Ulysse contre Hercule
Titre original: Ulisse contro Ercole
Genre: Aventures , Peplum
Année: 1961
Pays d'origine: Italie / France
Réalisateur: Mario Caiano
Casting:
Georges Marchal, Mike Lane (sous le nom Michael Lane), Alessandra Panaro, Dominique Boschero, Gianni Santuccio, Gabriele Tinti, Raffaella Carrà, Eleonora Bianchi, Raf Baldassarre, Nando Angelini, Tino Bianchi, Raffaele Pisu, Yvette Lebon...
 

On retrouve Prométhée enchaîné à un rocher. Hermès, messager des Dieux, compte bien le châtier pour avoir eu l'outrecuidance de donner le feu aux humains. Des humains devenus vaniteux et qui se croient désormais les égaux des Dieux...



Pour preuve, Ulysse, qui a eu l'extrême audace de crever l'oeil de Polyphème, le fils de Poséidon. Les Dieux, fous de rage, se réunissent afin de décider de son sort.
C'est Jupiter qui tranchera. C'est son fils Hercule qui sera chargé d'une mission : ramener de force l'impétueux navigateur en Sicile, afin qu'il soit châtié par sa victime devenue aveugle, mais pas moins fort et revanchard pour autant.
Alors qu'il revient d'un long périple en mer pour rejoindre Ithaque, une île de la mer ionienne dont il est le roi et où l'attend Pénélope, voici Ulysse attaqué par un autre navire dont Hercule est à sa tête. Bientôt fait prisonnier, celui-ci parviendra malgré tout à se défaire de ses liens en les brûlant puis en mettant le feu au navire. Hercule et Ulysse seront, si j'ose dire, dès lors, dans le même bateau ! Les deux hommes parviennent à atteindre le large mais sont vite capturés par Regina, la reine de la tribu des hommes-oiseaux. Nombreux sont les liens qui uniront les deux hommes, et pas seulement ceux de leur captivité, même s'ils se retrouveront bientôt les hôtes forcés de la tribu des troglodytes (sortes de primates mi-bêtes mi-humains habitant dans des cavernes), avec à leur tête l'horrible Lagos qui ne rêve que d'une chose : marcher sur la Grèce ! Les aventures se succèderont, et c'est aussi Hélène qu'il faudra aider tandis que notre humain et notre demi-dieu affronteront mille menaces...

 



Mario Caiano avait bien collaboré à quelques films en tant que scénariste ("Le pirate de l'épervier noir", de Sergio Grieco) puis comme assistant ("L'esclave de Rome" de Sergio Grieco, "L'Atlantide" de l'improbable trio Giuseppe Masini, Edgar G. Ulmer et Franck Borzage) avant de tourner son premier film, ce très fantaisiste "Ulysse contre Hercule". Inutile de tourner autour de l'amphore, c'est un petit coup d'éclat et en tout cas une indéniable réussite du genre que signait d'entrée le réalisateur. Le genre ayant alors autant le vent en poupe qu'une trirème, ce, avant que le western ne vienne s'en mêler sérieusement (rappelons au passage que Mario Caiano aurait également contribué au scénario de "Pour une poignée de dollars" sans qu'il fût crédité au générique). D'ailleurs, il récidivera dans le genre aventures antiques et "péplumesques" dans les années suivantes, avec quelques films comme "Goliath et l'Hercule noir", "Maciste et les 100 gladiateurs" ou encore "La fureur des gladiateurs".

Une réussite que le réalisateur confirmera par la suite en abordant, à l'instar de nombreux de ses compatriotes, tous les genres en vogue, avec parfois plus ou moins de bonheur mais faisant toujours preuve d'une belle solidité.

