Happy Birthday (Souhaitez ne jamais être invité)
Titre original: Happy Birthday to Me
Genre: Horreur , Thriller , Slasher
Année: 1981
Pays d'origine: Etats-Unis
Réalisateur: Jack Lee Thompson
Casting:
Melissa Sue Anderson, Glenn Ford, Lawrence Dane, Sharon Acker, Frances Hyland, Tracey E. Bregman, Jack Blum, Matt Craven...
 

Virginia Wainwright (Melissa Sue Anderson), une jeune fille de dix-huit ans, fut jadis victime d'un accident de voiture dans lequel elle perdit sa mère. S'en suivit un trauma et à ce jour, elle ne garde aucun souvenir de son accident, ce, malgré une opération qui lui cause encore des absences de mémoires occasionnelles.
Au sein du lycée dans lequel elle étudie, elle fait partie de ce que l'une de ses professeurs, Madame Patterson (Frances Hyland), appelle "la confrérie" : un cercle très fermé de dix amis pensant faire partie d'une élite ; un cercle décrit par la dame mûre comme nuisible aux aptitudes de chacun et particulièrement de Virginia qui, selon elle, serait déjà à Harvard sans cette "confrérie" composée de petits "enfants de riches".

 

 

Tout va se jouer un soir, lors d'une virée en voitures avec la bande. Les élèves se défient pour franchir chacun leur tour une rivière, en sautant à grande vitesse le pont mobile qui permet de passer d'un bord à l'autre. C'est de justesse que l'une des voitures atterrit de l'autre côté. D'abord choquée puis énervée, l'événement va provoquer un malaise tout d'abord franc et ensuite plus sournois chez Virginia.
Cette nuit ne sera pas sans laisser des stigmates : Virginia semble désormais, par flashs, retrouver la mémoire. Elle est aidée en cela par le Dr Faraday (Glenn Ford), un psy qui tente de l'aider à se déculpabiliser, en plus de lui faire retrouver ses souvenirs. Dans un même temps, ses amis membres du cercle commencent à disparaître dans des circonstances autant sanglantes que singulières, ce, à l'approche de son anniversaire.
Virginia, en plus de se voir soupçonner par les autres, commence à croire qu'elle n'est pas étrangère au phénomène...

 

 

Jack Lee Thompson est un réalisateur pour le moins chevronné lorsqu'il réalise ce slasher, en pleine période florissante du serial killer tapi dans l'ombre ou caché derrière un masque. S'il n'est pas un cinéaste de génie, et si ses films ne donnent en général pas plus que ce qu'il y a à voir dans le cadre, on lui doit quelques belles réussites dont, en premier lieu, un excellent thriller : "Les nerfs à vif". Sa liste de bonnes livraisons demeure relativement importante et, outre son chef-d'oeuvre cité juste avant, on rappellera pour mémoire quelques films très solides comme "Les canons de Navarone", "Taras Bulba" ou même "L'oeil du malin", ainsi qu’un opus nerveux de la saga de La planète des singes : La conquête de la planète des singes (avant un autre, quant à lui poussif et franchement mauvais). On ne manquera pas de citer également une autre de ses oeuvres parmi les plus abouties : "Les yeux du témoin", datant de 1959 et qui, jointe au fameux "Cape Fear", tend à démontrer un belle disposition du cinéaste pour le thriller, et plus généralement pour instiller un climat de tension. Un fait qui se vérifie à nouveau dans ce Happy Birthday to Me, qui reste encore aujourd'hui une vraie bonne petite réussite du genre. Une réussite qui, disons-le sans détour, tient davantage du métier dont sait faire preuve notre bon vieux Jack Lee Thompson que d'un scénario somme toute assez peu crédible, doté d'un twist final à faire péter les coutures de son dernier lifting !
Il est sympathique également d'y retrouver, outre un Glenn Ford au crépuscule de sa carrière, après avoir campé le papa de Superman ou joué dans le "Virus" de Kinji Fukasaku, Melissa Sue Anderson, la Mary Ingalls de la traumatisante saga familiale des années 70 en 205 épisodes : "La petite maison dans la chierie", ce, dans un rôle à l'opposé de la jeune Candy à jupette froufroutée chevauchant heureuse, avec son raton laveur dans les bras, les herbes folles d'une prairie du bonheur tandis que sa soeur se servait guillerette de ses dents de castor pour faire des petits barrages dans la rivière. Signalons, outre mon ironie de bas étage qui ne ferait même pas broncher un Charles Ingalls arborant la banane en débitant des bûches, que l'actrice livre ici une composition tout à fait convaincante. Il convient de le mentionner d'autant qu'il ne semble pas que l'actrice ait eu à cette occasion les louanges qu'elle aurait méritées.
On remarquera aussi la présence du sympathique Matt Craven, ici en début de carrière (mis en avant sur l'affiche avec une façon de faire un barbecue quelque peu singulière), que l'on a revu à maintes reprises depuis ("Blue Steel", "L'échelle de Jacob", "Apparitions", "Assaut sur le central 13"...).

