Wild Wild Planet
Titre original: I criminali della galassia
Genre: Science fiction
Année: 1965
Pays d'origine: Italie
Réalisateur: Anthony M. Dawson (Antonio Margheriti)
Casting:
Tony Russel, Lisa Gastoni, Massimo Serato, Franco Nero, Enzo Fiermonte, Umberto Raho, Vittorio Bonos...
Aka: Criminals of the Galaxy
 

Dans une station spatiale réservée aux forces de police, alors que Connie entraîne de jeunes recrues au close-combat, le commandant Mike Halstead reçoit un message urgent. Sur Terre, depuis quelques jours, un certain nombre de personnalités ont mystérieusement disparu. Mike et Connie décident de rentrer sur la planète bleue afin de retrouver l'auteur de ces enlèvements. Leurs investigations les mènent rapidement à l'adresse du professeur Delfos. Celui-ci, employé dans un laboratoire top secret, ne semble pas avoir la conscience tranquille. En effet, la nuit venue, profitant des installations de ses employeurs, il pratique d'étranges expériences sur les personnes qu'il a fait enlever...

 

 

Imaginez le mélange improbable entre un épisode de "Chapeau melon et bottes de cuir" (The Avengers) pour l'ambiance et un épisode des "Sentinelles de l'air" (alias Thunderbirds) pour les effets spéciaux et vous aurez une vague idée de ce que peut donner ce petit bijou de science-fiction kitsch et colorée. Espionnage, macabre, poésie, surréalisme... tout s'entrechoque dans ce cocktail d'incongruité et de plaisir coupable qui fait de ce film, probablement, le meilleur du sieur Margheriti.


Initialement prévues pour la télévision, les aventures de la base "Gamma One" se sont étalées sur quatre (télé)films : "War of the Planets", Wild, Wild Planet, "War Between the Planets", and "Snow Devils", tous réalisés en même temps et en trois mois (deux semaines pour chaque épisode).

 

 

Opération particulièrement délicate, car les quatre épisodes sont loin d'avoir le même scénario ni le même casting, mais un tournage difficile ne rebute pas un réalisateur italien digne de ce nom ; et d'une situation chaotique naquit une perle de la science-fiction pop. Précisons qu'à l'époque, l'Italien Margheriti (1930-2002) était un pionnier du genre. Grâce à sa maîtrise des effets spéciaux, il était devenu un des rares spécialistes européens de la science-fiction en réalisant trois films à petit budget : "Assignment Outer Space (1960), "Battle of the Worlds" (1961) et "The Golden Arrow" (1962). C'est grâce à ces trois films que la MGM décida de lui commander les quatre films de sa future série.


Sur les quatre, Wild Wild Planet demeure de loin le plus réussi. C'est bien simple, Margheriti signe carrément l'un des meilleurs films du genre, notoirement oublié des encyclopédies et des rétrospectives. Et pourtant, l'Italien arrive à battre pas mal de productions (américaines) largement surestimées. Son secret : un amour immodéré du genre, un refus des conventions et une bonne dose de délire. En effet, le script mélange androïdes à quatre bras, humain miniaturisé et transporté dans une valise, mutant résultant d'expériences ratées, pistolet lance-flamme... et ce ne sont là que quelques exemples qui parsèment une œuvre s'inspirant aussi (fortement) de l'univers Bondien (n'oublions pas que nous sommes en 1965, et Goldfinger vient de faire un triomphe planétaire), avec notamment un super méchant qui veut repeupler l'univers de créatures parfaites, ou la fille sexy adepte du karaté (tiens, cela ne vous rappelle rien ?).


Que ce soit par ses décors, costumes, coiffures, ou ses effets (très) spéciaux, le film de Margheriti nous entraîne dans une aventure proche de la bande dessinée. Faisant fi de toute réalité scientifique, le script nous fait penser aux bons vieux serials des années 30/40 comme Buck Rogers ou Flash Gordon (version Buster Crabbe). Évidemment, les effets spéciaux et les maquettes sont rudimentaires (quoique, pour l'époque...), mais le tout est filmé avec une certaine poésie, pas mal d'ingéniosité et un sens du rythme qui annihile toute critique. Car Margherithi ne réalise pas un simple film de science-fiction, mais un patchwork improbable d'aventure et d'espionnage, le tout dans un contexte futuriste. En puisant son inspiration chez d'autres, le réalisateur réussit à recréer son propre univers, ou des policiers de l'espace se lancent à la poursuite d'un savant fou qui a décidé de kidnapper enfants, sportifs et scientifiques afin de repeupler un nouvel Eldorado génétiquement parfait.

 

 

Pour son casting, Margheriti a recruté des valeurs sures de l'époque. Ainsi, Tony Russell n'est pas le pseudo d'un quelconque acteur italien, mais bien un acteur américain de télévision dans les années cinquante ("Zorro" de Disney, "Peter Gunn", "Highway Patrol") qui partit en Italie, où il tournera dans quelques films de genre : "Les cavaliers de la terreur (1964), "Les 7 Invincibles" (1963), "La Révolte de Sparte" (1964), "Légions Impériales" (1962)", avant de revenir aux Etats-Unis finir sa carrière de nouveau à la télévision ("Chips", "Le Grand Chaparal", "Vega$"...).
A ses côtés, la belle Lisa Gastoni, actrice et mannequin qui commença sa carrière en Angleterre, tournant dans "Toubib or not Toubib" (1954), "Trois hommes dans un bateau" (1956), "Tueurs à gages" (1958). En 1961, elle arrive en Italie, où sa beauté est exploitée dans de nombreux films d'aventure : "Mary la rousse, femme pirate" (1961), "Tharus fils d'Attila" (1962), "Le quatrième mousquetaire" (1963), "Hercule contre les mercenaires" (1964), "Ursus l'invincible" (1964)..." Mais c'est en 1968 qu'elle entre dans la légende du cinéma italien grâce au film de Salvatore Samperi, "Grazie Zia" ("Merci, ma tante" ou "Merci Léa"), histoire sulfureuse d'inceste entre une tante et son neveu. Ensuite, elle enchaîne les drames érotico-psychologiques comme "L'amica" (A. Lattuada, 1969), "Amore amaro" (F. Vancini, 1974), "Scandale" (Samperi, 1976) ou L'immoralità (M. Pirri, 1978) ; son dernier film date de 2010.

 

 

Autre actrice bien connue, Margherita Horowitz, qui fera une belle carrière dans le cinéma italien en enchaînant les genres : le western spaghetti ("Johnny le bâtard", "7 Écossais au Texas", "Les anges mangent aussi de fayots" ; les films érotiques ("Madame Kitty", "L’orgasme dans le placard", le douteux "Fraulein SS") ; le giallo (Le chat à neuf queues, La mort a pondu un œuf) ou le policier ("Marc la gâchette", "Terror Commando", Sections de choc, Action Immédiate ; et aussi le fantastique ("Suspiria"). N'oublions pas de signaler, dans un petit rôle, un débutant (c'était son troisième film) qui allait devenir une star du cinéma italien : Franco Nero.

Avec Wild Wild Planet, Margheriti réussit un coup de maître (un sur quatre, ce qui est déjà pas mal), un film coloré et savoureux qui fait passer un bon moment. Il s’agit là d’une autre vision de la science-fiction, qui change des productions actuelles à la recherche d'un réalisme absolu, oubliant souvent le lyrisme et la modestie.

 

 

The Omega Man

 

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