 

"Ulysse contre Hercule" est tout d'abord doté d'un casting de qualité. Michael Lane (alias Mike Lane), soit, n'a guère joué dans le genre, et fut souvent taxé de piètre acteur, mais s'en sort toutefois ici honorablement face à un Georges Marchal assez charismatique et surtout déjà bien rompu au genre, avec quelques petits classiques à son actif comme "La révolte des gladiateurs", "Sous le signe de Rome", "Les légions de Cléopâtre" ou "Le colosse de Rhodes". Le tandem qu'ils forment, sans être transcendant, tient la route et autant l'un que l'autre parviennent à insuffler de la consistante et même un peu d'humanité à leur personnage, même si Mike Lane, on le verra un peu après, reste un cran en dessous de Marchal. Il est peu dire que cela contribue de manière assez conséquente à la réussite de l'entreprise. Il convient toutefois de citer les seconds rôles, car ceux-ci amènent, au gréé des pérégrinations de nos deux héros, des petits numéros assez délectables. Si Gabriele Tinti est sympathique dans le rôle de Mercure, c'est avec plaisir que l'on retrouve Raf Baldassarre en ouverture de film, tout comme Tino Bianchi dans le rôle d'Icarno, roi des Grecs. Pourtant, celui qui n'est pas loin de voler la vedette à tout ce beau monde demeure Gianni Santuccio, qui compose là un Lagos autant cruel que savoureux. Côté femmes, on est bien servi également, avec un défilé qu'on pourrait même qualifier de céleste. Celui-ci comprend les somptueuses Raffaella Carrà ("Maciste contre le cyclope"), Alessandra Panaro ("Hercule contre Moloch"), Eleonora Bianchi ("Le retour des titans", "La vengeance des Vikings" du même Caiano), Yvette Lebon ("La vallée des pharaons") ou encore Dominique Boschero (que l'on retrouvera plus tard dans pas mal de gialli, "L'iguane à la langue de feu", "Qui l'a vue mourir ?", "Toutes les couleurs du vice"). Bref, autant dire également que c'est un quasi sans faute niveau charmes qui parsèment ces aventures mouvementées.



Mouvementé et trépidant sont bien les termes qui semblent convenir pour décrire un film qui sait garder un rythme alerte tout du long, et dans lequel les imageries fantaisistes et imaginatives sont nombreuses, de celles qui restent en mémoire. Le colloque des Dieux, qui sert de préambule, est un moment assez amusant, jouant de manière délicieusement kitsch sur une mythologie qui sera ensuite constamment malmenée au profit du spectacle. Difficile de ne pas penser au "Choc des Titans" à venir. La manière dont Hercule s'extirpe de la cale du bateau en cassant le pont amuse aussi. Tout comme la poursuite interminable, d'abord à la nage, puis à pied dans le désert, entre nos deux héros, avant d'être tous deux faits prisonniers par une reine toute droit sortie des folies bergères, et à la tête qui plus est d'une drôle de tribu au faciès de vautours (ou plutôt de coqs). Le passage dans la tribu des troglodytes amène lui aussi son lot de surprises. Largos, leur chef, demande à Ulysse de lui construire des ailes afin de l'aider à voler pour mieux mener ensuite à bien son emprise à venir sur la Grèce. Il testera les ailes sur l'un de ses hommes des cavernes, lequel s'écrasera comme un pavé du haut d'une tourelle de bois, dans une tentative hilarante.
De même pour notre valeureux Ulysse, coincé dans une pièce dont le plafond de pierre s'abaisse inexorablement pour le piler. On n'oubliera pas non plus les quelques combats de groupe qui, malgré un budget restreint, possèdent leur petit panache.
Ce qu'il manque à "Ulysse contre Hercule", et égard à ses aspects fantasques, c'est peut-être le côté bon enfant si communicatif qui faisait des "Titans" de Duccio Tessari un spectacle complètement jouissif, aérien et récréatif. C'est finalement, et probablement, la faiblesse du jeu de Michael Lane qui ne complète pas de manière assez judicieuse le tandem qu'il forme avec Georges Marchal. Ce dernier semble bien s'amuser, tandis que Lane reste cantonné dans un registre purement sérieux, et surtout manque de décontraction. C'est dommage car le film possède bien des qualités, outre son rythme soutenu et ses péripéties originales qui s'enchaînent sans temps mort. La photographie de Alvaro Mancori ("Maciste contre le fantôme"), par exemple, est somptueuse et exploite à merveille autant les intérieurs (très contrastés, criards juste ce qu'il faut) que les extérieurs arides et ensoleillés, filmés au sein des îles Canaries.

 

 

En dépit de ses quelques faiblesses, et pour finir par là où j'avais commencé, ce premier film de Mario Caiano reste une petite pépite bénie des Dieux, et en tout cas une oeuvre du genre distrayante, se situant assez largement au-dessus de la moyenne.

Mallox

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