Sema the Warrior
Titre original: Khunsuk
Genre: Historique , Action , Guerre
Année: 2003
Pays d'origine: Thaïlande
Réalisateur: Tanit Jitnukul
Casting:
Woravit Kaewphet, Poomarin Janjit, Planglit Sangcha, Sawinee Pookaroon, Pimthong Klinsmith, Prapadon Suwannabang...
 

En Thaïlande, aux environs de 1550 et en pleine guerre contre les Birmans, Sema le forgeron, après une longue absence pour apprendre l'art du sabre, revient dans son village afin d'aider son père malade. Son rêve : devenir soldat. Il tombe amoureux de Rayrai, la fille du gouverneur et amie de sa sœur Jumreang. Rayrai, grâce aux efforts de Sema, va elle aussi tomber amoureuse de ce jeune soldat. Mais voilà, il y a le général "très méchant" Moo Khan, qui est le prétendant officiel de la belle Rayrai... Sema et ses deux camarades de forge, Sin maniant la massue et Somboon les tonfas, vont alors devoir lutter contre ce pouvoir hiérarchique. Pendant ce temps, son père "vend" Jumreang pour payer ses dettes. Moo Khan, pour se venger de Sema, va le prendre au mot et l'emprisonner. Nos trois héros vont alors rejoindre les forces résistantes en attendant le bon moment pour libérer Jumreang. Mais voilà qu'elle se fait violer par les adjoints de Moo Khan. A la suite d'actes de vengeance, mais aussi de victoires sur le champ de bataille, Sema gravit peu à peu les rangs jusqu'à affronter Moo Khan en duel, et gagner ainsi le droit de protéger l'éléphant du Roi, mais aussi la belle Rayrai...

 

 

Les films thaïlandais sont réputés pour être très lents et très spirituels. Enfin, le peu de films qui nous arrivent dans l'Hexagone le sont, et c'est le cas d' "Oncle Boonmee" d'Apichatpong, par exemple.
Pourtant, le film commence par une séquence de combat dans la jungle, de nuit, montée rapidement dans un style plus hollywoodien que thaïlandais. La caméra est tout le temps en mouvement et c'est ce qui est dommage dans ce film : une volonté de ressembler aux grosses productions et parfois même de rivaliser avec elles (à tort). Très vite, on se rend compte que c'est le schéma lambda du "film de sabre en état de guerre" : le gentil revient, s'engage dans l'armée, est déçu par l'armée, rejoint les forces résistantes et affronte le grand général à la fin. C'est par exemple le cas de "Tai-Chi Master" de Yuen Woo-Ping, ou plus subtilement (et encore) dans "Le dernier samouraï" d'Edward Zwick.

Malheureusement, la production est mal gérée, avec un nombre de figurants assez impressionnant (et les costumes qui vont avec), une séquence de pyrotechnie lors de l'assaut d'un fort (qui ressemble à une sorte d'avant poste plus qu'à un endroit stratégique) ; et enfin des combats assez bien chorégraphiés. D'ailleurs, il y a un réel soin au niveau des combats, le sang gicle de façon assez réaliste (tout l'inverse de chez Tarantino), les batailles ne durent pas trois heures pas plus que les duels. Il y a de la "crasse" et de la sueur. Bref, de ce côté, rien à redire.
Mais on voit qu'un travail de post production manque, surtout au niveau de l'image qui a sûrement été filmée avec une caméra numérique, peut-être même DV (l'image nous rappelle "Inland Empire" de David Lynch). Peut-être aussi que le DVD n'est tout simplement pas le meilleur support pour parler de ce genre de chose. Quelques plans chronologiquement en avance perturbent la compréhension de l'histoire. Une perche ou deux. Et je pense qu'au niveau sonore il y a aussi quelques erreurs, mais elles m'ont très certainement échappé à cause de la langue thaïlandaise.

 

 

Mais peut-être que c'est justement là la force du film. Dès la première séquence, la même ambiance qu'un monument du cinéma d'aventure se dégage. Très vite, j'ai revu la jungle d'"Aguirre" d'Herzog. Ces conquistadors perdus au milieu de la forêt, et le messager qui part et qui ne reviendra pas. Dans Sema, nous avons pratiquement la même scène : un messager court, une lame lui coupe la gorge, l'ennemi prend alors sa place pour tuer le frère du roi. D'ailleurs, cette séquence d'ouverture a potentiellement inspiré Mel Gibson lorsqu'il réalisa Apocalypto en 2006. La jungle et son ambiance sont très proches.
La qualité de l'image donne une sorte de vérité dans ce que l'on voit. On est vraiment au milieu des soldats, couvert de sang, participant aux batailles et voulant tuer les protagonistes.


L'alternance entre la nuit et le jour semble remplacer le temps elliptique si particulier au cinéma thaïlandais. Ceci rajoute une dimension (trop ?) romantique au trio amoureux et échappe totalement aux spectateurs occidentaux. Tout comme la trajectoire sociale qui se voit à des kilomètres de pellicule avant la fin du film. Sema part de rien et deviendra un homme de haut rang.
Avons-nous là une lutte des classes derrière un fond de combat gominé ? Ou un nouveau film thaïlandais ? Ou encore un énième remake hollywoodien, sinon chinois ?

 

 

Note : 5/10

Kuro

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