Cavalier miracle, Le
Titre original: Miracle Rider
Genre: Western , Serial
Année: 1935
Pays d'origine: Etats-Unis
Réalisateur: B. Reeves Eason & Armand Schaefer
Casting:
Tom Mix, Tony Jr., Joan Gale, Charles Middleton, Edward Hearn, Jason Robards, Robert Frazer, Niles Welch...
 

1777 : le territoire nord-américain est presque entièrement occupé par les Indiens, à l'exception de sa partie orientale donnant sur l'Atlantique. 1877 : les territoires indiens ne sont plus qu'une portion congrue qui se voit chaque jour rabotée un peu plus. C'est la première surprise qu'offre ce sérial : un retour sur la conquête de l'Ouest dans lequel l'homme blanc est loin d'apparaître sous son meilleur jour et même comme un affreux colonisateur sans scrupules. Les grandes figures de la légende sont brièvement convoquées à ce petit cours d'histoire, Daniel Boone d'abord, puis Davy Crockett et enfin Buffalo Bill, chacun étant présenté comme respectueux des populations autochtones mais dépassé par d'autres ne voyant chez les Indiens que des Peaux-Rouges à éliminer pour prendre leur place. Le vingtième siècle arrive alors et le zoom est mis sur la réserve indienne des "Cheveux-de-Jais" qui entretiennent de bons rapports avec le Texas Ranger Sam Morgan, qui les a toujours défendus. Et lorsque celui-ci est tué, une fois de plus par des blancs sans foi ni loi, son fils Tom se jure de prendre sa relève...

 

Une mise en bouche historique pour un sérial pro-indien et clairvoyant sur la conquête de l'Ouest.


1935 : Tom Morgan est devenu Texas Ranger et il est encore l'ami des Cheveux-de-Jais, et notamment de Ruth, une jolie squaw. Tandis qu'il fait régner un ordre bienveillant sur ces lieux, dans l'ombre, des hommes s'activent pour expulser les Indiens de leurs territoires et s'en emparer. Zaroff d'abord, un magnat du pétrole dont le nom ne peut qu'évoquer le sinistre chasseur du film de 1932 (cf. La chasse du comte Zaroff), qui a découvert dans le sol indien du X-94, un minerai susceptible d'être transformé en puissant explosif et d'attirer moult clients en ces périodes troublées, dont un certain Léon... Emil Janss ensuite, un boutiquier qui fait souvent affaire avec les Indiens mais qui voudrait bien les voir déguerpir sur un autre terrain qui est en sa propriété et qu'il pourrait donc vendre un bon prix au gouvernement pour en faire une réserve. Un industriel cupide et avide de pouvoirs d'un côté, un bon bourgeois voulant faire une juteuse affaire immobilière sur le dos des plus pauvres de l'autre, tous deux face à des Indiens désarmés ou presque, c'est un peu la seconde surprise de ce sérial : cette lutte des classes opposant riches et pauvres, les premiers ne manquant de rien et en voulant toujours plus, les seconds ne souhaitant que pouvoir vivre en paix...
On n'a donc pas attendu les années 50, comme c'est couramment accepté, pour prendre en compte la réalité indienne et présenter des Indiens sous un meilleur jour que celui de simples sauvages chasseurs de scalps. On n'a pas non plus attendu qu'une conscience s'éveille pour mettre en lumière la réalité du rêve américain et de ces grandes fortunes qui se sont rarement bâties sur des bases très nobles. Pour le reste, il ne faut pas attendre des analyses profondes et sociologiques du Cavalier Miracle (d'ailleurs les Indiens n'y ont qu'un rôle assez subalterne) mais c'est une toile de fond pour le moins sympathique et quelque peu surprenante.

 

Qui est le mystérieux Léon, correspondant avec Zaroff par les ancêtres des SMS ? Et quel sens donner à ces croix gammées vues chez Zaroff ?


On a aussi fait des supputations sur l'identité du mystérieux Léon qui commande par le biais d'un écran et de messages (des SMS géants avant l'heure, pourrait-on presque dire) des armes et des munitions en promettant des millions de dollars à Zaroff. S'agit-il de Léon Trotsky, comme certains l'ont suggéré (suggestion rapportée par Roland Lacourbe) ? Quoi qu'il en soit, les sympathies de Zaroff iraient plutôt à d'autres, si l'on en juge par cette couverture présentant des svastikas, posée négligemment sur une rambarde devant chez lui et que l'on voit à plusieurs reprises. Des croix gammées en 1935 (inversées par rapport à celles des nazis), alors qu'Hitler est au pouvoir en Allemagne depuis peu, on a du mal à croire que c'est un pur hasard.
Quoi qu'il en soit, pour le Texas Ranger Tom Morgan, nommé chef honoraire de la tribu des Cheveux-de-Jais pour tous les services rendus, la lutte va être longue (puisque étirée sur pas moins de 15 épisodes !) et ardue face à des adversaires prêts à tout. Toujours prêt à sauter sur son fidèle Tony pour des cavalcades effrénées (rassurez-vous, il ne s'agit que de son cheval, d'ailleurs crédité au générique et sur les affiches, sous le nom de Tony Jr.), Morgan va se retrouver confronté à des bandits décidés à l'éliminer et arriver à leurs fins, y compris en envoyant un oiseau-de-feu terroriser les indiens, d'abord sous la forme d'un engin télécommandé (on n'est pas très loin du mini-drone de combat) et même d'un aéroplane dans lequel l'imprudent Morgan se retrouvera embarqué avant qu'il ne se crashe !

