Fascinant Capitaine Clegg, Le
Titre original: Captain Clegg / Night Creatures
Genre: Aventures
Année: 1962
Pays d'origine: Grande Bretagne
Réalisateur: Peter Graham Scott
Casting:
Peter Cushing, Yvonne Romain, Patrick Allen, Oliver Reed, Michael Ripper, Martin Benson, David Lodge, Derek Francis, Milton Reid, Daphné Anderson, Jack McGowran...
 

1776, Le Capitaine Clegg règne en maître au sein de Rommey, un petit village de Cornouailles. L'homme a beau se réclamer de la justice, c'est une sorte de tyrannie qu'il a pourtant instaurée. Les accusations peuvent même s'avérer infondées, ainsi un mulâtre est-il condamné à avoir la langue coupée avant d'être abandonné sur une île déserte pour avoir soi-disant attaqué la femme du capitaine...

Bientôt, ce sera au tour de ce même Clegg d'être exécuté pour tous ses crimes commis.

 

 

1792, la donne a changé, c'est en tout cas ce qu'il y paraît au sein du même village qui semble couler des jours paisibles. C'est à ce jour le pasteur Blyss qui semble régner dans le petit village dans lequel il s'adonne à de drôles de sermons, en même temps que de couvrir un trafic d'alcool de contrebande. Pour ce faire, le cimetière dans lequel se trouve la tombe du célèbre capitaine Clegg a bon dos. Ses marécages qui l'avoisinent ont la réputation d'être hantés par des spectres... Une réputation soigneusement entretenue par les contrebandiers afin d'éloigner d'éventuels enquêteurs. Un soir parmi tant d'autres, un vieillard s'aventure pourtant en ces lieux. La nature semble s'agiter singulièrement. Les chouettes hululent, le vent se met à souffler, agitant la végétation alentour. Le vieil homme mourra de peur ! Tentant de fuir, il finira par se noyer dans les eaux troubles et visqueuses du marais après s'être retrouvé nez à nez avec un étrange groupe de cavaliers, des sortes de squelettes phosphorescents à cheval !

Un jour, cependant, un certain capitaine Collier vient au village dans le but d'y mener lui-même son enquête avec sa troupe de marins, afin d'arrêter les fraudeurs, ces contrebandiers qui ont l'air de semer la terreur dans la région, afin de mieux continuer leur trafic.

Petit détail non négligeable : ce dernier est accompagné d'un mulâtre géant, à la langue coupée...

 

 

"Captain Clegg" est une réactualisation du film "Dr Syn" de Roy William Neill, avec George Arliss, Margaret Lockwood et Roy Emerton, lequel était adapté d'une nouvelle de Russell Thorndike qui n'est toutefois pas crédité au générique de cette relecture "hammerienne".

Difficile, quoiqu'il en soit, de ne pas lui trouver également une parenté avec le classique de Fritz Lang, "Les contrebandiers de Moonfleet", tant l'histoire et son héros trouble, ainsi que la présence de certains personnages, paraissent en être issus (l'enfant pour exemple).

"Le fascinant capitaine Clegg", à défaut d'être complètement fascinant, demeure un beau spectacle, de ceux qui commencent sur les chapeaux de roues de calèches. En témoigne cette superbe scène de début de film, avec ce vieillard perdu dans les marais et qui, les yeux exorbités, assiste aux déambulations de nuit de nos drôles de cavaliers mort-vivants dans les landes. Le ton est donné, l'atmosphère à mi-chemin entre l'enquête mystérieuse proche d'un "Chien des Baskerville" et le film d'aventures à la "Moonfleet", et l'œuvre fantastique propre la plupart du temps aux préoccupations de la fameuse firme en pleine quintessence.

Le projet fut curieusement confié à Peter-Graham Scott, dont ce sera l'unique contribution pour ladite firme, ce que l'on pourra aisément déplorer. Avec une poignée de films hétéroclites à son actif ainsi qu'une longue carrière pour la télévision britannique, avec notamment la réalisation de séries comme les célèbres "Chapeau melon et bottes de cuir" période Diana Rigg ou "Le prisonnier", ce dernier s'en sort plus qu'honorablement, et dirons-nous même avec un certain brio. Sa mise en scène est fluide, élégante et alerte. Elle n'a strictement rien à envier aux habitués du genre que sont Terence Fischer, Freddie Francis, Roy Ward Baker ou encore Val Guest, pour ne citer qu'eux.

