec deux , trois idées pas plus, mais globalement assez peu imaginatif eu égard au talent du réalisateur ; et l'on peut même se dire que celui-ci se fait plutôt feignant dans cette livraison un peu trop "fast" pour être suffisamment variée et équilibrée? Enfin, ce qui achève de lui donner des airs pauvres, c'est que, élaboré avec quasiment la même équipe que "Re-animator", et un budget assez équivalent je crois, ce film là se révèle bien inférieur, excepté peut-être dans la partition musicale du Richard de la bande, qui contribue chichement mais assez talentueusement au climat du film, et surtout à une bonne photographie, notamment pour ce qui est des sous-sols de château de fête foraine. Moyen. Passable. Acceptable. Inégal. Regardable. Pas plus. Pas moins non plus...

Note : 5/10
Mallox