 

Plus à l'aise à cheval, Tom Morgan (Tom Mix), qu'à bord d'un objet volant non identifié !


Les traîtres trahissent, les seconds couteaux apparaissent et disparaissent au gré des détours que font prendre à l'histoire les différents scénaristes, les héros héroïsent, les faibles faiblissent, les braves meurent avec panache, les salauds meurent plus médiocrement, les voitures roulent tandis que les chevaux galopent à leur poursuite, les Texans encore coiffés du Stetson côtoient des malfrats au couvre-chef plus proche du Borsalino, les bons Indiens sont nobles et valeureux, le seul traitre de la tribu est un métis, un sang-mêlé qui semble avoir hérité de son ascendance à visage pâle une ambition courante : devenir le chef. Quelques flèches volent, des coups de feu sont tirés, des trappes s'ouvrent et l'on s'y cache, des portes secrètes semblent receler quelques mystères, un savant un peu fou bricole dans son labo des explosifs dangereux, les foules sont manipulées, les spectateurs aussi puisque là encore, comme dans chaque sérial, on triche, on gruge, on carabistouille en traficotant sur les fins de chapitres...
Eh oui, faut-il le rappeler ? Les sérials étaient diffusés, à raison d'un chapitre par semaine, sur un temps relativement long. Chaque fin d'épisode se devait donc d'être haletant et de donner envie de retourner dans les salles obscures dès la semaine suivante pour voir la suite. Le résultat : dans chaque épisode ou presque, le héros ou l'un(e) de ses ami(e)s se retrouve plongé(e) dans une situation périlleuse dont l'issue ne peut qu'être mortelle ! Situation reprise la semaine suivante (après le petit résumé d'usage permettant à tous les spectateurs de se remémorer l'intrigue générale) mais souvent légèrement modifiée, étirée dans le temps, voire carrément corrigée de façon éhontée et mensongère. Des subterfuges qui pouvaient créer le trouble chez le spectateur des années 1930 ("ben mince, j'étais persuadé qu'il s'était crashé avec l'avion", par exemple) mais ruinés par l'invention du dvd qui permet de passer directement à l'épisode suivant pour voir de quoi il en retourne ! Le plaisir vient alors moins, comme à l'époque, de l'attente de la diffusion en salles de l'épisode suivant, que de la découverte des tromperies et autres manipulations utilisées par les auteurs du sérial pour construire leur cliffhanger puis le désamorcer.
Un bon exemple avec la fin du chapitre 5 ("Dans la mire du double canon") et le début du chapitre 6 ("Sabots rugissants") : tandis que Tom Morgan ouvre une porte, déclenchant ainsi des coups de feu qui l'atteignent visiblement (les mouvements de son corps l'attestent), au début de l'épisode suivant, lors de la reprise de ce passage, Tom Morgan va pour ouvrir la porte, se reprend, se met sur le côté puis la pousse de la main, les coups de feu partant alors dans le vide... La tromperie est flagrante ! C'est un peu comme si le héros, ayant vécu la semaine d'avant l'épisode précédent, en tirait la leçon pour ce nouveau chapitre ! Réjouissant.

 

S'il se fait visiblement tirer dessus à la fin du chapitre 5, le héros, pas con, évitera soigneusement les balles en reprenant la scène au début du chapitre 6 !


Du western, Le cavalier Miracle a de nombreux attributs, et en tout premier lieu son héros : Tom Morgan, incarné par Tom Mix. Acteur vedette du muet et incarnation du cowboy, Mix est un cavalier aguerri, faisant l'essentiel de ses cascades lui-même et tout à fait crédible dans la peau de ce personnage simple, noble et valeureux. Son sourire éclatant et son air parfois facétieux renforcent encore son capital de sympathie auprès du grand public. Pour la Mascot Pictures, qui produit The Miracle Rider, il est aussi la grosse part de l'investissement réalisé (il engloutit en cachet la moitié des 80000 dollars dépensés pour produire le film), le million de dollars engrangé lors de l'exploitation (d'après Lacourbe) prouvant que l'opération était plus qu'avisée. Parallèlement au genre western, perce parfois une atmosphère de film de gangsters, notamment dans la prestation de Charles Middleton en Zaroff (vu en empereur Ming dans plusieurs "Flash Gordon" mais aussi en crapule dans Daredevils of the Red Circle) et de son acolyte Jason Robards (moins connu que son fils... Jason Robards !). Enfin, pour couronner la réussite de ce sérial, les petites touches futuristes et le labo de savant fou du professeur Metzger viennent donner un côté SF qui ne dépare pas mais complète avantageusement le côté multi-facettes du film. Un sérial tout à fait recommandé, donc, à tous les amateurs du genre, qui en acceptent les conventions et savent y prendre du plaisir.

 

Duel épique et impitoyable en 15 épisodes entre Zaroff, l'industriel sans scrupules, et Morgan, le Texas Ranger ami des Indiens.

Bigbonn


En rapport avec la critique :

# Le dossier Hollywood et le serial

# La fiche dvd Bach Films de "Le cavalier miracle"

 

* Le trailer US du serial sur la PsychovisionTV :

 

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