Kenny
Titre original: The Kid Brother
Genre: Drame , Document
Année: 1988
Pays d'origine: Etats-Unis
Réalisateur: Claude Gagnon
Casting:
Kenny Easterday, Caitlin Clarke, Liane Alexandra Curtis, Zach Grenier, Jesse Easterday Jr. , Tom Reddy, Alain Saint-Alix, Daniel Lambert, Lamya Derval, Eduardo Rossoff, John Carpenter, Gerry Klug, Bingo O'Malley, Bill Dalzell, Barbara Russell...
 

Dans cette oeuvre injustement méconnue, on assiste au quotidien de Kenny qui, comme nous le présente l'affiche du film, ne semble pas être un garçon comme les autres. En effet, atteint d'agénésie à la naissance, ce jeune enfant fut amputé de ses jambes et de son bassin. Alors bien entendu, ne vous attendez pas à voir un Monsieur Muscle en puissance faisant tourner ses biscoteaux à force de courir sur ses bras (la logique nous amenant, il est vrai, à penser qu'il se déplace forcément à l'aide de ces derniers), mais plutôt un gamin de 13 ans extrêmement débrouillard, drôle et accro au skate. Un enfant qui, si on lui admet un esprit plus "sain" que les autres ou tout du moins, un peu plus mature, reste un être étonnamment "commun". Il sait embêter son monde (particulièrement son frère et sa copine), se montrer capricieux (auprès de sa soeur), tout comme il peut être aussi malin que doué. En fin de compte, ce qui pourrait réellement en faire quelqu'un d'"à part", c'est surtout le fait qu'il ne désire pas que les médecins le munissent de fausses jambes. Aide qui, à son avis (il est d'ailleurs très intéressant de le voir demander conseil auprès de son entourage et du personnel hospitalier), l'empêcherait d'être 'normal'.

 

 

Evidemment, Kenny aura la visite (et cette fois-ci, comme le cliché du genre aurait pu nous le faire prétendre, ce ne sera pas la première fois mais “une fois de plus”) d'un réalisateur français en quête, tout comme d'autres pays ont pu le faire précédemment, d'une version "française" de l'incroyable histoire de Kenny. Et c'est là que le film surprend et intéresse : Kenny et sa famille, tournant dans un but avoué comme mercantile, ne se prennent pas au sérieux. On y voit ainsi le quotidien d'une famille réellement unie, qui a du mal à ne pas s'agacer face à un réalisateur qui, sans cesse, cherche la polémique ou un ultime aveu. Mais non, Kenny semble aimé de sa famille, et peu de choses ont changé lorsqu'il est né. Ils s'y sont fait. Kenny est aussi l'espion du copain de sa soeur, qui pour sa part, aurait quitté le nid familial par pure et simple jalousie, parce que la famille n'aurait eu d'yeux que pour Kenny après sa naissance. Il est admirable de constater l'honnêteté et le naturel d'une telle famille dans un environnement/quartier qui ne s'y prête pas : un voisin et son doberman fou, une voisine battue qui vient se consoler auprès de sa géniale mère... une pauvreté apparente qui n'est pas prête de retourner une famille aussi forte, menée par un chef – le père – aux apparences de beauf mais qui, dans son jean et son tee-shirt blanc, en est en fait tout le contraire.

 

 

Kenny est un film naïf, pas aussi intéressant qu'il aurait pu l'être, et peut-être un peu trop "familial" (les affaires avec les équipes du film, pourtant très hypocrites, sont trop vite réglées). Il reste une oeuvre malheureusement oubliée, très fortement estampillée eighties (rien que la B.O...) et interprétée par un gosse qui a su ne pas verser ni dans la facilité “plaintive”, ni dans la caricature du genre. Et rien que pour ça, le regarder une fois vaut le coup. Quoiqu'il en soit, il convient d'honorer une performance qui ne pâtit en aucun cas de la présence des caméras.
Réalisé par Claude Gagnon, un metteur en scène québécois à la courte filmographie, et à Pittsburgh, Kenny eut le loisir de se payer un beau succès en son pays natal, mais ne connut pas trop les écrans européens, excepté ceux de l'Allemagne de l'est et de l'ouest, et ceux de Paris. Et tout cela, en 1988.

 

The Hard

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