Irkutz
Genre: Fantastique , Expérimental
Année: 2004
Pays d'origine: Belgique
Réalisateur: Jean Jacques Rousseau
Casting:
Frans Badot, René Lucas, Noël Godin, Louis Dubois, Virginie Dufert, et d'autres bénévoles.
 

Irkutz est un court-métrage de 21 minutes et de Jean Jacques Rousseau. C'est aussi l'endroit où sont sensés se dérouler les événements délirants narrés par Jean Jacques et joués par sa petite troupe d'amis et de compagnons de route. Une suite d'improbables saynètes près d'une centrale nucléaire en perdition, autour de l'infâme Igor Yaboutich, d'un sosie très approximatif d'Hitler, d'un journaliste à fusiller, d'un enchaîné sanguinolent et d'une asiatique engrossée sauvagement au nom de la patrie...

 

 

Le tout est assez confus et le propos parfois totalement incompréhensible. La structure du film elle-même est souvent déroutante, le titre, par exemple, n'apparaissant qu'au bout de 8 minutes (après un bon tiers du métrage, donc), tandis que le générique de fin précède des images de personnages semi-rigolards en face caméra tenant de faux-membres à la main ou un couteau sanglant... sans qu'on comprenne vraiment pourquoi...
Bizarrerie scénaristique, incongruité filmique, Irkutz n'est pourtant pas déplaisant à regarder pour peu qu'on soit en bonnes conditions pour cela, à savoir : l'esprit ouvert au maximum (et même un peu plus). Et à qui croirait que l'absorption de substances psychotropes est indispensable au bon visionnage de cette oeuvre étrange, je répondrais que non! c'est inutile, Irkutz est, en soi, une substance psychotrope!
Le réalisateur, par exemple, interrompt régulièrement son film par des "cartons" d'avertissement, du type : "Attention!!! Il s'agit d'un film expérimental pouvant provoquer des réactions violentes chez certains spectateurs" ou philosophiques (enfin, je dis ça parce que j'ai pas trop compris ce qu'il voulait dire...) : "Ce film étant de pure fiction, le bien et le mal étant réunis en une même cause, sont des antagonismes inéluctables dans un courant continu", et c'est signé : "J-J Rousseau, le poète maudit de l'absurde".

 

 

Absurde, voilà probablement l'une des clés de ce cinéma belge microcosmique qui transcende les genres et les malaxe jusqu'à rendre la folie des savants mis en scène contagieuse et de contaminer ses spectateurs! Poète, voici un autre mot qui explique bien des choses, comme le décalage visuel, narratif et pour tout dire cinématographique de l'ensemble. Maudit car les films de Rousseau doivent faire partie des films les moins vus du monde, hélas. A ce propos, si une société de production comme Bach Films prenait le temps de s'y pencher, on peut imaginer qu'une intégrale serait un formidable cadeau pour le cinéaste et pour tous les cinéphages un tant soi peu déviants!
Mais de quoi ça parle au fait, Irkutz? Eh bien d'un savant stalinophile, l'infâme Igor Yaboutich, incarné par l'entarteur Noël Godin (meilleur lanceur de tartes à la crème qu'acteur, il faut bien le dire), menant des expériences secrètes et perverses, d'un nazillon voulant faire revivre la race aryenne à partir d'un bébé conservé de la guerre, d'une asiatique devant accoucher d'un nouvel être humain mais qui se fait bastonner à mort... C'est un maelström d'images qui forme petit à petit un tout cohérent (euh... là je m'avance un peu), quasiment toujours en voix off, Rousseau entrant dans son histoire par un bout avant d'en ressortir par un autre et d'enchaîner directement sur autre chose, le tout sur une musique à base de synthétiseurs, façon Carpenter, et signée de la propre fille du réalisateur.
Irkutz, on n'y comprend pas grand-chose, c'est vrai, mais la patte de son auteur est là et bien là et, même sans avoir vu beaucoup de ses films, il est fort probable que l'on reconnaisse un Rousseau dès la première minute, ce qui est l'apanage des grands. Car il est grand, ce Jean Jacques, à sa façon certes, un peu lilliputienne je vous l'accorde, à l'image de son pays en quelque sorte : minuscule et sympathique, foutraque et bordélique, absurde et poétique.

 

 

Bigbonn

 

En rapport avec Jean Jacques Rousseau :

# Le diabolique docteur Flak, de Rousseau lui-même.


# Cinéastes à tout prix, de Frédéric Sojcher.

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