 

 

Pour en revenir au script, disons que malgré ses carences et ses côtés capillotractés, celui-ci a tout de même l'avantage de permettre au spectateur de se délecter de meurtres commis sur de petits nantis n'ayant rien de très sympathique. En cela, le pré-final consistant en une réunion de cadavres affublés de cotillons, de chapeaux pointus et de serpentins, tous attablés comme pour souffler les bougies d'une Virginia (peut-être) passablement schizophrène s'apprêtant à fêter ses 18 ans, est un moment à la fois foutraque, grand-guignolesque et jubilatoire. Le jeu de massacre effectué jusqu'ici sur nos jeune yuppies en devenir atteint alors (en plus de n'être certainement pas fortuit et de s'inscrire sans doute dans une volonté de critique sociale d'une mentalité d'époque, même en retrait) une sorte d'apothéose humoristique absurde assez grandiose.


Certes, les goreux purs et autres amateurs de boucheries et de litrons d'hémoglobine se sentiront floués, et certains trouveront même que pour un anniversaire, la dose ici livrée reste homéopathique. Il n'en reste pas moins que, si Lee Thompson ne s'alourdit pas outre-mesure sur les effets sanglants, ceux-ci demeurent pourtant à la fois présents et agencés avec une belle efficacité. La mise en scène va à l'essentiel et le montage est sec comme les coups de tisonnier qu'on vous assène sur le crâne jusqu'à repeindre le mur de votre salon en rouge. Outre ce genre de scènes - assez conventionnelles il est vrai - on ne nous épargne en rien les détails de l'opération de Virginia avec trépanation de circonstance. On pourra citer, parmi les meurtres qui émaillent le film, celui consistant à coincer l'écharpe du jeune homme dans les rayons de sa moto, en train de tourner, et qui de fait le fera se charcuter la gueule. Ailleurs, ce qui distingue Happy Birthday to Me d'autres slashers tendant trop souvent vers l'anémie et la banalité, c'est la tentative d'une narration décalée, quand bien même celle-ci ne révolutionne pas pour autant le genre, et que tous les stéréotypes du psycho-killer slasheresque sont au rendez-vous pour fêter l'événement et l'émancipation de notre jeune femme bientôt majeure. Le talent du cinéaste éclate donc ailleurs, notamment dans des plans suggestifs, certes inhérents eux aussi au slasher, mais ici redoutablement bien mis en scène en plus de rappeler au bon souvenir de "Cape Fear", tant et si bien qu'on s'apprêterait presque à voir surgir Mitchum en tueur invité de dernière minute.

 


Bref, si ce n'est pas encore fait, et malgré le slogan arboré sur l'affiche française, vous pouvez taper l'incruste dans cet anniversaire tout à fait recommandable. Si la fête est loin d'être parfaite, ça ne veut pas dire qu'elle ne recèle pas pour autant d'excellents moments. Rien que pour eux, Happy Birthday est un slasher à voir.

Mallox

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