Voodoo Man
Genre: Zombie , Horreur , Sorcellerie
Année: 1944
Pays d'origine: Etats-Unis
Réalisateur: William Beaudine
Casting:
Bela Lugosi, John Carradine, George Zucco, Wanda McKay, Louise Currie, Ellen Hall, Michael Ames (Tod Andrews)...
 

Ces derniers mois, une dizaine de jeunes femmes ont disparu alors qu'elles traversaient un comté reculé de Californie ; on ignore ce qu'elles sont devenues. Un producteur, que la décence n'étouffe pas, demande au jeune scénariste Ralph Dawson de s'inspirer de ce tragique fait divers pour écrire le synopsis d'un film d'horreur. Mais Dawson doit partir en congé pour aller se marier. Le soir même, alors qu'il traverse la région où se sont déroulées les disparitions pour se rendre auprès de sa future belle famille, il s'arrête faire le plein à une station d'essence isolée. Suite à un quiproquo, il repart sans avoir été servi. Peu après, une belle jeune femme s'arrête à cette même station, et attire l'attention du propriétaire. Après être repartie, elle rencontre Ralph Dawson, tombé en panne d'essence, et le prend en stop. Cette belle automobiliste se trouve être le futur témoin de la toute aussi future épouse de Dawson. Mais, alors qu'ils sont contraints de s'engager dans une déviation, leur véhicule tombe en rade sans la moindre raison...

 

 

Voici un honnête film de zombies "pré-romerien", autrement dit de zombies première mouture, c'est-à-dire vaudou. Un genre initié douze ans plus tôt au cinéma par White Zombie, avec déjà en vedette Bela Lugosi et qui, un an seulement avant le présent film, avait connu son apogée avec le magnifique "Vaudou" ("I Walked with a Zombie") du duo Tourneur/Lewton. Inutile de dire que Voodoo Man souffre de la comparaison avec ses deux aînés. Il n'en reste pas moins l'un des meilleurs des neuf films que Lugosi tourna pour la Monogram dans les années 40. Mais, malgré les réelles qualités du métrage, on sent bien que ceux qui l'ont fait "n'y croyaient plus", l'horreur classique hollywoodienne était alors en train d'agoniser dans les parodies à la Abbott et Costello, avant de sombrer dans des pantalonnades infâmes. D'où les costumes ridicules des sectateurs vaudous, semblant sortir d'un numéro de music-hall ou d'un album de Tintin. D'où, aussi, l'épilogue final et son dialogue, "c'est un rôle pour Bela Lugosi", qui laisse un goût amer.

 

 

Pourtant ce Voodoo Man n'est pas dépourvu de charme : Bela Lugosi est en forme et son jeu "particulier" est bien exploité, George Zucco est impeccable dans un rôle qui pourrait facilement basculer dans le grotesque (un rôle de sorcier vaudou, garagiste et ingénieur !), et, puisqu'on parle de charme, les actrices sont très jolies. On a en effet rarement vu plus charmante escouade de mort-vivants, c'est ce que l'on appelle de la figuration intelligente. Bon, en fait, ce ne sont pas vraiment des mortes vivantes (en tous cas on le suppose, car sur bien des détails le film reste dans le flou), sauf feu l'épouse du personnage de Lugosi qui est la plus belle d'entre toutes (et le moteur de l'intrigue).


Le scénario, lui, combine sorcellerie vaudou (indissociable à l'époque des zombies), hypnose mesmérienne (Lugosi oblige) et technologie futuriste à base d'électro-magnétisme et d'ondes radio (uniquement pour stopper des véhicules, alors qu'une poignée de clous aurait suffit), ce qui fait quand même beaucoup. Surtout que l'on n'aura jamais d'explications du pourquoi, du comment, ni du fonctionnement de la chose.

 

 

Le très prolifique (plus de 300 films au compteur !) William Beaudine, metteur en scène de ce moyen métrage, était l'un des réalisateurs les plus appréciés des producteurs de la "Poverty Row", pas pour ses qualités artistiques, mais pour sa rapidité d'exécution. Une rapidité qui lui valut le surnom de "one shot", car il avait la réputation de ne faire qu'une seule prise, quoi qu'il ait pu se passer lors du tournage des scènes. Ici, cela ne se ressent pas trop. Beaudine avait déjà dirigé Lugosi pour la Monogram dans "L'homme singe" ("The Ape Man") un an plus tôt. Leurs chemins se recroiseront à nouveau pour "Bela Lugosi Meets a Brooklyn Gorilla", film qui fut le nadir de leur carrière respective.


Dans le rôle de l'aide difforme et/ou demeuré (ici demeuré seulement) du savant fou/génie du mal, un rôle qu'en son temps Lugosi avait su porter au pinacle, on trouve John Carradine, le célèbre père de ses célèbres fils. Solide second rôle chez Ford, Lang, Sirk et consorts, son physique à la maigreur légendaire le cantonna au rôle de salop ou de lâche. Dans ce film ci, il faut bien reconnaître qu'il en fait beaucoup (à sa décharge, son personnage est très stéréotypé) et n'est pas très convaincant.

 

 

Si Voodoo Man n'est pas un film qui marqua l'histoire du 7ème Art, il est somme toute plaisant et sympathique, et on aurait tort de se priver du plaisir de le regarder... Même si on peut regretter que les coiffures d'époque des actrices et figurantes ne soit pas aussi réussies que celles du contemporain Girls in Chains d'Edgar G Ulmer.

 

Note : 7,5/10

 

Sigtuna

En rapport avec le film :

# Le coffret Artus Films : Bela Lugosi l'immortel

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