Vampire Girl vs Frankenstein Girl
Titre original: Kyûketsu Shôjo tai Shôjo Furanken
Genre: Gore , Vampirisme , Comédie
Année: 2009
Pays d'origine: Japon
Réalisateur: Yoshihiro Nishimura & Naoyuki Tomomatsu
Casting:
Yukie Kawamura, Takumi Saitô, Eri Otoquro, Sayaka Kametani, Jiji Bû, Kanji Tsuda, Eihi Shiina, Yukihide Benny, Cay Izumi, Takashi Shimizu...
 

A la Saint-Valentin, au Japon, les filles offrent du chocolat aux garçons pour leur signifier leur amour. C'est en tout cas ce que nous expliquent les premières secondes du film avant de nous envoyer découvrir le joli petit couple formé par Jyugon et Monami, aux prises avec trois lycéennes mortes et ressuscitées. Monami, vampire millénaire se cachant sous les traits d'une frêle jouvencelle se fera un plaisir d'envoyer ces trois là ad patres de façon définitive et plutôt sanguinolente pour notre plus grand plaisir. Eh oui, Vampire Girl vs Frankenstein Girl est autant une histoire d'amour que de haine (et surtout une comédie gore) et le beau Jyugon, objet de convoitise de deux jeunes filles en fleurs, va être l'élément déclencheur d'une spirale infernale vers toujours plus de sang, toujours plus de démembrements, toujours plus de folie.

 

 

Dès le lycée, déjà, ça déraille sec : passons outre l'âge des protagonistes, qui ont tous l'air d'avoir 5 à 10 ans de plus que celui de vrais lycéens (après tout, en France aussi ça a souvent été une pratique courante, remember Les sous-doués passent le bac avec son Daniel Auteuil trentenaire et cancre), tous les protagonistes ou presque ont l'air dingue : les petits clans formés par chaque classe d'abord, dont les filles Ganguro par exemple, qui rêvent d'être noires et se griment et le deviennent de façon ridicule (et, naïvement, j'avais trouvé ça juste un peu débile et excessif – quoique assez drôle quand même dans son outrance manifeste - mais en regardant sur le net, j'ai découvert que la mode ganguro a bel et bien existé, avec ses filles hyper-bronzées... le fait de créer une Afro Rika aux traits caricaturaux relèverait donc beaucoup plus d'une caricature de néo-précieuses ridicules nippones que des noires en général – ce dont on pouvait quand même se douter) ; suivent de près, dans le paroxysme crétin, les filles aux cutters, qui ne vivent que pour se taillader les avant-bras, encore et encore ; le petit groupe de Keiko est aussi complètement à l'ouest (ce qui, finalement, chez les gens du soleil levant, semble assez courant), avec leurs accoutrements improbables façon... façon quoi d'ailleurs ? Je me le demande encore... De leur côté, les profs ne sont pas mieux : l'un est un voyeur gentiment sadique, prenant plaisir à confisquer les chocolats que ces demoiselles réservaient à leur amoureux ; l'autre est un prof de physique derrière lequel se cache en fait un savant fou, héritier autoproclamé du Docteur Frankenstein, mimant le guitar-hero à l'aide d'une colonne vertébrale tandis que son assistante – l'infirmière nymphomane du bahut – rythme le tout à grands coups d'électrochocs sur les restes morts d'étudiants assassinés...

 

 

