Race des violents, La
Titre original: Razza violenta
Genre: Action , Aventures , Guerre , Espionnage
Année: 1983
Pays d'origine: Italie
Réalisateur: Fernando Di Leo
Casting:
Harrisson Muller Jr., Woody Strode, Henry Silva, Carole Andre, Deborah Keith, Danika, Loris Bazzocchi, Sergio Doria, Andrian Jeffries...
Aka: The Violent Breed
 

Un groupe d'enfants a été kidnappé et est maintenant retenu prisonnier dans un bastion asiatique communiste, au fin fond du Vietnam. Le gouvernement engage, pour ce faire, une petite poignée d'hommes officiant pour la C.I.A. Ceux-ci se rendent sur place. Après une réflexion de quelques secondes sur la meilleure stratégie à adopter, ils sortent mitraillettes et grenades pour décaniller du jaune et sauver des têtards occidentaux, les ramener à la raison et aux lois du grand capital.
Parmi nos hommes virils en pleine opération de force et de sauvetage, on trouve des agents aguerris, rompus à l'exercice, surentraînés, et souvent dotés de noms tellement américains qu'aucun Américain n'en voudrait : ainsi, Mike Martin (Harrison Muller Jr.) ou Kirk Cooper (Henry Silva). Bien que Mike Martin se prend une balle de plein fouet, il sera sauvé in-extremis, et notre petit groupe de mercenaires finira par faire de la bouillie de ces putains de macaques, comme dans un stand de foire ou une partie de paintball à venir : "On met les gosses à l'abri et on tue un max de ces macaques !", lance un Kirk Cooper guilleret à Polo (Woody Strode), le chef du petit contingent, et accessoirement homme de couleur lui aussi, que les propos de Cooper n'émeuvent pas en plus d'acquiescer.
Seulement voilà qu'une fois l'opération terminée, et alors que le même Cooper est blessé, Polo décide de rester sur place, sommant avec son fusil les hommes à regagner leur bateau de fortune et à se casser du pays avec les gosses.
On croira un temps que Polo s'est sacrifié pour la cause et pour ses amis... pas du tout ! Le temps a passé et si Polo a décidé de rester sur place, il s'avèrera que cela était uniquement dans son propre intérêt.

 

 

Polo achète maintenant des armes au K.G.B. pour les revendre ensuite aux Cambodgiens dissidents, qui s'en servent contre les Vietnamiens soutenus par les Chinois (Houla !).
Mais ce n'est pas tout, Polo achète ensuite de la drogue avec les bénéfices de ses magouilles. Il vend sa came à la mafia qui la passe ensuite en contrebande aux USA ! Mais Polo est un indépendant, attention ! Il ne travaille pas pour autant pour la mafia, il travaille pour lui seul, nuance ! C'est dans ces circonstances que Kirk convoque Mike pour faire un squash et lui demander d'aller porter un message à Polo de sa part. Autant dire que Mike, qui n'est pas une lumière et a déjà du mal à comprendre tout ce qu'on lui a déjà expliqué, acceptera la mission sans trop en comprendre les enjeux. D'ailleurs, au sein de l'état-major de la C.I.A, on semble vite comprendre que Mike a un Q.I. aussi balèze qu'un John Rambo sous transfusion de jus de banane. Du coup, inutile de se perdre en explications faramineuses et précises : "Voici la région où vous devez aller... un vaste territoire compris entre les frontières indéfinies du Cambodge, de la Thaïlande et du Laos" - Rien que ça ! - "Une zone dangereuse", lui précise-t-on. "Vraiment ?" réplique Mike. "Très dangereuse !" interviendra de façon pertinente Kirk, avant d'annoncer le joyeux foutoir dans lequel Mike et les spectateurs vont bientôt foutre les pieds : "Tout le monde tire sur tout le monde, tout le monde trafique, tout le monde est mouillé... même les polices officielles ; c'est une partie du globe dans laquelle on cultive de l'opium comme chez nous les haricots. Et cela représente des millions et des millions de dollars". Bref, voici notre Mike Martin content comme un gosse qu'on lui confie une mission d'une telle ampleur. Première chose à faire : trouver son contact, une certaine Madame Fra (Danika La Loggia), une vieille française installée là-bas au bon vieux temps de nos colonies, devenue tenancière d'un bordel qui marche du tonnerre. La suite sera un enchaînement de péripéties à faire passer "Aventures en Birmanie" pour une aventure de Tom et Jerry dans une serre tropicale... Dernière précision tout même : il conviendra de se méfier du sexe faible, surtout bien roulé et surgi de nulle part, à l'instar de cette salope de Sharon Morris (Carole André), dont tout le monde comprendra vite la manœuvre, excepté bien entendu notre héros aux muscles parfaitement bien dessinés mais au cerveau "poulpesque".

