Effroi
Titre original: Fear no Evil
Genre: Horreur , Satanisme
Année: 1981
Pays d'origine: Etats-Unis
Réalisateur: Frank Laloggia
Casting:
Stefan Arngrim, Frank Birney, Barry Cooper, Daniel Eden, Roslyn Gugino, Kathleen Rowe McAllen, Elizabeth Hoffman, Jack Holland...
 

Castle Day, un château en ruines, est le théâtre du meurtre du comte Bonnamo par le père Damon, personnification de l'archange Raphael. Quelques années plus tard, en 1963, la famille Williams fait baptiser son fils Andrew John, quand soudain un flot de sang d'origine inconnue envahit l'église. Dix-huit ans plus tard, Andrew John fait son entrée sur le campus de la faculté. Le jeune homme, taciturne, semble fasciner Julie Fanshowe. Margaret Buchanan, elle, est à la recherche de l'archange Gabriel qui doit mettre fin au règne du Malin. Elle apprend bientôt que Julie est la réincarnation de l'archange. Mais, à la fac, les morts étranges se succèdent...

 

 

Amateurs de catéchisme et de bizarreries pudibondes ce film est fait pour vous, le réalisateur (ici on peut carrément dire prédicateur) vous assène la parole de Dieu avec un sérieux qui frôle le génie. En effet, le prédicateur n'hésite pas à mettre en images le scénario résumé ci-dessus avec un premier degré qui ferait passer "Légion" (dernier film du genre) pour un sketch du "Saturday Night Live". Certaines productions cachent prudemment leur conviction sous des oripeaux de circonstance (cinéma de genre) pour ne point affoler le peuple, ce n'est pas le cas d' "Effroi", petite série B catho et fière de l'être, qui n'a peur de rien et surtout pas de Lucifer. D'ailleurs, voici un petit rappel pour les plus distraits qui n'auraient pas suivi l'histoire. Lucifer est présenté comme un archange (une sorte de super ange) déchu par Dieu après la guerre opposant les anges renégats (qui auraient bien voulu connaître le plaisir des femmes) et les anges restant au service de Dieu. En outre, Lucifer demeure une créature créée par Dieu, et donc ne peut en aucun cas être son opposé. De nombreuses croyances (notamment au moyen-âge) vont l'associer au nom de Satan. Le brave Lucifer va souffrir de cet amalgame, bien qu'il ne souhaite qu'un monde nouveau où l'homme serait affranchi des ordres divins, alors que Satan veut simplement la destruction.

 

 

Ici, bien entendu, pas question de faire de Lulu le héros de l'histoire, pour ne pas changer, le script n'évite pas l'amalgame entre Lucifer et Satan ; donc le pauvre Lulu qui s'est fait berner par Dieu n'est pas content et voudrait bien revenir sur Terre faire la nouba. Pas de chance, son ancien patron lui lance une fatwa et trois archanges aux miches histoire de le faire bien chier, pas cool le vieux. Tourné en décors naturels (voir plus bas), le film est visuellement réussi, le réalisateur cherchant avant tout la "belle" image qui ferait penser à ces bibles illustrées tout en couleur et même parfois à certain vitraux d'églises. Et, soyons honnête, le bougre y parvient la plupart du temps, et se montre même assez inventif (on retiendra ce plan fixe de la maison familiale qui se délabre au fur et à mesure que le temps passe - simple et efficace), même s'il ne peut s'empêcher quelques fautes de goût comme l'utilisation des effets d'animations trop coloré qui transforme le final en clip des "Jackson Five".
Si la forme est intéressante, le scénario, malheureusement, part un peu dans tous les sens et s'enlise vers le milieu, la faute à une accumulation de personnages secondaires qui empêche de développer quelques aspects intéressants. Notamment les relations entre le fameux Lucifer / Andrew et ses parents ; c'est un peu dommage car Stefan Arngrim est génial en incarnation du mal, et les scènes où il apparaît au naturel sont des plus efficaces, comme la mort du chien ou lorsqu'il allume la cigarette de sa mère invalide. Par contre, le personnage de Gabriel semble complètement sacrifié, il est à peine dégrossi en quelques scènes pas toujours réussies, le réalisateur jouant surtout sur le regard mélancolique de l'actrice. Ne parlons pas des divers étudiants, qui semblent sortir des pires stéréotypes du psycho-killer (le beau gosse, le macho, la nympho…). Des ombres à peine esquissées qui semblent uniquement présentes pour servir d'en-cas aux morts vivants ressuscités par Lucifer, et dont on se demande encore ce qu'ils font là (eux aussi d'ailleurs). Sans parler de la fameuse reconstitution de la passion du Christ, qui se transforme en carnage sans explication préalable, mais comme ça pisse le sang de partout on pardonnera cette petite digression. A signaler aussi l'inévitable douche collective, ici uniquement composée de mecs, et un grand moment où l'un des étudiants fumeur de joints découvre qu'il est pourvu d'une belle paire de seins. Parfaitement gratuites, les deux scènes remplissent le cahier des charges en inversant totalement les clichés du genre ; vraiment, ce film n'est pas net.

