Moulin des supplices, Le
Titre original: Il Mulino delle donne di pietra
Genre: Horreur , Gothique
Année: 1960
Pays d'origine: Italie
Réalisateur: Giorgio Ferroni
Casting:
Pierre Brice, Scilla Gabel, Wolfgang Preiss, Dany Carrel , Herbert A.E. Böhme, Liana Orfei, Marco Guglielmi, Olga Solbelli, Alberto Archetti...
 

Aux Pays-Bas, Hans est chargé de faire la monographie d'un carillon de statues de cire bientôt centenaire. Sur les lieux, dans un moulin des plus "poussiéreux", il rencontre le professeur et propriétaire du carillon, Monsieur Wahl. La fille de ce dernier, atteinte d'un mal incurable, s'éprend alors de Hans...

 

 

"Le moulin des supplices" est un film fantastique gothique de Giorgio Ferroni, réalisateur italien qui fit ses débuts dans le monde du documentaire pour ensuite naviguer entre des styles plus ou moins variés tel que le polar, le péplum ("Hercule contre les mercenaires"), ou encore le western. De ce fait, lorsque le film sort au cinéma en 1960 (le 5 septembre 1962 pour la France), le bougre a déjà dans la besace une filmographie que l'on peut qualifier de "riche".
Si le fantastique gothique connut une première heure de gloire sous la firme de la Universal puis celle de la Hammer, le genre s'est néanmoins "tari" par la suite, condamnant des tentatives pourtant réussies tel que "Les vampires" de Freda/Bava à n'avoir aucune reconnaissance du public. Mais le début des années 60 voit le vent tourner, puisque sortent, dans la foulée, trois succès populaires marquant un nouveau départ pour le fantastique à tendance gothique. En Amérique, c'est à "La chute de la Maison Usher" de Roger Corman à qui revient le droit de donner le coup d'envoi ; en Espagne, c'est le terrible Jesus Franco et son "Horrible docteur Orlof" qui continuent l'assaut en frappant là et comme il le faut ; et enfin, en Italie, c'est le succès pas seulement national du "Masque du Démon" de Mario Bava qui donne l'uppercut final à tendance baroque, imposant le retour du genre. En même temps donc, et toujours en Italie, naquit "Le moulin des femmes de pierre".

 

 

Tourné en Technicolor, l'esthétique s'y montre d'une très grande qualité. Si ce n'est grâce au décor du moulin, riche et complexe et se présentant en digne héritier d'un cinéma très "Hammerien", ou alors aux travers des couleurs délavées et froides du laboratoire, nous jonglons ici entre deux styles et deux ambiances bien distinctes qui, mal cernées, auraient pu faire tourner le film à la catastrophe. Le contraire s'étant imposé, séparant de surcroit le film en deux parties, on peut assister à un premier mouvement s'articulant principalement dans le moulin fait de bois noueux et de nombreuses pièces au caractère oppressant (pour cause de nombreuses couches de poussières) ; et à un second (en guise de fin) dans le laboratoire, où les terribles actes du professeur et de son compère Bolen, ex-médecin sorti de prison grâce à ce dernier, sont révélés au grand jour, pour le plus grand plaisir du spectateur. On peut en être sûr, le fantastique gothique jouit ici d'une de ses œuvres les plus représentatives du genre. Une sorte de condensé du style de la Hammer, pour ne pas dire en mieux, qui accouche au final d'une œuvre graphiquement forte et intéressante, doublée d'une certaine rigueur en ce qui concerne la mise en scène qui ne peut être que louable.
Aussi, s'il y a une chose qu'apprécie généralement un spectateur au cinéma, c'est d'avoir affaire à des personnages ne faisant pas trop "potiches" dans le décor. Ces derniers seront donc pour le coup très bien esquissés, faisant connaitre leurs motivations au bon moment et avec justesse. Même le personnage le plus anodin aura le droit à une apparition remarquée, si ce n'est équilibrée. Égalité remarquable donc entre les personnages et les décors, ne pouvant donc rien s'envier les uns aux autres, et nous peignant pour l'occasion un beau tableau, et huilant de la sorte une mécanique déjà bien rodée si l'on se penche sur l'intrigue. Que pourrait-on donc reprocher au "Moulin des supplices" ? Peut-être est-il vrai que le développement traîne un peu sur la première demi-heure, mais certainement pas au point d'handicaper le film lors de sa vision globale. Puis, cela ne restera qu'un "petit" point mineur du métrage que seul l'humeur du spectateur sera apte à juger.

 

 

Pour finir, on peut nettement entrevoir dans "Le moulin des supplices" l'influence de Georges Franju et des "Yeux sans visage". Si, dans le film de Ferroni, il ne s'agit pas de reconstituer un visage mais de soigner une maladie du sang, le principe demeure identique. Il tue pour y arriver. Il en est de même pour l'idée des cadavres transformés en mannequins de cire, elle s'inspire évidemment de "Masques de cire", de Michael Curtiz (1933), qui connaîtra un remake avec Vincent Price : "L'homme au masque de cire", d'André De Toth (1953).
En cette même année 1960, Dany Carrel a joué dans un autre classique du cinéma fantastique : "Les mains d'Orlac", Scilla Gabell  dans "La Reine des pirates" de Mario Costa, réalisateur qu'elle devait retrouver 3 ans plus tard pour "Les Cavaliers de la terreur". Quant à l'extraordinaire Wolfgang Preiss, toujours en 1960, il allait devenir le plus célèbre des Docteur Mabuse, par la grâce de Fritz Lang.
"Le moulin des supplices, même s'il manque inévitablement d'un certain naturel propre à une firme tel que la Hammer, est un très bon film de genre, qui ne semble pas avoir eu la prétention de renouveler l'imagerie du gothique fantastique. Modestie exemplaire qui ne peut donc que s'allier au caractère envoutant de la bobine qui, sans accrocs, s'imposera avant tout comme un vrai "bon" et "beau" moment de cinéma.

 

 

The Hard

 

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