Toryok
Titre original: La Furia dei barbari
Genre: Historique , Aventures
Année: 1960
Pays d'origine: Italie
Réalisateur: Guido Malatesta
Casting:
Edmund Purdom, Rossana Podestà, Livio Lorenzon, Daniele Vargas, Vittoria Febbi, Raffaella Carrà...
Aka: Toryok, la furie des barbares / La furia de los bárbaros (Espagne) / Fury of the Pagans (USA)
 

En l'an 568 après Jésus-Christ, Kovo, chef de la tribu des Rutards, violente puis tue la femme de Toryok, chef de la tribu voisine et du village de Nyssia. Kovo s'enfuit ensuite pour rejoindre Alboino, le roi des Lombards, alors en marche pour la conquête de l'Italie.
Deux ans après, au printemps, pendant que le frère de Toryok fête ses noces de mariage et tandis que ce dernier a toujours soif de vengeance, Kovo revient d'Italie, amenant avec lui Eléonore, originaire de Vérone, pour en faire son épouse, en plus d'une armée Lombards alliés. Toryok, apprenant son retour, se prépare alors à assiéger la tribu de Kovo, Lombards compris...

 

 

La Furia dei barbari a la petite particularité au sein du film d'aventures post-peplumesques d'être adapté d'un roman. En cela, bien qu'il ne s'agisse pas non plus de "Guerre et Paix", l’oeuvre écrite en amont par Gino Mangini, bien que se réservant quelques fantaisies historiques, offre à son réalisateur un support historiquement légèrement plus fiable qu'à l'accoutumée. Bien entendu, les récits historiques, même exacts, peuvent être trahis à l'écran à l'aune de la fantaisie. Ce n'est pas tant le cas ici puisque les dates, les lieux et la chronologies des principaux événements y sont respectés.
Quant à Gino Mangini, on rappellera ici qu'il fut avant tout scénariste, signant ou cosignant ainsi les scripts de "Capitaine Fuoco", du "David et Goliath" de l'improbable trio Ferdinando Baldi, Richard Pottier et Orson Welles, ou encore de "Maciste contre le cyclope" ainsi que du très modeste Jules César contre les pirates...

En tant que réalisateur, signalons que le sieur Mangini a davantage oeuvré dans le récit criminel : "La jena di Londra" (littéralement, La hyène de Londres), un serial killer parfois assimilé au giallo mais revêtant plutôt des allures de krimi (enquête de Scotland Yard inside !), "I criminali della metropoli", un drame criminel lui aussi avec Tony Kendall doté d'une action se situant à Paris, ou encore "I diamanti che nessuno voleva rubare" (No Diamonds for Ursula) rempli quant à lui de hold-up puis de chantages. On lui doit enfin "Chaco", un spagh' réalisé en 1971, scénarisé par Sergio Garrone et ayant la particularité (ou non) de mettre en scène George Eastman.

 

 

Quant à Guido Malatesta qui assure ici la mise en scène, bien qu'ayant plusieurs cordes à son arc, avec une prédisposition pour le genre aventure ("Goliath contre les géants", "Maciste contre les monstres", "Tarzan chez les coupeurs de têtes") puis le genre aventure ou péplum sensualo-érotique, le plus souvent sous le pseudonyme de James Reed (Samoa, fille sauvage, "Les nuits érotiques de Poppée", "Tarzana, sexe sauvage"...), ce n'est hélas pas une flèche et cela se vérifie ici à l'écran.
A propos d'arc et de flèches, on précisera à cet égard que les archers, omniprésents ici, ont une fâcheuse tendance à ne pas savoir se servir de leur arme ce qui, à l'écran - Malatesta s'attardant régulièrement et lourdement sur eux - donne une curieuse impression : les cordes sont mollement tendues comme si l'on avait demandé aux comédiens et figurants de faire gaffe aux techniciens présents hors-cadre ; quant aux flèches, il est rare qu'elles épousent un arc de cercle en bonne et due forme et ont, soit tendance à vaciller, prêtes à tomber directement après leur envol alors qu'en contre-plan elles reprennent, on ne sait comment, de la vigueur, soit à se déployer directement à l'envers, atteignant pourtant, grâce à des raccords absurdes, leur cible. Vous me direz que c'est un détail ; oui et non car La Furia dei barbari pâtit d'une manière générale de ce traitement qu'on qualifiera de bâclé.

Pour en revenir légèrement au traitement historique, on pourrait, si on le souhaitait, ergoter également sur certains détails : par exemple, on n'a strictement jamais entendu parler des Rutards. Idem pour les chevaux qui, malgré leur abondance ici, afin d'assurer quelques scènes spectaculaires, étaient une denrée rare sous l'empire Byzantin, au sein des peuples barbares du VIème siècle, tout du moins dans cette partie du globe. Cela dit, et pour le coup, on s'en fiche un peu. Le principal étant que ledit spectacle soit au rendez-vous. Hélas ce n'est pas tout à fait le cas...

 

 

Toryok, la furie des barbares souffre d'une tare assez conséquente. Celle en premier lieu qui fait qu'on anticipe sur à peu près tout ce qui va se passer, ce, du début jusqu'à un duel final autant qu'annoncé que téléphoné. Outre cela, sa mise en scène, comme déjà évoquée, n'y est pas très inspirée et se montre aussi plate de que les surprises y sont rares. L'ensemble est, pour finir, plombé par des ramifications romantiques et mélodramatiques de seconde zone, remplies de clichetons à la fois mièvres, expéditifs, statiques et théâtraux, ôtant toute la violence nécessaire à cette pellicule qui du coup s'avère bien sage, gentillette.

Edmund Purdom, vu en tête de liste durant cette même et fructueuse année dans "Les Cosaques" de Viktor Tourjansky et Giorgio Venturini, ainsi que dans le "Salammbô" de Sergio Grieco, "Les nuits de Raspoutine" de Pierre Chenal, n'y est pas à blâmer, l'on connaît la solidité et le relatif charisme de l'acteur ; il est ici à l'apogée de sa carrière avant de retourner peu à peu et le plus souvent camper les troisièmes (Journée noire pour un bélier, Le sadique à la tronçonneuse, "2019 après la chute de New York"...), voire quatrième rôles (Horrible), et ne démérite pas. Rossana Podestà, elle aussi plus qu'habituée au genre ("Ulysse", "Hélène de Troie", Seul contre Rome, "Sodome et Gomorrhe"...) y est, soit jolie, mais semble ici surtout avoir un balai Wisigoth dans le cul. Seuls, Daniele Vargas et surtout Livio Lorenzon (La Terreur des barbares, Le grand défi ou encore, dans un autre genre, I due evasi di Sing Sing de Lucio Fulci) en guide du Rutard parviennent à donner un vrai relief à leur personnage. Pour le dernier, fort d'une carrière comptant plus de 80 films dont une flopée de films d'aventure et de westerns, il demeure le maillon fort de cette aventure historique trop redondante (scène romantique/assaut, scène romantique/contre-attaque, puis rebelote) jusqu'à un combat final à la hache, puis au glaive, quant à lui plus honorable.

 

 

Dans l'ensemble, La Furia dei barbari se laisse regarder mais outre son impersonnalité, manque par trop de fureur, de barbarie, de vigueur et de souffle ; en somme... de caractère.


Mallox

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