Robin des Bois et les pirates
Titre original: Robin Hood e i pirati
Genre: Aventures
Année: 1960
Pays d'origine: Italie
Réalisateur: Giorgio Simonelli
Casting:
Lex Barker, Jocelyn Lane (Jackie Lane), Rossana Rory, Mario Scaccia, Walter Barnes, Edith Peters...
 

... Dans lequel nous retrouvons notre vaillant Robin des Bois (Lex Barker) en mauvaise posture dès le prélude.
Ce dernier, de retour des croisades, a été capturé par une bande de pirates qui le ramène dans le comté de Sherwood, afin de demander rançon à son père pour sa libération.
Du pirate au marin d'eau douce il n'y a parfois qu'une petite vague à franchir puisque leur bateau, étant menacé de sombrer, One-Eye, le capitaine des flibustiers (Walter Barnes) laisse l'embarcation aux mains de Robin, prenant soin au préalable de le sortir de la cale dans laquelle celui-ci était retenu prisonnier. Autant dire que nos pirates révèleront une véritable grandeur d'âme en plus d'afficher, au gré du film, leur bon coeur.
Notre héros fera donc naufrage, mais dans son malheur il échouera sur les côtes anglaises, non loin du château de Nottingham. Très vite capturé par le despote local Jonathan Brooks (Mario Scaccia), c'est à la pendaison sur la place publique qu'il est destiné. L'intendant en place est un usurpateur qui a volé le titre et le statut du père de Robin. Autant dire que notre justicier fera tout pour récupérer ce qui lui a été spolié, et le rendre à qui de droit.
Pour cela, il lui faudra rendre la liberté à son ex promise Kareen Blain (Jocelyn Lane), déjouer les complots machiavéliques de la soeur du tyran (Rossana Rory) et de son bossu de valet (Giulio Donnini), puis rendre enfin sa noblesse à un peuple tyrannisé.

 

 

Robin des Bois a engrangé au fil des ans un paquet d'aventures cinématographique plus ou moins fantaisistes. Si la référence demeure le spectacle trépidant et bondissant de 1938 avec Errol Flynn, Douglas Fairbanks avait déjà initié dans les années 20 son adaptation pour l'écran.
Il faudra attendre 1946 pour le voir réapparaître sous le visage de Cornel Wilde ("La revanche des gueux" - The rogues of Sherwood Forest) puis les années 50 avec en vrac : Richard Todd dans la production Disney "Robin des Bois et ses joyeux compagnons" (et avant le dessin animé de la fin des années 70), Rod Taylor, Richard Greene et Barrie Ingham pour les ‘hammeriens' "La revanche de Robin des Bois" (1954) réalisé par Val Guest, "Le serment de Robin des Bois" (1960) de Terence Fischer et "Le défi de Robin des Bois" (1967) à nouveau de Val Guest. De leur côté les italiens, comme de coutume, ne sont pas en reste et livrent "Le triomphe de Robin des Bois" (1962) sous la houlette d'Umberto Lenzi avec Don Burnett, "Le fils de Sherwood" par Roberto Bianchi Montero avec George Martin, puis enfin, en 1970, "La grande chevauchée de Robin des Bois" de Giorgio Ferroni avec cette fois-ci Giuliano Gemma dans le rôle titre.
On aura droit plus tard en 1976 à une magnifique relecture hollywoodienne réalisée par Richard Lester, dans laquelle on retrouvera nos héros vieillissants dans un film crépusculaire et romantique, ainsi que des anecdotiques et vaines relectures récentes avec Kevin Costner ou Russell Crowe.

