Seigneur de la guerre, Le
Titre original: The War Lord
Genre: Drame , Action , Aventures , Cape et épées
Année: 1965
Pays d'origine: Etats-Unis
Réalisateur: Franklin J. Schaffner
Casting:
Charlton Heston, Richard Boone, Rosemary Forsyth, Guy Stockwell, Niall MacGinnis, Henry Wilcoxon...
 

En plein Moyen-Age, au onzième siècle pour être précis, Chrysagon de La Cruz (Charlton Heston) vient prendre possession du fief que lui octroie, pour services rendus, le Duc de Normandie. Guerroyant depuis plus de 20 ans, Chrysagon arrive sur ces terres marécageuses habitées par des paysans pauvres et dotées d'une simple tour fortifiée en guise d'habitat seigneurial avec une certaine émotion et le sentiment d'être chez lui, tout en ressentant une impression étrange. Son fidèle lieutenant à la voix rocailleuse, Bors (Richard Boone), n'y voit guère d'inconvénient (puisque ça plaît à son maitre, alors cela lui plaît aussi), ce qui n'est pas le cas du frère de Chrysagon, Draco (Guy Stockwell), qui trouve ce territoire misérable et sans grand intérêt.

 

 

A peine sont-ils arrivés sur place que Chrysagon et son frère se retrouvent aux prises avec une horde de Frisons, ceux-là même qui, 20 ans plus tôt, avaient enlevé leur père et l'avaient ruiné, les jetant sur la voie des armes pour pouvoir continuer à vivre dignement leur rang. Vite repoussés, les Frisons rembarquent sur leurs navires en laissant une prise de taille aux Normands  : le fils du chef! Agé de 8 ou 10 ans, celui-ci a déjà suffisamment de présence d'esprit pour cacher son statut et n'être considéré que comme un simple prisonnier, captif personnel du nain Volc qui le tient en laisse et veut s'en faire un semblant de vassal qui lui donnerait le statut de seigneur.
En cette période hautement féodale, la bravoure du nouveau chef est vivement appréciée de la population locale qui l'accueille donc avec satisfaction. De son côté, Chrysagon est bien décidé à ne pas s'aliéner son amitié, ceci en conformité avec les instructions du Duc qui lui a accordé ce fief. Et tout irait probablement pour le mieux si Chrysagon, vieux guerrier las des batailles ne tombait rapidement sous le charme de la belle Bronwyn (Rosemary Forsyth), une simple bergère qui élève des cochons, au point de ne plus penser qu'à elle et de se mettre à la convoiter. Petit problème : la jeune femme est vierge et promise à Marc, un jeune du village fougueux et jaloux, qui doit l'épouser très bientôt.
Pour Chrysagon, qui a donné son accord aux noces des deux tourtereaux, le remords arrive vite et sa décision aussi : puisque le droit de cuissage existe, il va s'en servir et c'est donc lui qui passera la nuit de noces avec la mariée! La règle indique juste qu'il doit la rendre aux premières lueurs de l'aube à son mari et c'est évidemment là que les choses se compliqueront: follement épris de Bronwyn, il n'est plus décidé du tout à s'en séparer, celle-ci d'ailleurs s'y résolvant assez vite, amoureuse à son tour de son seigneur et maître... qui se met ainsi les villageois à dos...

 

 

Le seigneur de la guerre est une belle réussite à tous points de vue : l'histoire et les personnages sont riches, les décors sont souvent parfaits et l'ambiance tout à fait médiévale. Tiré d'une pièce de théâtre de Leslie Stevens (créateur de la série télé The Outer Limits - Au-delà du réel - durant les années 60 et réalisateur en 1965 d'"Incubus", un film qui a la particularité d'avoir été tourné en espéranto), le film ne ressemble pourtant pas du tout à du théâtre filmé. Il manie scènes intimistes et combats épiques dans une totale harmonie et se passe en intérieur comme en extérieur sans que cela nuise en rien à sa fluidité narrative.
Chrysagon de La Cruz (drôle de nom, certes) est un seigneur et se considère comme tel. Lorsqu'il a la possibilité de voir Bronwyn nue à la rivière, il ne s'en prive pas (il n'en ira pas de même pour le spectateur, la chasteté du cinéma de l'époque plaçant très vite hors-champ le moindre bout de fesse...). Il fait même une allusion bien lourde la ramenant à la condition d'un animal domestique. Et pour le seigneur en son fief, on sent bien que les simples paysans, tous ces gens qui l'entourent, ne comptent pas beaucoup plus qu'un cheval ou qu'une épée et seraient même considérés comme moins utiles...
Vassal du Duc de Normandie, il lui désobéit néanmoins en se mettant à dos la populace. Seigneur d'un confetti de Normandie, il se retrouve prisonnier de sa propre demeure en se retrouvant assiégé dans sa tour par les Frisons informés par les villageois de la présence du fils de leur chef...

 

 

Le film se fait alors film de siège, les Frisons tentant par tous les moyens d'entrer dans la tour tandis que ses occupant font tout pour les repousser. Filmées formidablement, les scènes d'action et de batailles sont passionnantes et palpitantes. La rivalité fraternelle entre Chrysagon et Draco, qui pourrait virer fratricide, s'ajoute à l'ensemble et crée un surcroît de tension qui rythme le film jusqu'à sa fin ambivalente.
Ce n'est pas là le film le plus connu de Schaffner mais s'il a moins brillé que "La planète des singes", "Patton" ou "Papillon", il n'en reste pas moins largement à leur niveau. L'interprétation sans faille de Charlton Heston, jamais ridicule malgré sa coupe au bol, du granitique et excellent Richard Boone, du trouble et troublé Guy Stockwell ou de la belle promise Rosemary Forsythe en est en partie la cause. La richesse des reconstitutions (malgré un budget semble-t-il modeste) et l'univers évoqué n'est pas sans rappeler d'autres films et, de façon surprenante, "The Wicker Man" notamment, celui de 1973 bien sûr, réalisé par Robin Hardy, lors des cérémonies païennes auxquelles s'adonnent les habitants de ces terres désolées, encore mal christianisées, notamment pour mettre en scène les épousailles. Mais on pense aussi à La chair et le sang, dans l'utilisation d'armes comme les catapultes, le bélier ou la tour d'assaut, mais sans l'excès d'inventivité que Verhoeven avait accordé à ses personnages.
Le seigneur de la guerre est donc un film d'action mais aussi d'amour, un film de siège et une tragédie, un film historique et un grand récit d'aventures. Tout cela dans une ambiance de féodalité où les statuts des uns et des autres sont bien déterminés et où chacun doit garder son rang et rester à sa place, le pas de côté fait par Chrysagon déséquilibrant complètement un monde régi par des lois injustes mais admises par l'ensemble de la société. Un film à voir, incontestablement.

 

 

Bigbonn

 

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