Géant de la vallée des rois, Le
Titre original: Maciste nella valle dei re
Genre: Aventures , Peplum
Année: 1960
Pays d'origine: Italie / France / Yougoslavie
Réalisateur: Carlo Campogalliani
Casting:
Mark Forest, Chelo Alonso, Vira Silenti, Angelo Zanolli...
Aka: Maciste dans la vallée des pharaons / Son of Samson
 

Le sortilège de l'antique Egypte nous fascine encore aujourd'hui par delà les millénaires. Il émane du mystère, de la gloire, de la grandeur et de la décadence d'un peuple ; d'une époque, d'une épopée séculaire de splendeurs et de sang. Au cinquième siècle avant le Christ, la vie du peuple égyptien se déroulait, morne et précaire, sous la domination des perses. Les pharaons, pénétrés du caractère divin de leur puissance, pactisaient avec l'ennemi vainqueur et une princesse venue de Perse était même devenue reine de la vallée du Nil. Mais pour le peuple, deux siècles de domination perse n'avaient apporté que carnage, dévastation, humiliation et misère.

 

 

C'est dans ce contexte que le pharaon, par un orgueil exacerbé de noblesse, se verra trahi par Smedes, la jeune princesse avide de pouvoir, de richesse et d'expansionnisme. Le peuple est spolié, les hommes sont torturés puis tués ; seules les femmes sont gardées pour des tâches bassement ménagères et pour perpétuer la race perse, quand ce n'est pas pour servir de péripatéticienne. Jusqu'au jour, où, pendant un convoi et de derrière un rocher, surgit Maciste ! Ce dernier sort brusquement sa carte du PCI et la tend aux gardes : "Je suis contre l'injustice, l'inégalité des droits, et je suis pour un partage équitable des richesses !". Les geôliers ne veulent rien savoir ; aussi, Maciste leur lance une pierre en polystyrène. Communiste idéaliste sans aucun doute, soucieux de la cause animalière, très peu pour lui puisque ce sont les pauvres montures de la garde perse qui se font écraser en même temps que leurs fascistes cavaliers.
Quant aux femmes, d'abord choquées par tant de déchaînement de violence, elles comprennent bientôt que l'homme triangulaire, dont le corps ressemble à la tête de la vache qui rit, ne vient que pour les sauver d'un calvaire annoncé... Smedes a bien du mouron à se faire, même si un temps durant, elle croira avoir jeté un charme au militant Maciste.

 

 

On connaît assez peu Carlo Campogalliani, qui signait pourtant là quasiment son 80ème film après plus de quarante cinq ans de carrière. Un réalisateur qui exerçait donc déjà au temps du muet, et qui en son temps avait déjà contribué aux franchises de Maciste avec "Maciste I" en 1919, puis "La trilogia di Maciste" (alias Maciste Super Man,1-2-3 , 1920), "Maciste contro la morte" puis "Il testamento di Maciste" en 1921. Logique, finalement, que ce soit ce même Campogalliani qui, en 1960, ponde le premier "Maciste" sonorisé (l'accouchement semble s'être déroulé sans douleur malgré la carrure du bébé) et soit l’initiateur d'une longue série qui verra passer nombre de réalisateurs et d'acteurs : Gordon Mitchell ("Maciste contre le cyclope"), Gordon Scott ("Maciste contre le fantôme"), Kirk Morris ("Maciste en enfer", "Maciste et les filles de la vallée", "Maciste, vengeur du dieu maya"...) ; Ed Fury ("Maciste dans la vallée des lions") ; Reg Park ("Maciste dans les mines du roi Salomon", quoiqu'il y jouait Ursus et que le titre français était trompeur) ; Alan Steel ("Maciste contre Zorro", Maciste contre les hommes de pierre...) .... Le premier Maciste à parler (certaines mauvaises langues disent qu'il aurait mieux fait de rester muet) fut donc Mark Forest, qu'on retrouvera à plusieurs reprises dans l'un de ses rôles de prédilection avec notamment : "Maciste, l'homme le plus fort du monde", "Maciste contre les Mongols" ou "Maciste, gladiateur de Sparte". Quant à Chelo Alonso, vu le rôle de salope qu'elle endosse déjà ici, il n'est pas étonnant qu'elle soit allée ensuite tromper Mark Forest avec un autre gros musclé, en l'occurrence Gordon Mitchell, pour l'aider à crever l'oeil d'un cyclope, sans parler d'une autre infidélité avec Spartacus campé par Steve Reeves. Trop souvent malmenée par de trop fortes étreintes, elle se reposera dans l'Ouest avec de belles réussites du spagh’ : "Le bon, la brute et le truand", Saludos, hombre puis "Un tueur nommé Luke" (La notte dei Serpenti, 1969) avant de se retirer définitivement du cinéma, sa côte (et ses côtes avec) s'étant fêlée avec l'âge.