 

 

Bien entendu, toutes ces adaptations n'ont pas forcément le même prestige, sans compter le niveau parfois très faible de certaines d'entre elles, mais s'il en est un qu'on oublie de citer la plupart du temps, c'est bien ce très fantaisiste Robin des Bois et les pirates que signait en 1960 le prolifique Giorgio Simonelli.
Un artisan du 7ème art soit dit en passant totalement occulté lui aussi, qui a pourtant signé pas moins d'une soixantaine de films depuis le début des années 30 en abordant tous les genres : du pur mélodrame ("Parlez-moi d'amour" avec Dalida), de l'authentique comédie ("Due mafiosi contro Goldginger" avec les incontournables Franco et Ciccio), du cape et d'épée ("Les mousquetaires de la reine"), son genre de prédilection restant avant tout et globalement le film d'aventures ("Les deux tigres", "Ursus dans la vallée de feu"...).
Il est étonnant de constater, à la vision de ce Robin des Bois et les pirates, que cette nouvelle variation, sans être renversante, se montre à la fois joviale et distrayante.

 

 

Lex Barker, entre deux Tarzan et trois Winnetou, ne démérite pas et arbore l'arc et la plume de paon avec panache ; il est accompagné de Walter Barnes, acteur spécialisé dans la bonhomie et qui amène ici son brin de truculence (on notera qu'il s'agit ici de la première rencontre des deux acteurs pour une belle série de films : "Le secret de l'épervier noir", "Le trésor des hommes bleus", La révolte des indiens apaches...). Ailleurs, Mario Scaccia (Sept épées pour le roi, Gli imbroglioni, Il profumo della signora in nero...) en méchant de service se révèle très sadique et balade sa bonne tête tout du long avec un plaisir non feint et pour tout dire communicatif ; les femmes ici présentes sont tout à fait flatteuses pour l'oeil, et rendent à la leur manière hommage à la belle photographie du film signée Raffaele Masciocchi (L'effroyable secret du Dr. Hichcock, Le spectre du Dr. Hichcock...). Soit, leurs rôles respectifs pourront paraître convenus, il n'en demeure pas moins que la viennoise Jocelyn Lane Bolton (aperçue dans Urlatori alla sbarra) parvient à s'extraire d'un rôle nunuche en plus d'être d'une beauté stupéfiante, tandis que la romaine Rossana Rory passe du rôle de garce à celui de sauveuse rédemptrice avec une facilité et une allégresse déconcertante.
Mais ce n'est pas tout. Ce qui fait en premier lieu le charme de Robin des Bois et les pirates, c'est une flopée d'idées étonnantes autant que saugrenues ou déplacées...

 

 

Passons sur le fait que Walter Barnes se balade avec le bandeau à l'oeil tout le film durant avec un nom qui se révèlera pour le moins usurpé, pour parler de quelques scènes totalement décalées et pas loin d'être très politiquement aussi borderline que délicieuses :
Le film à peine démarré, nos pirates ont l'idée lumineuse de balancer leurs femmes esclaves créoles à la mer comme des sacs à patates ; l'une d'elles tiendra même un rôle important dans les décisions plus tardives de One-Eye, puisque non seulement elle est son esclave, mais aussi et sans doute son amante. Dans une espèce de racisme jovial et bon enfant, on l'appelle Bamboula. Vu que Bamboula est une grande gueule (logique, il s'agit d'Edith Peters, l'une des fameuses chanteuses du groupe les Peter Sisters, elle prendra a contrario une part importante aux décisions du groupe de flibustiers.
Nos esclaves créoles feront également les putes, le temps d'une scène, en bord de chemin, afin d'attirer le chaland saxon qui passe... Les deux femmes issues de la noblesse s'initieront, dans un crêpage de chignon sans pitié, au catch dans la boue ; quant au bossu, il roulera sa bosse tout du long de ces aventures pimentées pour servir au final de dromadaire à nos vindicatifs moussaillons.


Non, tout mineur qu'il puisse être, ce Robin des Bois là parvient sur le ton de la comédie à se montrer la plupart du temps distrayant, sans compter qu'il ménage comme il se doit, son lot de bagarres, de duels et de chevauchées. Il s'agit d'un petit film que l'on a tort de mépriser au jour d'aujourd'hui, au point de l'occulter ainsi et qui vaut bien, malgré ses carences, qu'on y jette One-Eye (en pâture).

 

 

Mallox

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