Dingues. Ils sont tous dingues. Les réalisateurs en tête, d'ailleurs, s'y étant mis à deux pour tourner cette frénésie scolaire et gore. Les spectateurs suivant de près ensuite, les uns fous de rage devant ce qu'ils considèrent comme un torrent d'inepties, les autres (que j'espère beaucoup plus nombreux) fous de joie devant ce qu'ils trouvent enfin à la hauteur de leurs attentes immenses en matière de cinéma tordu et jouissif. Et pendant ce temps-là, les aventures de nos deux tourtereaux continuent, Jyugon devenant petit à petit mordu de sa fiancée aux dents longues, découvrant aussi la vie du vampire et le goût du sang, non sans effroi ni écoeurement.
Car derrière les minauderies de jeune pucelle de Monami, ses oeillades et ses gestes complices, le bellâtre perçoit peu à peu à quel point le passé de celle-ci est lourd de secrets et de conflits. Très belle séquence de flash-back narrant la rencontre de Monami enfant et de sa mère (interprétée par l'héroïne de Tokyo Gore Police, Eihi Shiina) avec le cruel chasseur de vampires Saint-François-Xavier au rire satanique devant les flammes du bûcher. L'occasion de disséminer un peu de poésie et de mélancolie au milieu des myriades de gouttelettes rouges qui éclaboussent les personnages et l'écran.

 

 

Pour être réussi, ce petit retour en arrière ne surpassera néanmoins pas la merveilleuse scène de la danse sous une pluie de sang, lorsque, ayant mordu un mâle ivre et désoeuvré, Monami se repaît de son sang jaillissant en geyser de son cou tandis que résonne une chanson tournant autour de mots tels que "I fall in love with you" ; chanson interrompue avec l'entrée un scène d'un autre homme rapidement victime, lui aussi, de la faim de la fille vampire, et reprenant aussitôt après qu'il soit mordu.
C'est peu de temps après que Keiko, la fille du savant fou amoureuse de Jyugon périra avant de renaître et de se fixer un seul objectif : éliminer sa rivale. Pour ce faire, elle utilisera ses atouts principaux, à savoir : des bras de filles du club des cutters, hyper-résistants, des jambes de filles Ganguro, fortes et puissantes, des penchants sadiques tout personnels, et des tas de clous, de vis et de rivets maintenant son corps en place. Parfois démantibulée, toujours reconstruite, elle offre à Monami de participer au sommet du film : le combat final se déroulant notamment sur la tour de Tokyo, sorte de tour Eiffel peinte en rouge et décor idéal pour un combat dément.

Beaucoup de sang, donc, de l'hémoglobine façon chutes du Niagara plutôt que fin ruisseau, beaucoup de folie bien sûr, assumée et revendiquée, avec des personnages toujours excessifs, certains s'adressant parfois au spectateur en face caméra (le "peut-on le faire ?" du duo dansant savant fou-infirmière en rut), un professeur de chinois parlant de Ju-On et The Grudge à ses élèves (et pour cause, il est interprété par son réalisateur, Takashi Shimizu, caméotant déjà dans Tokyo Gore Police), tandis qu'Igor, un bossu au regard torve, se révèle être l'esclave soumis de Monami depuis des décennies. Beaucoup d'humour aussi, hénaurme et porté par une seule ambition : aller toujours plus loin dans le grotesque et le surréalisme. A ce niveau, c'est une fois de plus très réussi, avec des créatures baroques envahissant régulièrement l'écran, en particulier lors du final, et des combats volants assez étonnants.

 

 

Alors, bien sûr, les fines bouches (et les culs serrés) pourront toujours trouver ici ou là l'un ou l'autre défaut : le scénario (tiré d'un manga de Shungicu Uchida) est un peu étriqué, c'est vrai ; les effets spéciaux ne sont pas toujours parfaits, certes ; les incrustations visuelles se voient à 15000 mètres, carrément ; certains passages sont vraiment très lourds (les débuts au bahut, assurément), ... Mais, en fait, tout ça on s'en fout tant l'énergie est là, vibrante, vivante, sourdant de tous les plans le plaisir de filmer, le plaisir de faire pisser le sang, de faire exploser les têtes, de démantibuler, de dévisser, de séparer les parties du tout, d'évoquer les grands ancêtres, les grands mythes, pour aussitôt les dévoyer et les fracasser les uns contre les autres. C'est peut-être pas parfait, certes, mais c'est aussi l'occasion de prendre un pied d'enfer si l'on est bien luné. Encore ! Encore ! Encore !

Bigbonn

 

En rapport avec le film :

# La fiche dvd Elephant Films de "Vampire Girl vs Frankenstein Girl"

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