Violence and Flesh
Titre original: Violência na Carne
Genre: Erotique , Thriller , Rape and revenge
Année: 1981
Pays d'origine: Brésil
Réalisateur: Alfredo Sternheim
Casting:
Helena Ramos, Neide Ribeiro, Norma Severo, Nadia Destro, Sonia Garcia, Carlos Milani, Luiz Carlos Braga, Zecarlos de Andrade, José Lucas, Roque Rodrigues...
 

Trois bandits viennent de s'évader de prison : deux brutes épaisses (Jorge et Paulão), et un braqueur de banques, Tércio, le meneur du groupe. Le trio est venu récupérer un magot planqué par l'un de leurs complices, supposé mort. En effet, les malfrats mettent la main sur une sacoche remplie de billets de banque. Un bateau doit venir les chercher dans deux jours pour les conduire dans un pays étranger. En attendant, ils doivent trouver une planque. Après avoir abattu un type, ils font main basse sur une voiture et prennent en otage son chauffeur. Celui-ci, Renato, est un metteur en scène homosexuel parti rendre visite à son amant Fabio, un jeune danseur qui vit dans une maison isolée au bord de la plage en compagnie de deux lesbiennes, Ana et Sandra. Trois autres personnes doivent se rendre également dans la villa : deux actrices de films érotiques, Leticia et Neila, ainsi qu'Amaro, le fiancé de cette dernière.
Tout ce joli monde va être pris en otage par les fugitifs. Les humiliations vont succéder aux brimades. Sous la menace, certains captifs vont même subir les affres du viol...

 

"Violence and Flesh" appartient à un courant de la sexploitation typiquement brésilien : le pornochanchada. Si le terme "porno" est évidemment familier, celui de "chanchada" l'est beaucoup moins, et signifie en fait "comédie légère". Tout comme le roman porno japonais, le pornochanchada n'est pas en fait un genre pornographique, mais plutôt érotique (à quelques exceptions près cependant, certaines oeuvres montrant des scènes de sexe explicites). Il s'agit de films qui furent tournés durant le milieu des années 70, jusqu'au début des années 80. Malgré le régime politique strict qui sévissait dans le pays à cette époque, et donc une censure très présente, les pornochanchadas purent non seulement voir le jour, mais également durer à long terme pour deux raisons. D'abord, de par leur sujet, ils n'abordaient ni ne critiquaient la politique du pays ; et ensuite, il s'avéra que leur grand succès populaire permit au cinéma brésilien de connaître un essor empêchant l'envahissement de films étrangers, notamment américains. Plus d'une centaine de ces films, dont les scénarios se basaient sur ces deux mots : sexe et violence, furent ainsi produits chaque année. Au milieu des années 80, l'arrivée clandestine des K7 vidéo hardcore dans le pays entraîna le déclin du pornochanchada. Cette période coïncidait avec la fin du régime militaire dictatorial, favorisant ainsi le retour d'un cinéma engagé politiquement et socialement.

 

Parmi les metteurs en scène les plus représentatifs du genre figurent Ody Fraga, David Cardoso (également acteur), Tony Vieira et donc Alfredo Sternheim, réalisateur de ce "Violence and Flesh". Ce film met en vedette la star n°1 du pornochanchada, Helena Ramos, dans une histoire qui se rapproche de "La dernière maison sur la gauche", et par conséquent de ses dérivés, comme "La maison au fond du parc" ou "La settima donna". De par son scénario très mince, et le jeu médiocre des acteurs, "Violence and Flesh" rappelle un peu le film turc "Cirkin Dunya", qui s'inspirait lui aussi du long métrage de Wes Craven. Sauf qu'ici on a, par conséquent, un érotisme très présent, et l'occasion de voir défiler l'ensemble du casting féminin en tenue d'Eve. Un scénario et une réalisation basique, un jeu approximatif... on se croirait presque dans une sitcom. On ne sera guère étonné de constater, alors, qu'à la fin du courant pornochanchada, plusieurs réalisateurs et acteurs se tourneront vers la "telenovela". Les telenovelas sont des séries télévisées mélodramatiques, d'où sont tirés notamment les soap-operas, très populaires en Amérique Latine. "Violence and Flesh" est d'ailleurs très proche du soap, où le mélodrame côtoie le sordide.

Du cinéma de genre brésilien, on connaît finalement peu de choses, en dehors des oeuvres tourmentées de José Mojica Marins et des W.I.P. d'Oswaldo de Oliveira. Cela tombe bien, puisque Helena Ramos, dont la filmographie compte une quarantaine de films, a tourné avec l'emblématique Zé do Caixão ("Hellish Flesh"). Idem pour Roque Rodrigues (qui joue l'un des criminels), que l'on a pu voir dans "This Night I Will Possess Your Corpse" et "The End of Man", mais aussi dans le "Amazon Jail" d'Oswaldo de Oliveira ("Femmes en cage", chez nous). Quant à Nadia Destro et Neide Ribeiro, elles ont tourné toutes les deux dans "Bare Behind Bars", du même réalisateur.

 

 

Le film d'Alfredo Sternheim aborde de manière on ne peut plus superficielle des problèmes liés à l'économie, la morale ou la religion (histoire de "meubler" le scénario), tentant parfois une touche d'humour qui tombe à plat (à la question : Aimez-vous Kafka ? l'héroïne répond : Oui, avec du riz...). Les problèmes existentiels de chacun et la platitude des dialogues confortent cette impression de voir une sitcom, non pas "Hélène et les garçons", mais plutôt "Les garçons dans Hélène" (enfin, Helena, pour être plus juste). Le tout est agrémenté d'une musique classique assez inappropriée (à laquelle vient se greffer, me semble-t-il, un morceau du "Pulsions" de Brian De Palma). Tant qu'à faire, on aurait préféré rester dans l'exotisme, avec une lambada, par exemple, ou mieux encore, une foumoila, pour reprendre les Inconnus.
Enfin, au niveau du rythme, il faut attendre les vingt dernières minutes pour que le film se transforme en Rape and Revenge, justifiant enfin son titre de "Violence and Flesh".

Car pour ce qui est de la chair, l'oeuvre n'en manque pas (l'érotisme restant néanmoins soft). Il y en a même pour tous les goûts : du sexe à deux, à trois, entre femmes... Et, ce qui est plus rare : du sexe entre hommes, avec le viol de l'éphèbe Fabio par le chauve et replet Roque Rodriguez. La scène prête néanmoins plus à rire qu'à frémir, de la manière dont elle est filmée.
Vous l'aurez compris, "Violence and Flesh" n'est pas une oeuvre majeure, mais sa sortie récente en dvd a au moins le mérite de faire découvrir le pornochanchada à une bonne partie du public amateur de cinéma-bis ; en espérant toutefois que ce film d'Alfredo Sternheim ne constitue pas l'un des fleurons du genre.




Note : 4/10

Flint

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