Tueurs de l'éclipse, Les
Titre original: Bloody Birthday
Genre: Horreur , Thriller
Année: 1981
Pays d'origine: Etats-Unis
Réalisateur: Ed Hunt
Casting:
Susan Strasberg, Jose Ferrer, Lori Lethin, Melinda Cordell, Julie Brown, Elizabeth Hoy, Michael Dudikoff, Joe Penny...
 

1970, en Californie - trois bébés naissent simultanément au moment d'une éclipse solaire. Soit, les éclipses, c'est bien joli et surtout assez rare, sauf que naître juste à ce moment là n'est pas forcément un cadeau de mère nature. En effet, lors des éclipses, le soleil et la lune s'y mettent à deux pour bloquer Saturne, tant et si bien qu'il manque comme quelque chose à ces êtres nés à ces instants précis. C'est, si l'on peut dire, une part de leur personnalité qui s'éclipse et donc peut-être une part de leur émotivité pour ne pas parler d'humanité.
Ce sera en tout cas le verdict de Joyce Russel, une mère au foyer dont le passe-temps préféré est l'astrologie, pour expliquer les comportements parfois légèrement froids, ce, dix ans plus tard, de nos chérubins. Nous sommes donc alors en 1980 et nous suivons les joyeuses tribulations des enfants que nous avions quittés en 1970, à savoir Debbie, Steven et Curtis.
Autant dire que nos trois têtes blondes (deux en fait puisque Curtis est brun) s'avèrent alors loin d'être des anges, et ceux-ci s'apprêtent alors à fêter leur anniversaire d'une manière singulière : "Et si l'on semait la panique et la mort dans cette petite bourgade ?".
Tiens, voici qu'on retrouve un jeune couple étranglé avec une corde à sauter. C'est fou comme on peut s'amuser avec trois fois rien...



"Les tueurs de l'éclipse", alias "Bloody Birthday" (titre original moins 'poétique' mais plus explicite quant à ce qu'on trouve dans le film), fut écrit et réalisé par le peu prolifique Ed Hunt, en pleine période faste du Slasher et du Serial Killer. Un réalisateur loin d'être un génie du 7ème art mais qui livra tout de même une poignée de films suffisamment décomplexés, voire parfois légèrement dérangés, comme celui-ci, pour ne pas être tout de même plaisants à regarder ("L'invasion des soucoupes volantes"/1977, "Mutation"/1978, "The Brain"/1988). Les années 60 avaient ouvert le bal avec l'incontournable "Village des damnés" de Wolf Rilla, tandis que l'année suivante Jack Clayton signait le non moins incontournable "Les innocents". En 1976, Narciso Ibanez Serrador signera ce que l'on peut considérer comme le chef-d'œuvre brut du genre, "Les révoltés de l'an 2000", avant que certains polissons ne soient récupérés par l'antéchrist ("La malédiction") puis de s'émanciper à nouveau ("De si gentils petits monstres", "Les démons du maïs", "Mikey" de Dennis Dimster...) jusqu'à nos jours, avec des films comme "Un jeu d'enfants", "Ils" ou encore le tout récent et assez efficace "The Children", lequel n'est pas loin de ressembler à un mixe de "Bloody Birthday" (Noël faisant office d'anniversaire) et du film de Max Kalmanowicz susnommé, et dont le titre original était lui aussi "The Children".
Ici, Ed Hunt ne s'embarrasse ni de psychologie, ni d'allégorie sur les vices enfantins, et livre une petite série B brute de décoffrage. L'éclipse a bon dos, et ce que l'on retient au final, c'est surtout une réalisation assez lambda mais sans temps mort, qui va crescendo jusqu'à un final sans appel.



Debbie, Steven et Curtis, nos trois vicieux marmots outrepassent allègrement les paroles de la chanson d'Alain Souchon (1974), et pour notre petit plaisir, c'est "tar' ta gueule à tout le monde !", ce, sans récréation pour nos sympathiques californiens.
Ainsi, ils ne s'embarrasseront pas d'une humanité à laquelle ils n'ont de toute façon pas accès, pour perpétuer meurtre sur meurtre.
Et au spectateur de se voir bien servi, puisqu'au fil de cette petite pellicule qui, si elle ne déclenche pas vraiment la peur, réjouit malgré tout son bonhomme de par la variété des assassinats, quand ce n'est pas à un petit jeu de massacre des institutions auquel se livre le réalisateur. Ainsi, le jeune couple initialement tué s'apprêtait-il à faire l'amour dans une tombe, ce qui ne veut pas dire que nos bambins soient sensibles aux institutions funéraires, mais plutôt que le lieu est le leur et qu'en pratiquant cela, c'est leur sanctuaire qu'ils allaient souiller. Ensuite, c'est au tour du shérif local et, accessoirement, père de la jeune blondinette Debbie (La pire des trois !), d'y passer à coups de pelle, se faisant, de façon enjouée, défoncer la gueule. Rébellion contre l'autorité ? Peut-être. Peut-être aussi tout simplement que tout ce qui n'abonde pas dans leur sens représente-t-il un obstacle à éliminer.
Il en sera de même pour leur maîtresse d'école qui, avant d'être rangée dans un placard, comme un balai, se prendra une balle dans le cœur par un Curtis jouant au cow-boy. Idem pour la sœur de Debbie, victime d'un tir à l'arc bien ajusté, la flèche venant se nicher en plein dans l'oeil...



Il semble que chaque enfant possède sa petite spécialité, tour à tour, jardinier, cow-boy ou indien, et que de ce postulat, émane un léger humour à froid somme toute jubilatoire.
Sans compter que tuer les gens n'est pas le seul hobby de notre trio infernal, puisque celui-ci passe pas mal de son temps à lorgner à travers un petit trou qui donne sur la chambre de la sœur de Debbie, une Debbie qui fait payer ses deux acolytes afin qu'ils puissent épier la grande sœur en train de se dandiner à poil.
Il n'y a pas à tortiller, ce n'est certes pas une privation de dessert qui fera reculer nos si gentils petits monstres, ceux-ci s'avérant, au fil de l'intrigue, de purs psychopathes sans foi ni loi, pouvant s'attaquer à n'importe qui, des enfants de leur âge entre autres ; et la notion de liens du sang n'aura rien à faire dans leur monde.
Doté d'une bande son signée Arlon Ober ("Eating Raoul") et ressemblant à s'y méprendre à du Bernard Hermann mal accordé, "Les tueurs de l'éclipse" gagne, grâce à elle, une partie de son intensité. Quant à nos trois gosses mal lunés de naissance, ils installent chacun une présence efficace à l'écran, laquelle contribue fortement à la réussite de cette petite entreprise aux contours subversifs. La mise en scène, sans être savante plus qu'il ne faut, se tient. Quant au montage, il se montre assez nerveux, élaguant là où il faut, et parachève de faire de "Bloody Birthday" un film fort plaisant, dont la fin pessimiste et sans concession ajoute au léger malaise distillé tout du long.



Mallox

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