 

 

Il n'est parfois pas besoin de faire de longues réflexions, d'étaler à longueur de lignes ses pensées profondes sur des "oeuvres qui ne s'embarrassent ni de crédibilité, ni d'harmonie, ni enfin... de pas grand chose en fait, comme c'est ici le cas avec cette Race des violents, avant-dernier film du touche-à-tout talentueux Fernando Di Leo auquel on doit, lorsqu'il tourne ce film de fin de carrière, un pacson de scénarios habiles, ainsi que de belles réussites jalonnant sa copieuse carrière : à l'aise dans le western en tant que scénariste (Pour une poignée de dollars, "Le retour de Ringo", "Sugar Colt", Le temps du massacre, Navajo Joe ...) ; auteur d'un mémorable thriller scolaire avec La jeunesse du massacre en 1969, d'un giallo érotico-psychique tordu et dérangé (Les insatisfaites poupées érotiques du docteur Hichcock), de quelques poliziesco parmi les meilleurs qu'on ait pu voir durant les années 70 (Milan calibre 9, L'empire du crime, "Le Boss", "Salut les pourris"), ou encore de quelques jeux pervers tournant autour du sexe et de la mort (Avere vent'anni, Vacanze per un massacro). Tous les films énumérés sont des réussites en leur genre, il y en aurait d'autres encore à évoquer si ce n'était d'éviter de refaire ici sa filmographie. Pour faire court, disons simplement que l'homme, aussi bien à l'écriture que derrière la caméra, a rarement déçu, et offert durant deux décennies ce que l'on est en droit de considérer comme faisant partie du meilleur du cinéma d'exploitation transalpin. Razza Violenta semble être l'exception qui confirme la règle, à savoir une bobine d'action, qui si elle n'est pas sans une certaine saveur au second degré, se révèle être un film sans queue ni tête et somme toute très médiocre.
On y retrouve avec plaisir (en tout cas au début) des acteurs fétiches de son auteur comme Henry Silva et Woody Strode (âgé là de 70 ans, fichtre !), ce avant de déchanter et de s'apercevoir qu'il s'agit là d'un chant du cygne assez calamiteux du Bis italien, et de constater que, décidément, peu de cinéastes ont été épargnés par ces années Golden Boys et Grands Studios réunifiés.
Il n'y a qu'à regarder les films tournés (souvent par des cinéastes de talent au demeurant) par ces deux acteurs juste avant et un peu après ce film-ci pour voir l'état d'un cinéma en pleine décadence : les ineptes "Le Marginal" de Jacques Deray et "Cannon Ball 2" pour Silva, et un incroyablement nul L'ultimo guerriero de Romolo Guerrieri juste après pour Strode. On notera par ailleurs, et avec tristesse, d'étranges similitudes entre La race des violents et le navet de Guerrieri.

