Emmanuelle à Cannes
Genre: Erotique
Année: 1980
Pays d'origine: France
Réalisateur: Jean-Marie Pallardy
Casting:
Olinka Hardiman, Gabriel Pontello, Zeta Whitehouse, Mike Monty, Paola Farrow, Dick Randall, Ernest Menzer...
Aka: Emmanuelle Goes to cannes / Folles nuits pour jouisseuses hystériques (remontage porno)
 

Emmanuelle est une blonde superbe aux formes généreuses qui gagne un peu d'argent en se livrant à quelques numéros de striptease dans un club minable. Une vie qui ne la satisfait pas, pas plus que le comportement de son petit ami Franck, qui la persuade de se prostituer régulièrement afin d'arrondir les fins de mois difficiles. Bien que Franck ne soit pas un être violent, ni même méchant, il n'en est pas moins un proxénète, qui ne rate pas une occasion pour se taper les copines d'Emmanuelle. Un jour, cette dernière en a marre, et décide de partir à Cannes où se déroule le Festival. Croyant à sa bonne étoile, Emmanuelle pense qu'elle trouvera sur place un producteur qui lui donnera sa chance, et fera d'elle une future star du cinéma.

 

Inutile de tourner autour du pot, et avouons-le tout de suite : Emmanuelle à Cannes est une véritable purge, un spectacle affligeant et indigne de son réalisateur. Ce long métrage est d'ailleurs plus proche du documentaire que du film proprement dit, mais ceci étant, on aurait pu suivre alors ce pseudo-reportage avec un minimum d'intérêt, ce qui n'est pas le cas.
Emmanuelle à Cannes sent l'oeuvre bricolée du début à la fin, un mélange de porno de troisième zone (sans le cul, avec des plans recentrés sur les visages, ceci afin de présenter une version soft pour un film pensé comme un X) et de road-movie dans lequel Olinka confie ses états d'âme au spectateur en voix-off. Cela nous vaut une suite presque ininterrompue de monologues stupides de la part de l'actrice, d'une platitude navrante. Parfois, on a même le sentiment qu'elle ne sait pas quoi dire, qu'elle improvise son texte, et pas vraiment avec bonheur. C'est creux, banal et laid, on se croirait plongé dans un film de vacances amateur.
Comme le précisait le journaliste Pascal Martinet dans La saison Cinéma 87, le film a été conçu pour des versions soft et hard, la première ayant pour cadre les pérégrinations d'Olinka sur la Croisette, la seconde étant constituée de scènes ayant été tournées en Italie (d'où la présence d'acteurs italiens dans le casting, le film étant rebaptisé Folles nuits pour jouisseuses hystériques).

 

 

Emmanuelle à Cannes débute donc comme un porno soft, avec quelques numéros de striptease assez hot, et une partie de triolisme tournée de façon à échapper à la censure, mais permettant de satisfaire néanmoins le spectateur regardant une bande érotique. Ensuite, c'est la catastrophe. A partir du moment où Olinka déboule à Cannes, le film bascule dans un érotisme soft qui n'évite pas pour autant la vulgarité, ce qui est paradoxal. Aucun cliché ne nous est épargné : les starlettes effectuant des stripteases sur la plage du Carlton ; un pilote d'avion et sa passagère venue faire un baptême de l'air finissant donc par... s'envoyer en l'air (le tout en survolant les plages de la Côte d'Azur, histoire d'étirer au maximum le côté dépliant touristique) ; Emmanuelle faisant à son tour un striptease devant une meute de badauds plus ridicules les uns que les autres, et une horde de paparazzis en rut ; Emmanuelle embobinée par un producteur voulant la sauter sur son yacht (ce qu'il fera, encore une scène d'une rare laideur) ; Emmanuelle invitée au Martinez par une équipe de tournage, la productrice lui faisant tourner un essai au bord d'une piscine (avec Mike Monty faisant l'amour en gardant son jean, puis la productrice prenant le relais, sans montrer plus de conviction) ; une danse improvisée sur la plage avec quelques convives ; et enfin Emmanuelle courtisée par un producteur nabot, Alfred, qui lui offre un esquimau (pathétique).
Au bout du compte, Emmanuelle sera obligée de faire le tapin pour payer sa note d'hôtel, avant d'appeler son proxénète de copain à la rescousse pour qu'il la ramène à Paris. La morale est sauve ! Emmanuelle est heureuse de retrouver le mec qui l'exploite, et nous on est content d'être parvenu au terme de 80 minutes d'un "film" parfaitement nul et somme toute très pauvre en érotisme (une fois que l'on a vu les seins d'Olinka, on s'ennuie ferme).

 

Olinka est certes très jolie, mais elle ne devrait pas parler. On va me traiter de macho mais ma remarque est tout aussi valable pour Gabriel Pontello (Franck le maquereau), sympathique mais insipide. Les seconds rôles sont également inexistants, voire grotesques. On reconnaîtra au passage Mike Monty, qui devînt un habitué de Pallardy à cette époque (L'amour chez les poids lourds, "Une femme spéciale", Le journal érotique d'une Thaïlandaise), ainsi qu'Ernest Menzer, qui incarnait l'un des pensionnaires de l'hospice dans "La nuit de la mort" de Raphaël Delpard, et qui joue ici le fameux Alfred, producteur libidineux.


Mais où est donc passée la paillardise de Jean-Marie, sa verve, sa truculence ? Emmanuelle à Cannes est de loin le film le plus impersonnel du cinéaste, tout du moins parmi les dix édités par Le Chat qui Fume. C'est une fumisterie rappelant les pires pornos de Benazeraf (le hard en moins), un produit de consommation particulièrement indigent, une oeuvre de commande, probablement, en tout cas alimentaire, car en ce qui concerne la création on est proche du néant absolu. Pallardy a su faire des films érotiques à prétention "auteurisante", il l'a prouvé en maintes occasions. Même si son idée était de montrer les déboires d'une starlette en quête de reconnaissance, et de montrer le festival de Cannes sous un angle différent, le résultat est raté ; c'est un échec cinglant, où l'on ne ressent même pas la moindre empathie pour l'héroïne. De plus, l'érotisme festif, ludique, qui était la patte du réalisateur, s'est transformé ici en érotisme grossier, sans éclat, triste à mourir.

 

 

Bref, Emmanuelle à Cannes est à oublier au plus vite, et mieux vaut se replonger dans d'autres oeuvres de Jean-Marie Pallardy, plus drôles, plus élaborées, et plus émoustillantes.

 

Note : 2/10

 

Flint

 

En rapport avec le film :

 

# La fiche dvd Le Chat qui Fume du film Emmanuelle à Cannes

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