 

 

Ailleurs, on retrouve en revanche à peu près tous les habitués de la firme. Brillamment scénarisé par Anthony Hinds, déjà auteur de quelques scénarios pour la Hammer – souvent sous le pseudonyme de John Elder - ("Les maîtresses de Dracula"", "La nuit du Loup-Garou") en même temps que la plupart du temps co-producteur ("Les Quatermass", "Le chien des Baskerville", "Le cauchemar de Dracula"...), on dénote au sein de cette aventure fantastique bon nombre de noms connus. On passera rapidement sur l'incontournable Peter Cushing, qui livre ici une excellente prestation, pour évoquer les présences notamment d'Oliver Reed qui retrouve ici Yvonne Romain, sa partenaire de "La nuit du Loup-Garou" tourné l'année précédente, avec la différence notable que ceux-ci ont cette fois-ci des scènes ensemble. Pour rappel, dans "La nuit du Loup-Garou", Yvonne romain mourrait en donnant naissance à Oliver Reed...Un Oliver Reed qui, disons le bêtement, se fait voler ici la vedette à peu près par tout le monde tant il semble emprunté dans un rôle sans doute trop romantique pour lui. Ceci dit, peu importe car ce ne sera pas ce que l'on retiendra à la vision du film.

En vrac, sont également convoqués l'excellent mais trop souvent elliptique Michael Ripper ("The Man Who Could Cheat Death") qui trouve ici l'un de ses rôles les plus importants (et l'un de ses préférés) au sein de ses nombreuses collaborations "hammeriennes".

Patrick Allen quant à lui endosse le rôle ingrat du capitaine Collier avec panache. Peu présent dans les films de la Hammer on le reverra surtout en homme des cavernes dans l'assez médiocre "Quand les Dinosaures dominaient le monde" de Val Guest. C'est pourtant sans complexe qu'il tient ici tête à Peter Cushing, et il faut bien admettre qu'autant leurs joutes verbales que leur petit jeu de cache-cache a quelque chose de jubilatoire.

Pour compléter la belle affiche, on n'oubliera pas de mentionner les présences respectives de Milton Reid, spécialiste des brutes exotiques dans le rôle du mulâtre à la langue coupée, ainsi que celle de Jack Mac Gowran que chacun connaît surtout pour son rôle d'Abronsius dans le célèbre hit de Polanski, "Le bal des vampires".

 

 

Alors, que dire d'autre ? Le casting est parfait, et la direction d'acteurs tout autant. Les péripéties ne manquent pas. Certains passages sont splendides, que ce soient toutes les parties dans les landes ou dans les marais, dans lesquelles on retrouve là une saveur quasi-gothique propre à la Hammer. Nos squelettes chevaucheurs offrent des flashs très photogéniques bien avant les films de De Ossorio auxquels on accordera une pensée furtive, en plus de donner au film la plus grande part de son léger cachet fantastique. La musique de Don Banks, dont c'est aussi la première collaboration avec la Hammer, est enjouée et colle parfaitement au mélange ici proposé, tant et si bien qu'il récidivera notamment pour "La femme reptile" ou "Dans les griffes de la Momie", tous deux de John Gilling. Ailleurs, c'est une conjugaison à la fois d'habitués et de talents confirmés qui font la réussite de l'entreprise. D'Arthur Grant ("Le redoutable homme des neiges", "Les étrangleurs de Bombay"...) à Bernard Robinson ("Dracula", "La nuit du Loup-Garou", "Hurler de peur"...) en passant par l'increvable Roy Ashton ("Frankenstein s'est échappé") qui (tiens donc !) était déjà assistant sur les maquillages du "Dr Syn" cité en début de critique, et dont "Captain Clegg" en serait le presque remake. Tous, sans exception, contribuent à la réussite de ce beau film à la croisée des chemins et des genres. Une réussite !

 

Mallox
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