Possédée, La (Exponerad)
Titre original: Exponerad
Genre: Erotique , Drame
Année: 1971
Pays d'origine: Suède
Réalisateur: Gustav Wiklund
Casting:
Christina Lindberg, Birgitta Molin, Heinz Hopf, Björn Adelly, Siv Ericks, Janne "Loffe" Carlsson...
Aka: La Pénétrée / L'Obsédée /Exposed / La fille du sex-shop / Diary of a Rape / The Depraved
 

Lena Svensson se retrouve seule dans l'appartement de Stockholm quand ses parents partent en vacances d'été pour Marrakech. Le temps passe... Fin août, la jeune étudiante de dix sept ans fait le bilan. Elle aurait pu se contenter de son job dans un musée en attendant la rentrée. Elle aurait pu également se contenter de la compagnie de Jan, son petit ami, étudiant comme elle. Oui, mais il a fallu que, par le biais d'une amie, elle fasse la connaissance de Helge, un homme plus mûr, plus tourmenté également. Avec lui, cela a d'abord commencé avec des séances de photos de charme. Et puis après, il lui a demandé de se prostituer avec des clients lors de soirées spéciales organisées chez lui. Si elle refusait, il montrerait les photos aux parents de Lena. Alors elle a accepté, et les soirées se sont succédé. Une lente mais inévitable descente aux enfers, un piège dans lequel il lui paraît impossible de se libérer. Elle devrait se confier à Jan. Mais elle n'y arrive pas. Alors, Lena décide de tout plaquer. Elle part faire du stop. Au gré de ses rencontres elle parviendra peut-être à remettre de l'ordre dans ses idées...

 

 

Pas la peine de revenir en détails sur la carrière de Christina Lindberg, dans la mesure où tout a été dit dans l'impeccable dossier consacré à l'actrice par Valor ici-même. Parlons plutôt de Gustav Wiklund, le réalisateur de Exponerad. Né en Finlande, il a été essentiellement un acteur de feuilletons et de téléfilms, depuis les années 60 jusqu'à nos jours. Comme beaucoup d'autres, la libération des moeurs en Scandinavie va lui donner l'envie, en ce début des seventies, de passer derrière la caméra et tourner un film de sexploitation. Il se renseigne afin de savoir quelle est la fille la plus en vogue dans les magazines de charme à l'époque, et un seul nom revient sans cesse, celui de Christina Lindberg. Il l'engage donc pour être l'héroïne du film, autour d'acteurs (pour la plupart inconnus chez nous) venus pour certains du cinéma mainstream. Ceux qui ont vu Crime à froid ("Thriller - en grym film") reconnaîtront Heinz Hopf, qui incarnait l'ignoble proxénète, et joue encore le persécuteur de Christina dans La Possédée avec beaucoup de talent.


Le film sortira à Cannes en avant-première (avant d'être diffusé dans les salles suédoises en août 1971). L'équipe du tournage sera sur place. Lors de la projection, quelques rires moqueurs découragent Wiklund, qui sort de la salle et se dirige vers le bar pour aligner quelques cognacs. Il est abordé par un inconnu qui ne se présente pas mais dit être intéressé par son film. Il souhaite le projeter aux Etats-Unis, et aussi engager Wiklund pour deux autres films aux USA. Wiklund décline poliment l'offre.
Il apprendra plus tard que l'homme en question était Roger Corman. Bien des années après, dans une interview, il avouera avoir commis la plus grosse erreur de sa vie. Car, après La Possédée, loin de faire une carrière à la Joe Sarno ou Mac Ahlberg, Gustav Wiklund ne tournera qu'un seul autre long métrage, "Libre-échanges", dans lequel on retrouvera Christina Lindberg, mais cette fois dans un second rôle.

 

 

La Possédée raconte donc l'histoire d'une jeune femme au sortir de l'adolescence, à la recherche de son identité sexuelle. Elle est partagée entre deux axes : le bien, symbolisé par Jan (il est blond et pur), et le mal, représenté par Helge (plus âgé, pervers et manipulateur).
Dans ce schéma quelque peu manichéen, le cinéaste brouille cependant les cartes en créant un monde virtuel dans l'esprit de son héroïne. Tout au long du film, Lena imagine des situations qui ne se matérialisent évidemment pas. Lorsqu'elle quitte Stockholm en faisant du stop, elle se voit être violée par l'homme qui l'a fait monter dans sa voiture. Plus tard, lorsqu'elle rencontre un couple de babos sympathiques (Lars et Ulla) adeptes du naturisme, que Lena invite dans la maison de campagne de Jan, elle invente une jalousie de la part d'Ulla, la conduisant à pousser Lena du haut d'une falaise. Lorsque Jan débarque ensuite et se dispute avec Lena, celle-ci s'enfuit avec ses deux compagnons en voiture. Elle s'invente alors une poursuite qui finirait tragiquement par une sortie de route et le véhicule qui prend feu.
Viol, meurtre, accident... L'imaginaire de Lena est une tragédie perpétuelle, reflet de sa situation actuelle, du piège qui s'est refermé sur elle lorsqu'elle a rencontré Helge. Prisonnière aussi du phénomène classique d'attirance/répulsion pour son persécuteur, elle ne voit aucune issue de secours, alors que les vacances d'été se terminent et que ses parents vont bientôt rentrer.

 

 

Drame érotique, voguant entre le cinéma traditionnel et le film d'exploitation, La Possédée se rapproche bien plus d'une oeuvre comme "Anita/Les Impures" que de Crime à froid. Que l'on ne se s'y trompe pas, le film de Bo Arne Vibenius, qui immortalisa Christina, représente une forme d'exception dans la carrière de l'actrice suédoise. Celle-ci n'aura pas l'occasion de jouer les femmes fortes et vengeresses dans la plupart de ses autres rôles. Exponerad sera distribué en France, successivement au cinéma, en vidéo, puis sur Ciné Cinéma Club (récemment, en 2009). Comme beaucoup de films d'exploitation de l'époque, il existe des versions différentes du film, et celle exploitée en France est bien différente de la version originale. Ces différences sont détaillées dans la fiche dvd du film (et comportent pas mal de spoilers, notamment en ce qui concerne la fin).


Sans être une oeuvre remarquable, La Possédée demeure, avec le recul, un film estimable de la part d'un cinéaste inexpérimenté, porté par Christina Lindberg et Heinz Hopf, tous deux formidables. C'est vrai qu'elle est merveilleuse, Christina, au point de rallier tous les suffrages, jusqu'aux journalistes sévères de la Saison Cinéma, où l'on pouvait lire, à propos de l'actrice :
Elle (Christina Lindberg) bénéficie d'un épanouissement pectoral qui rappelle l'ère des June Wilkinson, Diana Dors et autres consoeurs de Jayne Mansfield.
Voilà un bien bel hommage, ma foi, tout à fait mérité.

 

 

Flint

 

En rapport avec la critique :

# La fiche dvd Bach Films de La Possédée

 

# Le dossier sur Christina Lindberg

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