 

 

Tourné pour moins d'un million de dollars presque en autarcie par le réalisateur qui se retrouve à presque tous les échelons de la création (scénario, musique, production), le film se permet néanmoins la présence d'une petite "star", l'inquiétant Stefan Arngrim qui fut la vedette de la série "Land of the Giant". On le reverra par la suite dans "Class 1984", avant qu'il ne disparaisse des écrans pendant dix ans pour revenir (au milieu des années 90) hanter nombre de séries, notamment fantastiques, comme "X-Files", "Poltergeist", "Millenium", "The Crow". Autre visage connu, Elizabeth Hoffman, dont c'était le premier film à l'âge de 54 ans, l'actrice entamait là une carrière bien remplie. Ses dernières apparitions seront un personnage récurrent dans la série "Stargate" et un rôle de grand-mère acariâtre dans "Le Pic de Dante". Par contre, la jeune Rowe McAllen, après quelques rôles à la télévision, a semble-t-il préféré se diriger vers les planches et faire carrière à Broadway, dommage pour cette jolie actrice au charme particulier. Une petite pensée pour Phillip E. Roy, dont ce sera l'unique rôle (comme beaucoup d'acteurs du film), il interprète un professeur de gymnastique avec une retenue qui ferait passer Frank Dubosc pour un autiste, une scène surréaliste où il écrase l'abdomen d'un de ses élèves avec un ballon !
Un peu confus vers la fin, le film se clôt donc par la victoire du Bien (tiens donc) contre le Mal, les fornicateurs drogués auront péri entre les griffes des zombies et les trois archanges se fondent en une seule personne (du triolisme au paradis, et qui se met au milieu ?). Mine de rien, les films mettant en scène les anges (angelsploitation ?) peuvent être considérés comme un sous genre du film fantastique grâce aux américains, grands consommateurs de la chose. De ce côté de l'atlantique, certains pourraient considérer ce sous genre comme un peu puéril, mais n'oublions pas que la télévision française produit une certaine "Joséphine ange gardien", gros succès de la première chaîne décérébrée. Comme disait l'autre (qui marchait sur l'eau) : "Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l'oeil de ton frère et n'aperçois-tu pas la poutre qui est dans ton oeil à toi ?". En pénitence, vous me visionnerez trois fois "Effroi" à genoux en récitant "Le Notre Père". Allez en paix, mon fils !

 

 

The Omega Man


A propos du film :

# Le film fut réalisé dans l'état de New York, notamment au Boldt Castle, un château situé sur l'île de Hart Island appartenant à l'archipel des Mille-Îles, sur le fleuve Saint-Laurent dans le nord de l'État de New York, et qui est une des curiosités touristiques de la région. Le lieu a tellement plu au réalisateur qu'il y tournera un autre film, le méconnu "Lady in White".
"Effroi" est un film étrange jusque dans le choix de sa bande son ; on peut ainsi entendre : The Sex Pistols (Anarchy in the UK), Ramones (Blitzkrieg Bop), The Boomtown Rats (I Don't Like Mondays), the Talking Heads (Psycho Killer, Love Goes to a Building on Fire), Patti Smith (Hey Joe), The B-52's (Lava), Richard Hell (Blank Generation), The Rezillos (Someone's Gonna Get Their Head Kicked in Tonight), BIM (Delicious Gone Wrong) et Trybe (Fear No Evil).

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