 

 

Ce n'est pas la présence (et même l'omniprésence) de Harrison Muller Jr., acteur à la carrière aussi courte que son nombre d'expressions au compteur, et que l'on retrouvera donc dans La chasse aux mort-vivants en 1984 après avoir débuté dans le She d'Avi Nesher aux côtés de Sandahl Bergman (souvent nue pieds dans le film malgré son prénom) pour enquiller "2020 Texas Gladiators" de D'Amato et George Eastman, "Le trône de feu" (version Prosperi), puis de disparaître des écrans après "Miami Cops" d'Alfonso Brescia en 1989, qui viendra contredire ce triste constat, l'acteur semblant à lui seul représenter tout le déclin d'un certain cinéma Bis.
Pour en finir avec les acteurs ici présents et pour le peu qu'ils ont à défendre, on évoquera donc la présence de Carole André, aperçue dans Un papillon aux ailes ensanglantées en 1971, Le corsaire noir de Sollima, puis, un peu avant dans l'improbable "Yor, le chasseur du futur".
Revenons-en à La race des violents, dans lequel la principale violence est celle faite à un script inepte, une histoire au sein de laquelle il sera inutile de chercher des explications, celles-ci étant de toute évidence absentes à l'écran, avec notamment une fin (dans une voiture) où nos brutes se fendront la poire de concert (et nous avec, il faut bien l'admettre, mais pas pour les mêmes raisons qu'eux). Entre-temps, on ne saura pas vraiment si, au préalable, nos protagonistes étaient d'anciens militaires ou déjà des agents de la C.I.A. infiltrés, ni comment un ennemi se retrouve, d'un coup d'un seul, du bon puis du mauvais côté, puis à nouveau du bon. Difficile, également, de savoir si cette livraison paresseuse de Di Leo se pare d'un discours anticommuniste primaire ou s'il renvoie dos à dos l'avidité capitaliste de gens dont les actions sont finalement mues par l'argent. Non, entre deux explosions à deux balles, ce que l'on retient tout du long d'un film qui semble vouloir à la fois surfer sur les succès de "Rambo" et de "Voyage au bout de l'enfer" (avec tous les archétypes de films de guerre et de propagandes américains se situant dans le Pacifique), c'est surtout une succession de dialogues d'une crétinerie dantesque...

 

 

Ainsi a-t-on droit à un début en fanfare lors de l'attaque initiale du camp (pour libérer les enfants occidentaux), avec des dialogues de Mike à Kirk comptant leur ennemis et la garnison, ce, avant d'attaquer :
- "Combien y en a ?"
- "J'en vois... euh... deux."
(Nous on s'attendait à un véritable contingent d'hommes, à un chiffre faramineux, surtout après une si longue hésitation).
S'en suit les doutes (légitimes) d'une des conseillères de la C.I.A. :
- "Je me demande si Mike Martin réalise bien ce qui l'attend."
Kirk prendra alors la défense de son ami avec autorité :
- "Mike est parfaitement conscient du danger qui l'attend, mais pour le moment, il se détend et se distrait."
(On retrouve alors notre Mike devant une statue bouddhiste, semblant se demander ce qu'est ce drôle d'objet).
Tout ceci avant que La race des violents emprunte carrément les sentiers d'une pièce de Feydeau se situant en pleine jungle, avec notre héros qui ne cesse alors de faire des aller-retour, plongeant par la fenêtre, s'en allant canarder du jaune puis revenant, comme si de rien n'était, rassurer ses deux nouvelles copines (Madame Fra et l'une de ses jeunes prostituées), toutes deux mises à l'abri dans un cabanon ressemblant à la remise à outils de votre jardin.
Toute la noblesse des personnages sera finalement concentrée en un seul : notre madame Claude du Vietnam, laquelle voue un culte à André Malraux et se fend elle aussi de répliques délicieuses :
"Je connais bien les femmes... il y a les putes qui sont des femmes, mes prostituées en font partie, et des femmes qui ne sont que des putes !" ce, juste avant de regretter que l'on n’ait pas inventé des armes pour les femmes, puis, pour venger sa jeune protégée injustement tuée par Sharon Morris, de lui tirer enfin une balle dans le dos, agrémentant son tir d'un bien chouette : "Salope !".
Un grand film.

 

 

Mallox

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