 

 

Trêve de recensement de "Macistes" pour dire que, finalement, si celui-ci est le premier et sans doute pas le meilleur d'une copieuse série qui, à l'instar de son héros, eut parfois bon dos, il est loin d'être le pire. A la fois doté d'une mise en scène dynamique, riche en péripéties (et en dialogues crétins), difficile de s'ennuyer devant un spectacle qui pourra même paraître assez souvent gore, tout du moins pour l'époque. Etonnant de voir un tel enchaînement barbare d'entrée de métrage, avec des égyptiens qu'on retrouve enterrés vivants, parfois la tête vers le bas, d'autres qui se font transpercés dans des mares de sang quand ils ne se font pas à la fois transpercer par une flèche d'arc puis brûler encore vivants. Un homme à qui on enlève son bonnet pour mieux le décapiter puis, plus tard, une lance qui vient se nicher en pleine cavité orbitale tandis qu'un char aux roues sabrées fonce à-même la foule pour déchiqueter toutes les jambes à portée !

 

Mais ce n'est pas tout ! Si Mark Forest livre une performance moyenne, sinon dans la moyenne des Maciste, il a en revanche de quoi s'occuper durant les quatre vingt dix minutes que durent ses péripéties (et le spectateur avec donc), puisque celui-ci se bat contre un lion (passage obligé des Maciste), arrête le char-couperet évoqué ci-dessus avec ses chevaux au grand galop, écarte une falaise pour en libérer un ru d'eau (lequel permettra aux femmes et aux enfants égyptiens assoiffés de s'abreuver en plein désert), porte des échelles sur lesquels de Perses tyranniques étaient perchés pour escalader des murs pharaoniques, balance (comme un rugbyman faisant une touche) une gigantesque poulie sur ses assaillants, assomme un gardien d'un petit coup d'index sur le front (si si !) et s'en va même exploser, à coups de pains dans la gueule, quelques crocodiles affamés alors qu'on l'avait au préalable jeté (soi-disant endormi, mais l'homme est malin !) dans leur fosse où ceux-ci l'attendaient goulûment. Un cahier des charges bien rempli pour un programme tout dévoué au service du peuple, qui sera finalement amplement réalisé. Maciste n'est pas homme à balancer promesse sur promesse pour ensuite ne pas les tenir, voire même se contredire ou encore retourner sa veste, comme il le fera croire un temps aux Perses ainsi qu'à la reine d'Egypte, vendue à leur cause et au grand capital.

 

 

Le géant de la vallée des rois est un film distrayant à tout point de vue, mais qui sait reprendre également son souffle dans des intermèdes romantiques au sein desquels notre héros se fait même philosophe.
En effet, non seulement il niquera la jolie Smedes qui, pour le coup, se croira carrément en discothèque, se fendant même d'un disco-kitsch arabisant, mais la séduira également avec des phrases dont la poésie n'aura d'égale que la malignité et les mauvaises intentions de la traîtresse :
"Ma reine, le soleil de ta beauté a effacé en moi le souvenir de ce que j'ai pu aimer avant toi".

Comment ne pas s'incliner devant un homme qui allie si harmonieusement la force et l'esprit, la vigueur et la malice, l'obstination et la stratégie, la tête et les jambes (Ok, là je m'égare..., que Pierre Bellemare, Philippe Gildas et Thierry Roland ne m'en veuillent pas de cette boutade vaseuse s'ils venaient à passer par là) ?
Quoi qu'on en pense, et à l'instar de cette déclaration d'amour de Smedes pour Maciste : "Je rêvais d'un homme qui te ressemblerait, qui saurait me faire tressaillir d'amour et de peur", il me paraît pour ma part difficile de ne pas succomber aux charmes de ce petit film alerte, fantaisiste et coloré.

 

 

Mallox


En rapport avec le film :

# Celui-ci était également sorti en France sous le titre "Maciste dans la vallée des pharaons" chez Performance Vidéo et Magic Entertainment.

 

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